Destination nature : les beaux jours de la Saône-et-Loire

Les départements du Jura et de la Saône-et-Loire ont bien limité les dégâts au cours de la saison touristique 2020. Une campagne de communication est venue appuyer là où il le fallait, quand il le fallait. Et vive la nature !

Ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Une destination sûre, figée pour l’éternité, cela n’existe pas. L’année 2020 en a fourni 1000 fois la preuve. On ne vous rappellera pas pourquoi. Pourtant, certains territoires ont tiré leur épingle du jeu. « La clientèle touristique a favorisé les espaces ouverts sans risque de surpopulation » notait-on, à la fin de l’été, dans un rapport régional qui plaçait la Saône-et-Loire et le Jura sur les plus hautes marches du podium touristique de la Bourgogne-Franche-Comté.

Ne pas en déduire pour autant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. « La clientèle nationale, à l’arrêt entre mars et fin mai, a privilégié cet été les voyages en France, venant compenser, en partie seulement, le manque de clientèle étrangère », souligne ce même rapport. Ça plus la chute des groupes fera de 2020, peu importe la destination, un millésime bien en dessous de la norme.

Regardons plutôt le verre à moitié plein. Au bénéfice des contraintes imposées par la situation sanitaire, le tourisme de proximité s’est tourné vers des territoires accueillants, beaux et riches de culture. Exactement la description de la Saône-et-Loire, qui propose une incroyable mosaïque de bien-être : verts bocages et douceurs accortes dans le Charolais-Brionnais, vignoble d’exception qui a su garder son esprit d’ouverture de Chagny à Mâcon, routes de la spiritualité de Cluny à Tournus en passant par les églises romanes, une tuerie pour les papilles qui va de la volaille de Bresse au bœuf blanc en passant par les fromages de chèvre AOP… Le 71 c’est beau, bon et diablement diversifié. C’est fait pour la famille. C’est du plein-air et de la proximité chaleureuse.

Le 71 chez Harry Roselmack

Au début de l’été, au cœur de la débâcle coronavirienne, des centaines de plaques revendiquant cette appartenance à la Route 71 ont été placées sur l’ensemble du territoire. Hôtels, restaurants, campings, parcs d’attractions… la machine touristique roule désormais sous un étendard unique. En 2021, profitant de cet élan,  le département, toujours lui, lancera une nouvelle campagne promotionnelle dont on verra prochainement la pleine dimension, en amont de l’émission Sept à huit d’Harry Roselmack. La Saône-et-Loire surfe sur la vague montante. Elle garde le cap de la promotion d’un territoire aux qualités multiples, dont chacun a bien besoin actuellement.

Il convient de nuancer toutefois, car la partie n’est jamais gagnée d’avance. Plus de 550 gites et 123 chambres d’hôtes sont adhérents à la Fédération des Gîtes de France dans le 71. « La vitalité de notre secteur n’est pas entamée, nous avons toujours autant de porteurs de projets, entre 60 et 80 chaque année », se satisfait Annie Gille, directrice du réseau et responsable des réservations pour 450 hébergements. Au final, après une saison serpentueuse (inexistante au début, un pic de + 58% en juillet avec beaucoup de réservations de dernière minute), le bilan se clôturera en négatif au final, autour de - 8%, ce qui est à moindre mal dans le contexte général.

« Nous avons vu une clientèle plus jeune, des gens qui devaient partir à l’étranger et semble prêts à revenir. » Signe de cette fidélisation ressentie (aucune statistique ne peut clairement la confirmer), 700 des 1800 réservations dénoncées à cause du Covid-19 ont été reportées, la moitié ayant été consommées en arrière-saison. Annie Gille apprécie : « Chance inouïe, la campagne dans le métro a énormément fonctionné, les retours des films promotionnels sont palpables. »

Avec des belles pierres comme celles de l’abbaye de Tournus, la Saône-et-Loire a des atouts de choix. © Jean-Luc Petit

« Les Parisiens ont appelé »

Du côté de l’hôtellerie, la problématique est toute autre. Jérôme Pouponnot représente une grosse vingtaine de professionnels sur la place mâconnaise. Le club qu’il préside se range à son propre constat, à travers l’Hôtel de Bourgogne qu’il dirige : « On estime que notre perte de chiffre d’affaires oscille entre moins 50 et moins 70 % sur l’année. L’été, qui habituellement nous permet de passer un hiver à l’abri, n’aura pas fait le poids par rapport à la violence du séisme subi. »

Les hôtels, il est vrai, répondent à un cahier des charges totalement différent. Ils nécessitent des investissements lourds et ne sortiront vraiment de cette impasse que le jour où ce vilain virus ira coucher ailleurs que sur notre planète. D’ailleurs, la capitalisation du tourisme vert aura bien naturellement mieux profité aux campings qui, sur un plan national, enregistrent des baisses d’activité de l’ordre de 20 à 25 %.

Pour Philippe Marmin, président départemental de la fédération nationale de l’hôtellerie de plein-air, cette stratégie du 71 a permis de limiter la casse : « Des Français, des Parisiens surtout, nous ont appelés suite à cette campagne, ils ont réinventé leurs vacances. » Son camping 4 étoiles le Village des Meuniers à Dompierre-les-Ormes, qu’il a repris avec son épouse Fabienne il y a quelques années, aura été le témoin de cette tendance. « Nous sommes dans la cible, avec de la proximité, des structures à taille humaine et une véritable exigence dans le service », résume Philippe Marmin. Remettre l’humain au milieu de l’offre touristique, il y a pire comme option.