Côte d’Or Imports, l’amour franco-américain

Côte d’Or Imports, c’est l’histoire inattendue d’un couple franco-américain qui a fait du transport de vin pour les particuliers outre-Atlantique sa raison d’être. Laurent et Carolyn Delelee ont bâti le socle d’une solide aventure qui se déroule entre Boncourt-le-Bois et Portland. Récit chiffré de ce tour de force qui prend source en 1992, sur le parking des halles nuitonnes…

Par Alexis Cappellaro   
Pour DBM78
Photos Bénédicte Manière

1992

Le parcours professionnel du couple Delelee ressemble à une succession d’heureux accidents. Au début des années 90, Laurent est maître d’hôtel au Château de Gilly. Un solide connaisseur de la Bourgogne, de sa vie et de ses vignes, assez malin pour observer que les clients américains de passage se demandent bien quoi faire dans le coin. « À l’époque, peu de domaines étaient ouverts au public, et le principe même de l’œnotourisme n’existait pas. Sur la base de mes relations avec quelques vignerons devenus partenaires, j’ai donc créé Wine and Voyages, en 1992, société mère qui existe toujours. Notre minibus partait de la place des halles de Nuits-Saint-Georges pour sillonner la Côte de Beaune et la Côte de Nuits », rembobine l’intéressé, tombé en amour d’une Californienne avec qui il vivra ce lancement intense…

2000-2006

Une autre question arrive sur la table : à quoi bon faire une dégustation si notre ami texan ne peut pas ramener quelques flacons chez lui ? Burgundy Online verra donc le jour en 2000. C’est le début d’une diversification déterminante dans le domaine de l’import-export, « avec beaucoup de travail législatif en amont et, quelques années plus tard, l’extension de la maison familiale à Boncourt-le-Bois pour y aménager les stocks et les bureaux ». Côte d’Or Imports, née en 2006 grâce à l’obtention du statut d’importateur, sera la branche américaine, avec des quartiers près de Portland, dans l’Oregon, au nord-ouest du pays. « Le socle de notre activité est américain et nous exportons aussi dans certains pays comme le Japon, Hong-Kong ou encore l’Australie. »

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Le nombre de colis issu de la toute première palette partie pour les États-Unis. « Quand on les porte un à un à la main pour les préparer, on s’en rappelle bien », s’amuse Laurent, dont le début de l’activité se tenait dans un petit bureau nuiton, accessible par escalier « donc pas forcément adapté à notre activité. Mais il fallait bien commencer ! » 

1 300 

Dans un contexte devenu hautement concurrentiel, Côte d’Or Imports a étendu son rayon d’action et compte aujourd’hui près de 1300 partenaires sur toute la France viticole (Vallée du Rhône, Champagne, Alsace pour ne citer qu’eux). « Une bonne moitié est en Côte de Nuits et Côte de Beaune, précise Laurent, il s’agit bien souvent de liens historiques, avec à la clé une confiance réciproque renouvelée. » De l’autre côte de l’Atlantique, des clients « au profil nécessairement francophile, assez loin du contexte géopolitique actuel ». Ce sont des collectionneurs, amateurs éclairés ou touristes qui, de retour à la maison, veulent partager leurs coups de cœur. Existent aussi des déménagements de cave vers les États-Unis, ou l’envoi d’échantillons pour des organismes de promotion de vins. « Le vigneron nous explique être dans telle ville, à tel moment et qu’il lui faut telles bouteilles. Cela nécessite une excellente coordination entre nos deux entités, et la maîtrise de toute la subtilité des demandes. »

Laurent Delelee a construit avec son épouse Carolyn et une équipe de confiance une entreprise prospère.

8 529

C’est la distance en kilomètres et à vol d’oiseau entre le village de Boncourt-le-Bois et Beaverton, à côté de Portland, où est implantée l’entreprise bicéphale. À peine 300 habitants pour l’un, une aire urbaine de 2,3 millions d’habitants pour l’autre… Tout juste partagent-ils une étonnante latitude quasi similaire ! La maîtrise de ce grand écart demande une certaine souplesse, et de nombreux allers-retours à Laurent et Carolyn, qui viennent « à deux ou l’un après l’autre, toutes les trois à quatre semaines environ. C’est un fonctionnement original – il y a 8 ou 9h de décalage entre les deux sites, ce qui fait que quand Boncourt ferme, Portland ouvre – qui demande aussi une grande confiance envers nos collaborateurs et la mise en place de process encadrés. » 

18

Ils sont 18 salariés à travailler sous la bannière Côte d’Or Imports : 11 en France, « dans la plus américaine des équipes françaises », le reste outre-Atlantique. Ici, tout le monde est « quasiment bilingue, capable de remplir toutes les missions d’une interface efficace et personnalisée ».
Il existe chez chacun un rapport sensible au vin, dans un esprit proche de la start up. Quand les coordinatrices export Maud Ambroise et Virginie Souhait ont commencé il y a sept ans, ils n’étaient que trois en France, ce qui donne une petite idée de la capacité de progression de Côte d’Or Imports. Yes they can !

120 000

Côte d’Or Imports a bien grandi et assume à présent l’envoi annuel de 120 000 bouteilles en moyenne, soit 200 palettes, vers une quinzaine de pays. L’Oncle Sam se taille naturellement la part du lion avec 85% du chiffre d’affaires généré. Les équipes de Côte d’Or Imports opèrent un ramassage auprès des domaines partenaires en Côte-d’Or trois fois par semaine, réceptionnent dans le même temps les commandes des autres régions, regroupent les bouteilles de façon logique par palettes, emballent de nouveau, au besoin, les précieux flacons pour plus de sécurité… Leur stockage se fait en température dirigée, ils voyagent par avion depuis Paris jusqu’à Portland et il s’écoule trois à six semaines entre la commande et l’arrivée au pas de la porte. « Notre valeur ajoutée réside dans la maîtrise des formalités administratives et douanières, avec des vin dédouanés dans les meilleures conditions. On doit aussi s’assurer en toute circonstance qu’au bout de la chaine, le niveau climatique varie peu, alors que des régions comme le Texas ou l’Arizona sont soumises à des températures extrêmes. Mais même pour le client texan qui se marie en juillet, on trouvera une solution. On fait du sur-mesure, tout en assurant une traçabilité à l’acheteur », détaille le dirigeant, dont l’équipe conserve un rythme de deux envois mensuels vers les États-Unis en haute saison.


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