Gilles Sonnet et le pouvoir des fleurs

À Fontaine-lès-Dijon, Gilles Sonnet et son équipe évoluent depuis peu dans un nouvel environnement, plus spacieux et ouvert aux ateliers ludiques. L’artisan fleuriste fait aussi le choix d’un circuit court à travers le jardinage. Tout pour « dépoter » avec le goût du travail bien fait et du client content.

L’activité de la boutique à Fontaine-lès-Dijon est florissante, Gilles Sonnet s’en régale. L’artisan fleuriste a effectué des choix forts en cette fin d’année. 

Par Alexis Cappellaro    
Pour DBM78

Changer les choses avec des bouquets de roses / Changer les hommes avec des géraniums… Gilles et son équipe ne sont pas aussi fleurs bleues que l’ami Voulzy. Ils sont en tout cas, cela se sent vite, animés par une solide connaissance de leur métier et un rapport fort à l’artisanat. Voilà qui inspire tout de suite confiance. Dans la boutique de Fontaine-lès-Dijon, ce professionnalisme éprouvé est nourri par une bonne centaine de références et un agencement amène, loin du kitch automnal (cela peut arriver).

Gilles Sonnet s’est installé rue de Dijon en décembre 2002, après avoir racheté cette petite boutique à la MOF Isabelle Minini. L’excellence est donc le socle de l’établissement, qui vient tout juste d’être réaménagé. L’expérimenté dirigeant a « pris un peu de hauteur » et choisi de diversifier son activité : quand l’opportunité de racheter l’appartement à l’étage s’est présentée, il n’a pas hésité à en faire un espace réceptif, avec ascenseur, pour des ateliers ouverts à tous. Ce virage ludique fonctionne déjà. « De la petite retraitée au cadre dynamique, pour 42 euros, chacun se fait plaisir pendant une heure trente et repart avec sa composition », détaille l’inspiré artisan, qui jongle en ce moment avec les renoncules, jacinthes et autres anémones. 

Au début de la chaine

Pour le client de passage, la partie la plus visible de ce renouveau est l’atelier de préparation et ses plans de travail, largement ouverts et disposés en L « pour éviter de jouer aux contorsionnistes. On peut maintenant travailler à deux personnes supplémentaires en simultané sans souci ». Avec désormais quelque 170 m2 sur deux étages, le chef d’entreprise peut aborder sérieusement un autre virage, celui du jardinage, entamé il y a trois ans avec le recrutement d’un professionnel. « Nous faisons pousser des végétaux à Ruffey-lès-Echirey et bientôt Plombières-lès-Dijon, en s’appuyant sur un agriculteur propriétaire », explique Gilles, ravi des premiers résultats qui se nomment dahlias, tournesol, eucalyptus et autres sedums… « C’est très intéressant de se rapprocher du début de la chaine. On peut aussi faire des choses en local », insiste l’interessé, qui revendique par ailleurs un goût pour la nature bourguignonne, lui l’Ardéchois né à Paris d’un papa belge et d’une maman hollandaise. Le titre de Fiacre d’Or 2017 (Meilleure entreprise fleuriste française de l’année) allait dans ce sens : « Il récompensait un engagement vis-à-vis de notre emprunte carbone – une fleur voyage parfois beaucoup -, la gestion des déchets qui est une question sensible pour un fleuriste, l’emballage… »

Cette vigilance contamine une équipe au diapason, visiblement heureuse d’évoluer dans un environnement repensé. Gilles Sonnet Fleuriste, c’est à présent six salariés dont un apprenti Brevet de maîtrise – « le plus haut niveau d’apprentissage » – et une équipe renforcée de trois jardiniers dont un CAP. Le président de la Chambre syndicale côte-d’orienne constate au passage que le secteur « continue de créer des vocations, et pas exclusivement chez les jeunes femmes. Même si la profession est à 80 % féminine, cette variété fait du bien, on s’éloigne des clichés, au même titre que l’on peut tout à fait offrir des fleurs à un homme en 2019 ». 

« Il y aura toujours des fleuristes »

Le contexte n’est en effet plus le même et un fleuriste doit parfois évoluer sur un sol ingrat. « Même s’il y a de la place pour tout le monde, il y a de moins en moins de boutiques indépendantes (ndlr, quelque 16 000 fleuristes en France, pour un chiffre d’affaires d’environ 2 milliards). » Mais le bouquet final n’est pas encore arrivé  : « Il y aura toujours des fleuristes. Et si un géant suédois nous devance largement en ce qui concerne les plantes d’intérieur, nous restons les premiers vendeurs de fleurs coupées. » 

À la bonne heure ! D’autant que ses collaborateurs se déploient aussi hors les murs chez les pros et lors de manifestations. « Il existe un vrai engagement de leur part dans ce que je considère comme un métier passion, avec des amplitudes horaires importantes, apprécie le patron. Il y a peu, une collaboratrice a voulu venir un dimanche, hors temps de travail, pour aider à la végétalisation d’un espace à la Toison d’Or car ça l’intéressait. Idem pour la Table de Lucullus (ndlr, la vitrine du savoir-faire des artisans des métiers de bouche et des arts de la table à la Foire de Dijon), que nous faisons régulièrement depuis plusieurs années, sur la base d’une réflexion collective ». C’est sans doute cela, le pouvoir des fleurs.   

Gilles Sonnet Fleuriste, 61 rue de Dijon à Fontaine-lès-Dijon 03.80.55.64.77 – Ouvert lundi (14h-19h), du mardi au samedi (8h-19h30) et dimanche (9h-13h).