Tchou tchou ! Meursault fête les petits trains

Meursault est la destination privilégiée d’une grande fête du modélisme ferroviaire, qui revient les 7 et 8 décembre. Attention au départ des trains miniatures !

Par Éric Perruchot    
Pour DBM 78

Ta-tac-tatoum, ta-tac-tatoum… Qu’il a été familier ce battement sur les rails qui berçait nos voyages en train ! Il sera assurément, les 7 et 8 décembre prochains à Meursault, un des doux bruits de fond de l’exposition de modélisme ferroviaire organisée sur le thème du poste d’aiguillage et de son environnement. Une poignée de passionnés a monté cet événement désormais triennal. « Il n’est réservé ni aux professionnels ni aux amateurs éclairés, mais bien ouvert à tous les publics de 7 à 77 ans », prévient Denis Thomas, cheville ouvrière du rendez-vous et président de l’office de tourisme Beaune & Pays Beaunois.

Nostalgie ferroviaire

Le conseiller départemental en convient, en chacun de nous ressurgit une lueur d’enfance devant ces petits trains… Cet ancien cheminot, lui-même modéliste, est fasciné par les mythiques Train bleu et Orient Express. Une passion souvent envahissante, comme l’explique le vétérinaire François Decante, un des 82 exposants, qui a inventé le terme de « ferrovipathe » (au lieu de ferromodéliste) pour qualifier son addiction : « Des souvenirs d’enfance ressurgissent. Je partais en vacances en trains de nuit – arrêt à Dijon – jusqu’au fin fond des Alpes… ». Il pousse même la minutie à fouiller plans et cartes postales anciennes pour recréer une rotonde à l’identique du dépôt SNCF de La Mouche à Lyon (photo à gauche). Même la rockstar Rod Stewart au 160 millions de vues sur YouTube est accro, fana des trains des années 50-60 ! À leurs côtés, nous entrons dans le monde de l’infiniment petit, comparé aux grosses machines diesel ou à vapeur auxquelles ils insufflent une nouvelle vie. Loin de la caricature des wagons qui tournent autour de l’arbre de Noël, les modélistes réalisent des scènes en dioramas, tableaux naturalistes en 3D de plus d’une dizaine de mètres de long parfois, entièrement démontables. 

Voyages aux longs courts

Le vocabulaire de ces passionnés est celui des cheminots d’active : réseaux, aiguillages, pantographes… qu’ils collent, peignent, patinent et microsoudent. Mais un jargon technique leur est propre, qu’ils partagent volontiers avec le public sur les stands. Telle l’« échelle H0 » caractérisant les réductions à 1/43,5 de l’original, le « troisième rail », ce fil d’alimentation électrique qui s’insère discrètement entre les deux rails de roulement (les moteurs diesel et à vapeur ne pouvant être miniaturisés à l’excès), ou encore l’expression « réseau en os de chien » quand la voie ferrée vire de bord sur une boucle masquée dans le décor. 

Pour s’équiper jusqu’au moindre détail, les modélistes font appel à des fournisseurs spécialisés. Les sociétés Architecture & Passion ou Décapod occupent notamment ce créneau du petit matériel, comparables aux ateliers de maintenance SNCF mais à échelle liliputienne. Chez eux, une ville entière pourrait être reconstruite. « Les petits cailloux du ballast, par exemple, créent un effet d’illusion, mais sont conformes et pratiquement à l’échelle des ballasts SNCF », explique Christophe Mathieu, gérant de Décapod, lui aussi tombé dans le chaudron ferroviaire quand il était gamin. Sa petite société est dotée d’outillages sophistiqués pour la découpe de pièces miniatures – les rambardes d’escalier par exemple – à manier à la pince brucelles.

Gardiens du patrimoine

Par souci de réalisme, les modélistes réalisent quelquefois eux-mêmes certains éléments. Pour son réseau de La Maurienne (Savoie), le Club ferroviaire de Franche-Comté a  par exemple imprimé en 3D le rocher qui surplombe la rivière de l’Arc. « Nous nous sommes rendus sur place et avons survolé le site avec un drone pour avoir une vue d’ensemble exacte », explique Jean Cuynet, qui participe depuis le début aux réunions de l’exposition de Meursault. Leur œuvre collective fait 12 mètres de long, traversée par une vingtaine de trains. Précisément, ceux en circulation entre 1956 et 1973. « Entre l’abandon des compartiments de 3e classe et le changement du système de signalisation », justifie Jean en bon gardien du patrimoine ferroviaire. Conscient qu’en cas de disparition de certaines installations anciennes, leurs petits chefs d’oeuvre en perpétueront le souvenir et la valeur pédagogique. D’où un goût quasi scientifique pour la précision historique.

« Grâce aux efforts d’associations de passionnés réunies dans une fédération européenne, les normes de miniaturisation, transcrites des pouces anglais, sont désormais compatibles dans toute l’Europe », se félicite Christophe Mathieu. Et de partager les connaissances accumulés par les modelistes à l’occasion d’assemblée comme celle de Meursault ou sur des forums en ligne. « Les plus jeunes aiment bien se spécialiser dans les logiciels et piloter les microprocesseurs avec leur téléphone portable », concède Jean Cuynet. De fait, le modélisme ferroviaire, loisir technique pour les plus aisés dans les années 60, est devenu un hobby populaire depuis les années 80. Grâce à l’informatique, rajeuni et même féminisé, il s’ouvre de nouvelles voies…   


Fête du train au pays des Grands Noms, samedi 7 (10-19 h) et dimanche 8 décembre (10-18 h) au centre sportif Saint-Nicolas. Navette gratuite depuis la gare de Meursault. Billetterie (de 5 à 9 euros)