2030 ou l’odyssée de la Bourgogne

Ce n'est pas de la science-fiction. Le Ceser propose sa vision de la Bourgone... en 2030 !
Ce n’est pas de la science-fiction. Le Ceser propose sa vision de la Bourgogne… en 2030 !

Une Exposition Universelle à Dijon ou un grand aéroport Bâle-Mulhouse-Fribourg : telles sont les suggestions que le conseil économique, social et environnemental régional (CESER) ose avancer dans son surprenant document La Bourgogne en 2030. Face aux incertitudes de l’avenir, le conseil régional attendait de son assemblée consultative qu’elle soit force de propositions, il n’est pas déçu. Aux élus, maintenant, de faire leurs choix. Ou pas.

Déclin. Le CESER, cette assemblée consultative du conseil régional qui réunit les grands acteurs de la société civile, n’a pas eu peur du mot qui fait mal. C’est fort, mais « c’est peut-être ce qui attend la région Bourgogne d’ici à 2030. Une Bourgogne qui, en dépit des efforts de tous, ne réussit pas à échapper aux forces qui l’entraînent vers ce qui semble être son destin : une région éclatée, dépendante, secondaire. » Cette perspective,  avouons-le, n’est pas très réjouissante. Elle est pourtant l’un des scénarios imaginés par la commission prospective qui s’est penchée sur la question de l’avenir du territoire. Notre avenir.

« Quelle bourgogne pour nos enfants ? » La question est directement posée par l’organisme consultatif qui s’est mis à réfléchir, anticiper et imaginer pour y répondre, « sans la moindre position politique », insiste son président François Berthelon. Au bout du compte : une phase « 2 » qui propose des idées visionnaires et créatives élaborées autour de trois scénarios. Lesquels sont eux-mêmes issus d’un long diagnostic de la situation, établi au cours de la première phase,  deux ans plus tôt, et présenté dans un rapport d’étape. Le document La Bourgogne en 2030, dévoilé cette semaine, a toutes les chances d’intéresser au plus haut point les acteurs majeurs de l’économie régionale. Il ne se contente pas de nous projeter dans un avenir qui reste encore à écrire, il propose aussi et surtout des actions concrètes et des moyens à mettre en œuvre pour « réussir ».

Plusieurs scénarios, et donc plusieurs axes de réflexions et de spéculations. Parmi ceux-ci : tirer avantage du dynamisme et de la saturation des deux mastodontes qui encadrent la Bourgogne : l’Ile de France et Rhône-Alpes ; saisir l’opportunité de devenir une grande destination touristique mondiale ; ou encore faire le pari de la mutation éco-industrielle et encourager la responsabilité citoyenne. Et bien sûr, cela tombe sous le sens, miser sur l’œnotourisme.

Ce document, bien que consultatif, est une mine d’informations et d’idées dans laquelle devra puiser le conseil régional. Avec, parfois quelques projets si inattendus qu’on aimerait bien les voir se réaliser. On imagine ainsi Dijon déposer sa candidature pour accueillir une Exposition Universelle. On se lancerait volontiers dans la création d’un pôle européen d’innovation des métiers d’art. Plus fort encore, parce que plus que jamais au cœur des débats actuels, s’il fallait un grand aéroport dans le secteur, ce serait ni en Bourgogne, ni en Franche-Comté. Il serait celui de Bâle-Mulhouse-Fribourg, ainsi que le suggère le CESER dans un chapitre traitant du développement de l’axe Rhénan. Quel programme !

Les pessimistes, eux, partageront sans doute le même constat que Cocteau : « L’avenir n’appartient à personne. Il n’y a pas de précurseurs, il n’y a que des retardataires. » Mais ça, pour le coup, cet avenir sera bien le seul à nous le dire.

Sébastien Morvan