Au fait, qui était saint Vincent ?

Le 22 janvier, de nombreux villages viticoles célèbrent la Saint-Vincent en Bourgogne. Le dernier week-end de janvier, des dizaines de milliers de personnes lèvent leur verre en hommage au saint patron des vignerons. Mais qui était saint Vincent ?

Statue de saint Vincent à la Saint-Vincent tournante 2014, à Saint-Aubin © Clément Bonvalot

Au IVe siècle, l’Empire romain, malgré la montée en puissance du christianisme, reste exclusivement païen. L’empereur Dioclétien considérait toute autre forme de religion comme une menace et instaure alors une série de règlements révoquant certains droits des chrétiens. Ceux qui ne voulaient pas se soumettre à l’empire étaient pourchassés, emprisonnés, torturés et tués.

C’est à cette période appelée « Grande persécution » que Vincent, diacre de Saragosse en Espagne, entre dans l’arène. Fervent défenseur du christianisme, Vincent est arrêté par le préfet Dacien pour avoir refusé de renier sa foi et avoir aidé d’autres chrétiens persécutés.

Les méthodes de torture de l’époque auront raison de lui. Vincent de Saragosse meurt le 22 janvier 304, étendu sur un gril posé sur des charbons ardents. Certains racontent même qu’il aurait été torturé sur une roue de pressoir. Son combat et son courage face à ses tortionnaires lui ont valu le titre honorifique de saint Vincent, après avoir été touché par la grâce de Dieu juste avant de mourir.

Tableau de Tomas Giner (XVe au musée de Prado). Il représente Saint Vincent vêtu de l’aube, de la dalmatique, une meule attachée au cou, le livre sacré et la palme du martyre dans la main droite, foulant un Maure aux pieds © D.R

Pourquoi l’associe-t-on au vin ?

Depuis le Moyen-âge, on associe un saint patron à un corps de métier. Saint Pierre était le protecteur des pêcheurs, saint Ambroise représentait les apiculteurs… Saint Vincent, lui, défendait les vignerons. Pour autant, rien ne semble lier le saint à la vigne et aucun texte ne définit vraiment l’origine de son patronage.

Certains disent qu’on l’a choisi pour son prénom et à sa symbolique religieuse rappelant le moment de l’eucharistie : Vin-cent (vin-sang).
Une autre légende raconte qu’à l’époque, l’évêque Valère aurait été alarmé par la forte consommation de vin dans le diocèse de Saragosse et aurait chargé le diacre Vincent de confirmer les faits rapportés.

Finalement, ce sont peut-être les premiers concernés qui ont trouvé la clé du mystère. Les vignerons ont l’habitude de dire que « passé la saint-Vincent, on peut aller tailler la vigne ». Soit après le 22 janvier, jour où l’on célèbre le martyr espagnol. Au-delà des prédictions sur les températures hivernales, la météo de la saint-Vincent sert aussi à prédire les futurs rendements. « Le jour de la saint-Vincent, si le soleil luit comme un grand chapeau, on aura du vin plein le tonneau. » Le soleil n’était pas au rendez-vous à Couchey, début 2023. Espérons que le soleil brille sur Morey-Saint-Denis et Chambolle-Musigny, ce week-end