CCI 21 et 71 : le défi d’une fusion

La fusion des chambres de commerce et d’industrie de la Saône-et-Loire et de la Côte-d’Or est un défi de chef d’entreprise. Sur ce point, comme sur bien d’autres, les deux présidents Michel Suchaut et Xavier Mirepoix sont en phase. La marche du temps impose de serrer les boulons de la gestion tout en voyant plus large et plus efficace pour les entreprises. Ce passionnant lego consulaire est en phase de construction.

Avec moins de ressources, le monde consulaire se concentre au gré de ses affinités territoriales. Michel Suchaut et Xavier Mirepoix, respectivement présidents des CCI 71 et 21, devraient passer la main à l’ancien président du Medef Côte-d’Or (CPME et Medef se sont entendus sur une liste unique) à l’issue des élections consulaires qui appelleront les patrons au vote, du 27 octobre au 9 novembre. Ils le feront en ayant bien préparé le terrain. L’issue du scrutin semble bouclée d’avance mais l’acte de vote n’a jamais été aussi important. « André Accary (ndlr, le président du Département de la Saône-et-Loire) me le disait récemment : dans cette fusion, il y a une logique économique autour d’un axe majeur, le Val de Saône, explique Michel Suchaut.

« Dijon est une petite métropole qui a besoin de cet axe de développement jusqu’à Mâcon ». Une vérité qui s’applique notamment au tourisme : « On a besoin de puissance et de visibilité à l’étranger, nous devons sortir de nos barrières de chapelles. » A+B ne fera pas C non plus. Les deux chambres fusionnent, mais leur ressource fiscale va plonger à 5,6 millions d’euros en 2022. Le budget prévisionnel global est même ramené à 29 millions contre 34 si on le compare à l’addition des CA des deux CCI en 2019. Pour dépasser la zone de turbulence, on jouera sur la rationalisation des biens immobiliers, la mutualisation des moyens, la dématérialisation de certaines activités, l’optimisation de la pyramide des âges et donc des départs en retraite. Des méthodes classiques de gestion que les élus consulaires, chefs d’entreprise rompus eux-mêmes à l’exercice, vont insuffler à ce vaste programme de recentrage.

Il n’empêche. La CCI Métropole de Bourgogne ne s’interdira pas de lorgner sur des territoires attractifs et complémentaires. « Pour l’œnotourisme par exemple, on aurait tout intérêt à travailler avec le Jura », souligne à juste titre Xavier Mirepoix. Évitant l’écueil d’une régionalisation administrative, la nouvelle chambre construit son propre territoire de cohérence et de services de proximité pour les commerces, les industries et les entreprises de services. « À l’image du rapprochement Doubs et Haute-Saône », souligne Michel Suchaut. 

Gestion vertueuse

Xavier Mirepoix en profite pour rappeler que l’idée d’un rayonnement plus large et plus cohérent ne date pas d’aujourd’hui. « Je suis réticent à la centralisation colbertiste. Nous avons été éduqués en tant que chef d’entreprise, nous aurons toujours à cœur de prouver, à bien des égards, que la ligne rouge du déficit ne doit jamais être franchie », estime le président côte-d’orien, avant de mettre en perspective ce que le technoport de Pagny (jadis initié par Michel André) peut apporter de stratégie à l’avenir. Le multimodal, avec les ports de Chalon et Mâcon, est en effet une des spécificités de la CCI Métropole de Bourgogne. 2,7 millions de tonnes de marchandises y transitent chaque année !

Le maillage actuel des deux CCI départementales représente sept implantations réparties entre Beaune, Chalon, Charolles, Ecuisses, Dijon, Mâcon et Montbard. S’y ajoutent quatre centres de formation (Beaune, Chalon, Dijon et Mâcon) qui forment 5 000 stagiaires chaque année, un CFA (Mâcon) et trois écoles supérieures externalisées (BSB à Dijon-Beaune-Lyon, Esadd à Dijon, EGC Centrest à Chalon-sur-Saône et Bourg-en-Bresse). Le tout sur un territoire comptant plus de 48 000 entreprises, dont 50 de leurs patrons seront élus au conseil d’administration de la future CCI Métropole de Bourgogne, qui verra officiellement le lendemain des élections consulaires, le 29 novembre.

Lego consulaire

Au-delà d’une gestion rationnelle, il s’agira de dialoguer et travailler encore plus avec les 38 intercommunalités que compte le nouveau territoire d’action. La Côte-d’Or et la Saône-et-Loire sont bel et bien identifiées comme des départements complémentaires de taille comparable (plus de 500 000 habitants chacun), qui représentent plus du tiers de la surface de la Bourgogne-Franche-Comté. Ils font le lien entre Paris et Lyon. Avec une configuration différente cependant : l’hyper urbain et l’hyper rural se confrontent dans le 21 alors que le 71 est émaillé de villes moyennes bien réparties. Surtout, ils portent en eux le destin de plus de 440 000 emplois et le poids économique de près de la moitié de la grande région.

Côté opérationnel, la CCI s’appuiera sur quelque 250 collaborateurs, pour conquérir de nouvelles ressources nécessaires à son équilibre. L’échéance électorale est d’autant plus déterminante dans ce calendrier qui marque un grand tournant dans l’accompagnement des entreprises. Le grand lego consulaire est plus que jamais en construction.

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