Face au maire #1 : Jean-François Dodet, maire-médecin de Saint-Apollinaire

En Côte-d’Or comme ailleurs, la période a réaffirmé la place d’un maire dans le destin d’un territoire. DBM et DijonBeaune.fr en font une chronique inédite et invitent un casting d’élus départementaux, homme comme femme, devant l’objectif de Jean-Luc Petit. Jean-François Dodet, maire-médecin de Saint-Apollinaire, est assez bien placé pour inaugurer le concept…

Jean-François Dodet est maire de Saint-Apollinaire depuis 2017. Pour la photo, à notre demande, ce médecin de l’Agence régionale de santé a rapporté de son office municipal une Marianne en pierre de Bourgogne, signée Gérald Deloge (dit Bol) sculpteur originaire de Genlis. © Jean-Luc Petit

DBM : À quoi ressemble la vie d’un maire de 7 500 habitants en ce moment ? Avance-t-il plus que jamais masqué ?
Jean-François Dodet : Je n’ai jamais avancé masqué, sauf pour éviter le Covid : j’ai dit ce que je fais et je fais ce que j’ai dit. C’est à mon avis ce qu’attendent les citoyens de leurs élus. Pas forcément le plus facile ! Quant à ma vie de maire, cette crise oblige à encore plus de vigilance et d’attention pour l’ensemble des Épleumiens et particulièrement les plus fragiles, qui, après le Covid, ont eu aussi à subir la canicule. L’occasion pour moi de saluer les services qui demeurent sur le pont.

Les Épleumiens doivent-ils se réjouir d’avoir un médecin de l’Agence régionale de santé (ARS) à leur tête ?
Dès les premières mesures barrières adoptées, j’ai fait en sorte que Saint-Apollinaire soit exemplaire. Évidemment ce n’est pas de gaité de cœur que nous avons renoncé à nombre de manifestations. Mais il en va de l’intérêt de tous. Et c’est autant le maire, en charge de la santé publique, que le médecin, conscient de la dangerosité du virus, qui s’exprime.

Vous êtes un élu « de terrain » comme on dit aujourd’hui, qui n’hésite pas non plus à saisir les opportunités médiatiques. Un maire moderne est-il un maire qui communique beaucoup ?
Il ne s’agit pas de communiquer beaucoup ou peu, mais de communiquer à bon escient et si j’ose dire utile. C’est ce que je m’attache à faire. Je m’emploie à vivre, selon l’expression consacrée, avec mon temps, en utilisant les techniques qui existent, tout en étant très attaché à être sur le terrain. Avec mes collègues élus, je vais ainsi très régulièrement à la rencontre des Épleumiens dans leur quartier.

La crise s’invite au plus profond de notre art de vivre. Est-ce encore plus sensible pour une commune qui capitalise sur son « esprit village » ?
Nous devons être vigilants à ce que le Covid ne casse pas toutes nos relations sociales. Avec toutes les garanties, nous avons repris le 23 septembre, les repas du mercredi de l’office municipal des aînés. En revanche la crise sanitaire a renforcé certaines solidarités propres aux villes qui ont su garder cet « esprit village ». Je pense notamment à l’aide entre voisins ou encore à l’investissement des bénévoles – on se souvient de tous ceux qui se sont mobilisés pour confectionner des masques en tissu – et des élus. Le portage des livres à domicile est un bel exemple de cette solidarité et de la réalité de l’esprit villageois qui existe ici.

Saint-Apollinaire est pavillonnaire dans son ADN, avec une certaine pression immobilière. En vingt ans, elle a enregistré un hausse de sa population de 50 %, ce qui en fait un eldorado de la métropole*. Son plus grand défi est-il de nature foncière ?
L’attractivité de Saint-Apollinaire s’est imposée grâce à une conception de l’urbanisme fondée sur la mixité sociale, fonctionnelle et architecturale. L’innovation écologique a contribué également à ce succès puisque je rappelle que Val Sully a été le 1er éco-quartier sur le territoire de la métropole. Mais si la gestion du foncier est un véritable défi, il en est un encore plus grand, le développement durable de la commune. 

* En comparaison, sur la même période : Chenôve - 14 %, Longvic - 3 %, Talant + 0,3 %, Fontaine-lès-Dijon + 2 %, Quetigny + 6 %, Chevigny + 16 % (source Insee).

« Si la gestion du foncier de Saint-Apollinaire est un véritable défi, il en est un encore plus grand, le développement durable. »

Justement, vous êtes un vice-président « vert » de Dijon Métropole (biodiversité, qualité de l’air, plan bruit) et avez installé un adjoint à la transition écologique cette année. Cela peut faire joli sur le bulletin municipal… Qu’en est-il vraiment ?
C’est tout sauf un effet de mode ou une posture. J’ai souhaité créer une délégation à la transition écologique et à l’environnement, confiée à Maxime Ambard, enseignant-chercheur à l’université de Bourgogne. Cette démarche est à destination des habitants, afin que leur environnement quotidien ne soit pas source de nuisances, ce qui n’est pas le défi le plus facile à relever. Le développement durable est au cœur de mes préoccupations et j’entends bien être innovant en la matière tout comme mon prédécesseur, Rémi Delatte, l’a été dans le domaine de l’intergénérationnel. Mais je suis pour une écologie positive, dont les effets n’entrainent pas une paupérisation de ceux qui font déjà face à des difficultés de toute nature.

Saint-Apollinaire, ce sont aussi les ZA Cap Nord et Bois Guillaume avec son géant Eurogerm, l’écoparc Dijon-Bourgogne… et le petit commerce local qu’il faut aussi protéger. Où placer les priorités face à tant de diversité ?
Notre priorité est de préserver un juste équilibre entre la grande distribution et les « petits » commerces dont chacun a besoin au quotidien. Je salue la qualité et l’engagement de tous les commerçants épleumiens qui dans la période difficile que nous vivons tiennent la barre. Pour les zones d’activité, nous sommes désormais dans une logique intercommunale partagée et bien comprise au sein de la Métropole. C’est particulièrement le cas du dernier né, l’écoparc Dijon-Bourgogne, espace d’activités et d’emplois à haute qualité environnementale. Naturellement, je suis fier en tant que maire d’accueillir des entreprises prestigieuses.

Dans un monde idéal, à quoi ressemblerait votre ville en 2030 ?
Une ville à l’environnement préservé où auraient disparu toutes les « passoires énergétiques », comme on les appelle. Selon la loi nous avons jusqu’à 2050 pour y parvenir ! C’est aussi des nouveaux quartiers à énergie positive (deux sont en projets) offrant des îlots de fraicheur, des mini-forêts et des corridors verts faisant la part belle aux circulations douces et à l’agriculture périurbaine. Enfin, c’est une ville où la solidarité citoyenne et le respect de chacun dans l’intérêt général seraient notre oxygène. C’est plus qu’un idéal, c’est mon objectif.

À titre personnel, de quoi êtes-vous le plus fier ?
Des Épleumiens ! Ils sont aidants et bienveillants envers ceux qui en ont le plus besoin, désireux de faire vivre leur commune, notamment à travers un tissu associatif riche et varié, engagés dans la construction participative de leur environnement. Et je sais qu’ils répondront favorablement aux Assises citoyennes que nous allons mettre en œuvre.

Vos prédécesseurs Louis Berthou et Rémi Delatte ont dirigé la ville plus de vingt ans chacun. Faut-il vous en souhaiter autant ?
Je souhaite surtout rendre hommage à leur gestion et à leur action, qui fait de Saint-Apollinaire ce qu’elle est aujourd’hui, une ville où il fait bon vivre. Et Rémi Delatte, notre député, continue de s’investir puisqu’il est toujours conseiller municipal. Pour le reste j’entends avant tout, avec l’équipe municipale qui m’entoure, faire aboutir les projets pour lesquels nous avons été élus. Le cas échéant ce sera aux Épleumiens de décider…

Jean-François Dodet
63 ans – Maire (SE) de Saint-Apollinaire (7 500 habitants) depuis juillet 2017
7e vice-président de Dijon Métropole (biodiversité, qualité de l’air, plan bruit)
Médecin à l’Agence régionale de santé


Rendez-vous dans DBM84 (déc-jan) pour l’épisode 2 avec un maire de Côte-d’Or