À Nuits-Saint-Georges, le bourru dans tous ses états

Célébré dans la ferveur populaire, le vin bourru accueille cette année la Corrèze à Nuits-Saint-Georges. Les artistes locaux sont au rendez-vous. À savourer tout au long du week-end, le 27 et 28 octobre. Le bourru dans tous ses états !

Attention, un bourru peut en cacher un autre. Il y a le bourru authentique, ce râleur bougon qui préfère l’acte généreux à la futilité des faux semblants. Il roule des « r » mais jamais des mécaniques. Il ouvre son cœur le moment venu, au risque de se faire déposséder de ce qu’il a pourtant déjà donné sans contrepartie. Sa nature est sincère, on en fait le héros d’une époque. Un peu à la manière de Vincenot, dont l’accent rocailleux conjugué à l’aisance du verbe en a fait une star le temps d’une médiatisation qui cédera le pas à l’oubli, la médiatisation étant par définition amnésique.

Un art populaire et diurétique

Puis il y a le bourru, vin de son état. Ce raisin que l’on presse à peine la vendange terminée, que l’on déguste dès les premières heures de la fermentation. Un poil sucré, bon comme un jus de fruit, il libère les intestins en même temps que les instincts. On le célèbre dans les régions viticoles le temps d’une fête, le temps de sa courte vie. Ce que fait, depuis 32 ans l’association La Cabotte à Nuits-Saint-Georges, à l’occasion d’un week-end festif qui attire plus de 5000 bourrus de circonstance dans les halles de la ville.

Le rythme des saisons imprime sa musique gustative. Au printemps, Nuits festoie autour de sa prestigieuse Vente des vins des hospices. En octobre, c’est le populaire et diurétique bourru qui est béni par les citoyens et les élus de la place (certains ont participé activement à la récolte du raisin), dans la célébration joyeuse d’un art de vivre sans fioritures. Ouvert d’esprit, heureux de montrer autre chose que la sacralisation de ses grands crus souvent hors d’atteinte pour le portefeuille moyen, le Bourguignon se retrouve ici en profondeur dans cet événement convivial et partageur. Son « bourru » devient le phare d’une fête du palais qui rassemble les métiers de bouche et un art de vivre très local.

Viti… Culture

La Cabotte, inconditionnellement nuitonne, prouve alors qu’elle n’est pas chauvine. Elle invite à sa table un autre territoire où le plaisir des sens est lié au terroir. Cette année, à l’ombre de la grande presse qui livre en direct son « bourru », elle accueille la Corrèze. Les Coteaux de la Vézère sont cette année l’invité d’honneur. Le foie gras n’est pas très loin, mais pas que. Les bourgognes ne sont plus les seuls à occuper l’espace. Sous les halles, il y a à boire et à manger, dans une bonne humeur qui honore le sens de l’accueil bourguignon. Armé de son verre estampillé, le visiteur ne sait plus où donner du palais. Il déguste, savoure et part le plus souvent avec un souvenir solide ou/et liquide de son passage à la Fête du vin bourru.

Mais comme la viticulture n’est rien sans la culture avec un grand «C », les artistes régionaux sont rassemblés à l’étage supérieur, dans le cadre d’une exposition qui démontre que l’acte créatif n’est jamais loin du réveil des papilles. Un label a même été créé pour eux : « Artiste sur la Route des Grands Crus 2018 ». À l’excitation des saveurs s’ajoute ainsi le plaisir des yeux. Les stars sont ailleurs, on ne trouvera ici que des gens inspirés par le terroir environnant qui, par la sculpture et la peinture, s’assument en toute humilité comme des bourrus créatifs du pinot noir et du chardonnay. En leur rendant visite, chacun trouvera de bonnes raisons de croire que la côte viticole est un environnement qui libère les esprits. Et pourra repartir le ventre plein de terroir et la tête dans les étoiles. À Nuits, quoi de plus normal ?

Entrée libre de 10 à 18h. Verre millésimé Fête du vin bourru 2018, 4,50 euros à conserver sans modération.