Dijon : le saké japonais, boisson reine du salon des Vignerons indépendants

Samedi 14 octobre, dans le cadre du salon des Vignerons indépendants Bourgogne-Jura 2023, cinq producteurs de la région d’Hiroshima sont venus à Dijon présenter leurs sakés. Une boisson qui gagne du terrain en pays de vin… et ravirait les palais féminins. C’est le gouverneur Hidehiko Yuzaki qui le dit !

« Nihonshu no sekai e yōkoso » : cinq producteurs de la province d’Hiroshima, au sud du Japon, souhaitent la « bienvenue dans le monde des sakés japonais » depuis le salon des Vignerons indépendants Bourgogne-Jura 2023. © Astrid Creutzer

Ils avaient reçu un excellent accueil l’an dernier. Les sakés d’Hiroshima étaient de retour ce week-end au parc des expositions pour le salon des Vignerons indépendants (13-15 octobre). L’occasion pour les visiteurs de découvrir, au milieu de la soixantaine de vignerons présents, cet ilot japonais vantant les vertus de cet alcool millénaire.

Issu d’un processus complexe à base de riz fermenté et d’eau, le « nihonshu » (littéralement « liqueur japonaise »), appelé plus communément saké japonais, est une boisson alcoolisée (10 à 19° généralement) et millésimée (mais à boire dans les 18 mois suivant la mise en bouteille), à ne surtout pas confondre avec ses cousins plus forts tels que les liqueurs de riz chinoises. En France, ce vin de riz est devenu très prisé des sommeliers, à l’image du Bourguignon Xavier Thuizat, Meilleur sommelier de France 2022. On le retrouve sous différentes formes, aussi bien pétillantes que fruitées, et il peut même s’apprécier tiède ou chaud. Compter une vingtaine d’euros pour espérer un saké de qualité, les plus hauts de gamme allant jusqu’à 300 euros. 

Kazuhiro Maegaki, président de la très respectée institution des Saké Samurai, est intarissable sur les accords mets et saké japonais. « Comme le vin en France, on peut en boire à tous les repas. Il accompagne notamment très bien le fromage, le foie gras, la viande grillée, les fruits de mer, et le top du top, les huîtres ! » Le dirigeant de la brasserie Kamoizumi présentait un étonnant saké produit à partir d’une levure qui lui donne une élégante teinte rosée. Pas plus de 8° indiqués et des arômes fruités, soit une excellente entrée en matière pour le béotien. 

Hidehiko Yuzaki, gouverneur d’Hiroshima depuis 2009, est venu à Dijon pour affirmer la relation entre France et Japon sur le terrain du vin. © Astrid Creutzer

Hiroshima et la Bourgogne, pour les femmes ?

Présent aux côtés des producteurs, le gouverneur d’Hiroshima, Hidehiko Yuzaki, est venu en personne pour affirmer la légitimité du saké en pays de vin. Il honore au passage un partenariat entre sa préfecture et la fédération régionale des Vignerons indépendants de Bourgogne et du Jura, initié en 2020. Les échanges culturels et commerciaux, spécifiquement dans le secteur des boissons alcoolisées, se sont depuis largement développés. « En mars 2020, le secrétaire des Vignerons indépendants est venu visiter Hiroshima. Il a apprécié que les domaines de saké aient, tout comme en Bourgogne, une image de production familiale et non de grosses production industrielles. Je suis très honoré de collaborer avec eux », commente le gouverneur.

Mais pourquoi avoir choisi la Bourgogne pour développer l’image du saké japonais, et pas une autre région viticole, comme le Bordelais par exemple ? La réponse du gouverneur, très à l’aise sur le terrain de la diplomatie, a fait plaisir aux vignerons du salon : « Je considère les vins de Bourgogne comme les meilleurs au monde. Ils ont beaucoup de points communs avec nos sakés, qui sont des produits du terroir. »

Les sakés d’Hiroshima joueraient en effet sur un registre plus élégant et délicat que dans d’autres régions japonaises, leur conférant, paraît-il, une réputation nationale de « sakés pour femmes » allant très bien avec l’apparente volupté de nos bourgognes. M.Yuzaki évoque même Molière pour donner de la force à son propos : « Si le Bordeaux est le roi des vins, la Bourgogne en est la reine. » Les sakés d’Hiroshima ont donc produit leur petit effet à Dijon. Auprès des femmes… et surtout des hommes, d’ailleurs.