Sur-tri, compostage, biométhane, combustion solide de récupération, déconstruction des épaves sont les mille et un métiers du groupe E3R, qui fait de l’énergie issue du recyclage sa raison d’être. Les collectivités locales sont très impliquées dans cette grande mutation de l’art de la récupération des déchets.
En permanente mutation, le monde des déchets rythme le quotidien du groupe familial E3R. « L’énergie du recyclage » est son slogan et les fameux 3R rappellent trois mots clés : recyclage, récupération, revalorisation. Désormais, on n’enfouit plus les déchets, on les transforme, on leur redonne vie.
De souche bourguignonne, E3R est implanté dans le Grand Est. 400 collaborateurs répartis dans une quinzaine de sites d’exploitation brassent 700 000 tonnes de déchets par an pour un CA de 115 millions d’euros. 90 % de ces déchets sont valorisés grâce à une indéniable expertise industrielle. Il est donc loin le temps des cathédrales de ferraille qui ont écrit les débuts de l’histoire des Sécula depuis quatre générations.
Le département R&D est la clé du modèle économique. Le ballet des bennes, camions grues et autres remorques traversant nos villages en demeure la partie visible. Dans le secteur de la récup’, on travaille aussi son sujet en profondeur, au sein des bureaux d’études, avec des ingénieurs en col blanc. Il est un acteur majeur de la gestion des collectivités.
L’ère du sur-tri
Geoffroy Sécula et son frère Guillaume (en photo), respectivement à la direction générale de l’entreprise et aux finances, ont une vision à 360 degrés du traitement des déchets, de leur transformation énergétique. Sur le terrain, leurs équipes savent tout faire : pompage, nettoyage, hydro-curage, démolition, découpe de pièces massives, débarras, destruction d’archives, broyage des matériaux, etc. L’inventaire de leurs prestations est sans fin.
Mais c’est en visitant le site de Travoisy, sur la commune de Ruffey-lès-Beaune, que l’on prend conscience du défi technologique et humain relevé par E3R. Autour du siège, les bâtiments et les espaces cohabitent au gré des usages. Sur-tri, quai de transfert des ordures ménagères et des emballages, broyage du bois, ateliers de maintenance côtoient des montagnes de déchets traités, triés et compressés. Un environnement impressionnant, riche d’enseignements, qui aide à comprendre ce que l’humain peut laisser derrière lui.
En octobre 2023, E3R et Citeo* y ont inauguré le premier centre de sur-tri des emballages en plastique. Soit 20 millions d’euros investis pour séparer les différentes familles du plastique trié dans un premier temps par les collectivités locales. Un équipement de pointe, respectueux de l’environnement (engins électriques, système de récupération de chaleur pour le chauffage), permettra progressivement à une trentaine de collaborateurs de Bourgogne Recyclage (marque historique de E3R), de « sur-trier » 30 000 tonnes d’emballages plastiques pour éviter l’enfouissement ou l’incinération.
À terme, un dixième de ces plastiques proviendra du centre de traitement des emballages ménagers de Torcy (71), qui intervient sur un bassin de 850 000 habitants entre Saône-et-Loire et sud Côte-d’Or, et dont la gestion a été confiée pour huit ans au groupe beaunois par le Smet 71 (Syndicat mixte d’études et de traitement des déchets ménagers) et le Sytraival (Syndicat mixte d’élimination, de traitement et de valorisation des déchets Beaujolais-Dombes). Le circuit court existe aussi sous cette forme.
Les nouvelles technologies
E3R est par ailleurs pionnier dans la fabrication des combustibles solides de récupération (CSR). Une fois séparés de la partie fine et de la ferraille, le résiduel (fibres, plastiques souples) finit en confettis de 25 mm de diamètre. Puis se transforme en produit disposant d’un pouvoir calorifique. « Notre usine, créée en 2014, fut l’une des toutes premières en France », rappelle Geoffroy Sécula, qui dupliquera ce modèle en 2026 à Avallon (Yonne), avec un investissement de 10 millions d’euros.
Échappant aux taxes sur l’enfouissement, les collectivités représentent 25 à 30 % du marché. Les combustibles sont utilisés par des cimenteries voisines, en lieu et place de l’énergie fossile. Ce système réduit au tiers le volume de déchets destinés à l’incinération.
Les matières organiques ont aussi leur temple chez E3R. À Allériot, près de Chalon-sur-Saône, Cometh en valorise 24 000 tonnes/an pour une production de biométhane et d’énergie pouvant alimenter pas moins de 4 500 foyers. Le compost est commercialisé dans un rayon de 30 km. En amont de ce cycle vertueux, des bio-bornes facilitent le tri des déchets organiques. Tout le monde s’y met.
Et l’auto dans tout ça ? Les maires le savent bien, les épaves abandonnées sont de la compétence des communes. E3R a quatre centres agréés, donc quatre fois la réponse : à Longvic, Beaune, Maîche (25) et Pontarlier (25). 5 000 véhicules y sont dépollués et déconstruits chaque année, générant un stock permanent de 70 000 pièces remises sur le marché, grâce à une technologie de pointe. Là aussi, l’image d’Épinal de la casse auto de Max et les Ferrailleurs a du plomb dans l’aile. L’art de la récup’ est un monde fascinant.