#ArtisanConfiné : Nicolas Seyve, brasseur à Beaune, « travailler ensemble aide à tenir le cap »

Sous pression, Belenium, brasseur à Beaune, se prépare à un retour à la normale dont la bière sera à nouveau le symbole festif. Comment ne pas perdre le nord ni le primordial esprit de fête ? L’artisan brasseur Nicolas Seyve nous aide à faire le point. 

Nicolas Seyve - Brasserie Belenium, © Jean-Luc Petit
Nicolas Seyve – Brasserie Belenium, © Jean-Luc Petit

Quoiqu’il advienne des fêtes de fin d’année, chez le brasseur beaunois Belenium la cuvée de Noël est prête à mousser dans les verres depuis septembre dernier. « Nous avions anticipé, vu qu’il nous faut huit semaines pour préparer une bière », se rassure l’artisan brasseur, Nicolas Seyve, croisant les doigts. De simples prières à Belenos, ce dieu celte de la mesure et de la beauté (qui a donné son nom à Beaune et à son entreprise) n’auraient eu que peu d’effets, convient-il stoïque. En mars dernier, au moment où il a fallu sauver le soldat Belenium, il s’agissait de garder la tête froide et les pieds sur terre avec une bonne semelle d’optimisme. Optimiste, Nicolas tient à le rester.

L’union fait la force

Pour cette jeune société née fin 2014, la règle d’or a été « On ne joue pas cavalier seul ». Avec son équipe tout d’abord, revenue embouteiller sur la base du volontariat en mai dernier.  « En mars, nous nous sommes arrêtés à 50% du chiffre d’affaires. », lâche-t-il. Au premier message d’alerte via le réseau Facebook, un actif fan club a répondu présent, face à une situation où « il faut être capitaine du navire et garder le cap. », soutient-il. 

Entre brasseurs indépendants, le réseau d’entraide a fonctionné quand Nicolas, brasseur à Beaune, s’est retrouvé, par exemple, en rupture de cartons d’expédition! Ce n’a pas été une affaire de débrouille entre artisans-brasseurs, mais tout un esprit de confrérie sur le principe de « L’union fait la force » que le beaunois instille au jeune syndicat des micro-brasseurs de Bourgogne, dont il est délégué régional. 

Dans le même esprit, un calendrier de l’Avent commun à huit de ses confrères et amis a été encartonné, notamment avec la BAB et Les Plains Monts à Chagny. De quoi répandre pour Noël la bonne nouvelle de 24 bières de dégustation, typées, toutes différentes et régionales.

Brasserie Belenium, © Jean-Luc Petit

Éphémère mais collaborative

À l’initiative du Syndicat National des Brasseurs Indépendants, un autre levier a pu être actionné à temps. Montée en urgence, une opération de sauvetage des meubles a été lancée avec une centaine d’indépendants de toute la France. De cette collaboration – la première de cette ampleur – a germé la série limitée Nation’Ale (à base de houblon frais) qui part comme des petits pains. « Pour notre part, début septembre, nous avons récolté du houblon frais à la houblonnière du château à Corberon », explique Nicolas Seyve qui a brassé les fleurs bio juste après la récolte, sans être séchées ni conditionnées. On ne peut faire plus courts dans la chaine d’approvisionnement additionnée d’eau de la Bouzaise.

Bien qu’éphémère et produite seulement 2500 exemplaires, cette blonde fraîche et végétale (avec un côté herbacé), est millésimée et titrée comme une bière de garde. « Vu qu’on ne sait pas où l’on va,  je me suis dit on va se faire plaisir et faire plaisir à nos clients. », commente-t-il dans un enthousiasme retenu.

À la recherche du Saint-Graal 

Cette année aurait du être l’année de la consécration, ne cache pas Nicolas. Avec, notamment, une embauche remise à plus tard en comptabilité. Il ne cache pas non plus qu’il aurait aimé avoir plus de temps pour farfouiller, créer, se renouveler, partir « à la recherche du Saint-Graal », comme il aime à dire. Les prototypes de recettes sont pour l’instant dans les cartons, hormis les concluants accords entre mets et bière, choyés par les chefs. Comme les subtiles bières bien en vue sous la marque Bernard Loiseau, au gingembre, coriandre, cassis ou à la graine de moutarde de chez Edmond Fallot. 

Embarqué à la tête du syndicat régional, l’action continue sur le terrain. La mutualisation des coûts de transports devient, par exemple, indispensable. C’est un nouveau défi. Faisant écho à la devise de Beaune « causa nostra laetitia », la raison de notre joie. 

Bière pour réchauffer les coeurs « Cet hiver, Belenium, brasseur à Beaune, a décidé de réchauffer les coeurs avec une savoureuse bière de Noël au nez subtil de fruits secs et d’épices » indique la contre-étiquette. En six ans, la gamme Belenium, au motif quadrillé rappelant les toits des Hospices de Beaune, s’est étoffée de cinq types de bières (blonde, ambrée, blanche, brune et pale ale) numérotées de 1 à 5. L’offre est déclinée aussi en Magnum et même Jéroboam au col ciré, idéal pour les élans aux saveurs de partage. 

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