Claude et Lydia Bourguignon: « Pourquoi avons-nous autant de maladies dans les vignes? »

Lydia et Claude Bourguignon célèbrent un quart de siècle au service des sols. Et pestent une nouvelle fois contre les pesticides et le retard à l’allumage bio de certains vignerons. Tweet interview.

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Ils sont une référence mondiale dans leur domaine: Lydia et Claude Bourguignon analysent les sols de nos vignes mais pas seulement. On voit aussi la signature du LAMS (Laboratoire d’Analyse Microbiologique des Sols) en Afrique et en Asie. Ce couple de scientifiques de haut niveau (l’une est plutôt spécialisée dans l’œnologie, l’autre dans l’agronomie) reçoit l’écoute des plus grands domaines et des grands acteurs de la biologie sur l’ensemble des continents.

Lydia et Claude Bourguignon, au nom si bien porté, célèbrent aujourd’hui-même leur 25e anniversaire d’activité, en présence de quelques figures de la science et de l’esprit. Pour dijonbeaune.fr, ils se plient aux règles de la tweet-interview, en répondant à nos questions dans le format d’un tweet, soit moins de 160 signes par réponse.

Un exploit de plus, sans langue de bois, pour des gens de sciences plus habitués aux longs rapports! Qui rappelle que les vignerons ont encore du pain sur la planche en matière environnementale.

Nos sols bourguignons vont-ils mieux aujourd’hui qu’avant?
Oui ils se sont améliorés depuis 25 ans. On voit moins de désherbage chimique et plus d’utilisation de compost. 15% des vignerons sont en viticulture biologique.

La profession viticole est-elle en paix avec sa conscience du point de vue environnemental?
Pas encore. L’usage de pesticides est encore excessif. Les eaux sous les vignobles sont encore trop polluées.

La consécration des Climats par l’Unesco va-t-elle bousculer (dans le bon sens) les mentalités?
Peut-être que cela les fera changer. Il faudrait qu’ils respectent mieux les vieux murets, les vieux bâtis. Pour l’instant ils ont plus pensé à leurs vignes qu’aux paysages.

C’est quoi le point commun entre une parcelle de la Romanée Conti et les cultures vivrières du Burkina Faso sur lesquelles vous avez travaillé?
Le point commun? Ce sont des sols qui sont cultivés selon leur vocation.

Avez-vous le culte du tout bio?
Ce n’est pas une question de culte, c’est une question de science et de bon sens. L’agriculture du tout chimique a son avenir derrière elle, le bio devant.

De quoi devons-nous avoir peur dans nos vignes pour les années à venir?
La peur n’évite pas le danger. Mais il est temps que l’on se pose les vraies questions: pourquoi avons-nous autant de maladies dans le vignoble?

Phylloxéra le retour: est-ce un scénario catastrophe envisageable?
Le phylloxéra n’a jamais disparu, il est toujours présent dans tous les vignobles. Mais le futur scénario catastrophe c’est l’esca, le black roots… etc.

Pour avoir la vérité, faut-il creuser de plus en plus profond dans le sol?
Pour avoir quelle vérité? Si on parle de sol de « terroir », en général, ils sont peu profonds et on est vite sur la roche mère.

De Bourguignon à Bourguignon, nos sols bourguignons sont-ils inégalables?
Nous avons parcouru de nombreux vignobles. Sans faire de chauvinisme, ceux de la Bourgogne sont exceptionnels. Tous les terroirs sont inégalables sans quoi ils produiraient les mêmes vins.

Si vous vous étiez appelés « Lorrain » ou « Alsacien », vous auriez fait la même carrière?
Ce n’est pas le nom qui fait la carrière. Nous travaillons dans le monde pour tout produit de terroir: parfum, huile, fromage, viande.