Climats de Bourgogne : le panneau de la discorde (mis à jour)

Ce lundi, François Rebsamen a réuni la presse pour pester contre la suppression d’un panneau de la Ville indiquant les Climats de Bourgogne sur la stratégique A6, avant la sortie de Pouilly-en-Auxois. Son implantation avait pourtant été validée lors du schéma de cohésion départementale en février dernier. Le Conseil départemental en aurait décidé autrement, à la stupeur de l’édile.

Le maire de Dijon était accompagnée de sa première adjointe Nathalie Koenders ainsi que de Sladana Zivkovic, adjointe déléguée aux Relations internationales et aux Relations extérieures.

« Nous sommes confrontés à des mesquineries qui révèlent la petite notion d’intérêt général de certains élus. » Le maire de Dijon n’a pas goûté à la nouvelle et a tenu à le faire savoir au plus vite, quitte à envoyer des piques à peine dissimulées à François Sauvadet. Est reproché au président du Conseil Départemental, qui chapeaute la signalétique du dossier des Climats, d’avoir donné un coup de gomme sur le plan de la répartition des panneaux en ôtant celui de l’A6, avant la bifurcation de Pouilly-en-Auxois (A38).
« Nous avions jusqu’à présent avancé ensemble avec la Région, le Département et la Ville de Beaune pour obtenir cette reconnaissance. La question était de savoir comment valoriser l’ensemble du territoire avec une signalétique propre, a détaillé François Rebsamen. Une réunion en février avait arrêté un schéma départemental prévoyant l’implantation de huit panneaux estampillés Climats du Vignoble de Bourgogne (ndlr, voir plan ci-dessous). » 

À la préfète de trancher

Par un courrier envoyé à l’intéressé, Guillaume d’Angerville, le président de l’Association des Climats, s’est également étonné de la non-conformité du plan validé en février. En prenant soin de préciser que l’association n’avait « pas pris position sur l’implantation des panneaux » mais qu’elle tenait, c’est chose entendue, à ce que « les décisions de ses instances de gouvernance soient scrupuleusement respectées ».
Dans ce duel « franco-françois », l’un avance pour sa défense qu’APRR ne souhaitait pas de nouveau panneau à cet endroit-là et qu’il n’a fait que respecter la charte de l’exploitant autoroutier. L’autre explique au contraire que le patron d’APRR a donné son aval pour l’implantation de ladite indication.
Au bout du compte, il appartiendra à madame la préfète Christiane Barret de trancher. « Je lui ai demandé de prendre ses responsabilités et d’accélérer cette logique mise en place de panneaux financés en partie par la Ville », a poursuivi l’édile. En attendant, l’équipe municipale a annoncé le boycott de l’inauguration de la Maison des Climats, alors que ce mardi marque le second anniversaire de son inscription Unesco. « Naturellement, nous continuerons de soutenir ce projet dont nous sommes les fondateurs. Mais il n’y aura pas de financement de la convention des Climats par la Ville tant que cette signalétique ne sera pas dûment implantée. » 

Illustrés par l’artiste Floc’h, les panneaux ont été installés sur les principaux axes autour de la zone des Climats. Sauf un… © Nicolas Richoffer / Infos-Dijon.com
Le point rouge sur l’A6, au nord de Pouilly-en-Auxois, représente le panneau de la discorde. Tous les autres signalés en vert ont été posés. (Cliquer pour agrandir)

« Du mal à croire que le maire de Beaune s’associe à cela »

Sous fond de gentille querelle dijonno-beaunoise – même si François Rebsamen a « du mal à croire que le maire de Beaune s’associe à cela » – voilà qui ajoute un inconfort malvenu au dossier des Climats. Quand un confrère a pointé l’apparente vacuité ce bras de fer, le maire n’a pu que regretter « ce climat malsain entretenu », en précisant bien « ne pas (se) battre pour un simple panneau, mais pour le respect de l’accord et la reconnaissance de l’appartenance de Dijon dans ce dossier des Climats ». Question de principe. Ledit panneau de la discorde pourrait être vu par 50 000 personnes par jour, d’après le calcul d’APRR. Autant de touristes (essentiellement parisiens) susceptibles de bifurquer à Dijon via l’A38. Avant Beaune, donc. Gageons que les touristes ne tomberont pas, eux, dans le panneau et profiteront, à Dijon, à Beaune et entre les deux, de la diversité et la richesse de ces parcelles soigneusement délimitées. Par un panneau, ou pas.

 MISE À JOUR 

François Sauvadet a répondu par un communiqué le soir même : 

« Je suis étonné par la nouvelle polémique lancée par le maire de Dijon aujourd’hui sur la signalétique des Climats de Bourgogne et par son ton inutilement agressif. Je tiens donc à rappeler toute la genèse de cette opération. Il avait été proposé, lors des discussions avec les acteurs des Climats de Bourgogne, que le Département soit l’interlocuteur d’APRR pour définir un schéma départemental de la signalisation sur autoroute, incluant notamment les Climats.
Le Département a organisé plusieurs réunions de travail pour élaborer ce schéma. Les responsables du Grand Dijon étaient présents à la première réunion, mais ne sont plus venus après. La Métropole a préféré en effet élaborer sa propre convention avec APRR, notamment pour la Cité internationale de la Gastronomie. Et c’est l’autorité préfectorale qui a appris au Département l’existence de cette convention lorsqu’APRR a déposé son dossier.

« Ne pas diluer le message »

Dans les discussions avec APRR pour l’élaboration du schéma départemental, il a par ailleurs été mis en avant la nécessité de ne pas concentrer trop de panneaux sur un espace restreint au risque, sinon, de diluer le message.
Comme plusieurs panneaux figurent déjà sur l’A6, avant l’embranchement de l’A38 : « Dijon, Cité des Ducs », « Dijon, Cité de la gastronomie et du vin » ainsi que le panneau sur la ligne de partage des eaux, il n’a pas été jugé utile d’en ajouter un 4ème.
Et ce, d’autant que les Climats de Bourgogne sont déjà signalés sur l’A6, sur l’A31 et l’A39. Quant à conditionner sa participation à la convention-cadre des Climats à la mise en place d’un nouveau panneau, je n’ai pas l’intention de céder au chantage. »