Faut-il brûler les journalistes ?

C’est l’une des thématiques des Rendez-vous de juillet qui se dérouleront à Autun du 14 au 16 juillet. Un festival consacré au journalisme vivant et aux histoires vraies, créé par les revues XXI et 6 mois, qui accueillera une centaine d’intervenants pour regarder l’info autrement. Trois jours portés par un tout nouvel Autunois, Thibaut Brugat-Dreux, directeur exécutif du festival.

Thibaut Brugat-Dreux espère le même succès que pour le premier Festival du journalisme vivant, organisé l’été dernier dans un petit village du Lot-et-Garonne. 4 000 personnes étaient de la partie. © Michel Joly

Par Emmanuelle De Jesus
Pour Bourgogne Magazine #54

Vous parlez de journalisme vivant ? Est-ce à dire qu’il y a un journalisme mort ?
Le lien est à faire avec le spectacle vivant. Nous proposons de traiter l’information dans l’instantané, dans la chair. S’éloigner de l’analyse pour aller à la rencontre des gens, prendre en compte leur ressenti, en débattre et produire une information crédible. On se rapproche de la presse écrite, ou quotidienne, mais aussi d’autres techniques comme  le photojournalisme, le théâtre du réel.

Est-ce que ce n’est pas un peu ce qui se passe sur les réseaux sociaux ?
Pas tout à fait. Il faut déjà distinguer les réseaux sociaux. Si on prend Facebook par exemple, il n’y a pas de recul sur l’information. Chacun l’exprime en fonction de ses émotions mais il n’y a pas forcément d’échange d’expériences qui permette de tirer une info générale et donc crédible. L’échange est primordial dans la construction de l’information, elle se base sur les différents points de vue. Et c’est ce que nous allons proposer. Il n’y aura pas de conférences comme on l’entend avec un initié détenteur du savoir d’un côté et un auditoire de l’autre. Chacun va venir apporter son vécu, sa réflexion.

Est-ce une réponse aux relations tendues en ce moment entre journalistes et public ?
C’est un décloisonnement. Nous donnons la parole à des expressions qui n’ont pas toujours leur place dans les médias traditionnels parce qu’elles apportent une autre vision de l’événement. Et pour comprendre les enjeux de chaque info il faut prendre du recul. C’est le travail que mènent les revues XXI et 6 mois, qui sont loin des sujets immédiats. L’échange avec les professionnels, journalistes, chercheurs n’a pas pour objectif de donner du prêt-à-penser mais d’aider justement à avoir une vision construite sur des expériences individuelles mais une réflexion commune.

Pourquoi Autun ?
Ça a commencé par un hasard, ça a fini par un coup de cœur. On cherchait un endroit et un ami nous a conseillé d’aller à Bibracte. Le soir, nous avons logé à Autun. Le matin en me réveillant, on s’est dit que c’était là ! C’est une ville-village et cette ambiance correspond parfaitement à l’idée que nous avons de ce festival. Un événement où, après les échanges, les intervenants se baladeront dans les rues et pourront continuer de converser à la terrasse des cafés.


 LE FESTIVAL EN BREF 

Sur les contreforts du Morvan, Autun, 15 000 habitants, est une ville à la campagne. Chargée d’histoire, avec son théâtre romain, sa cathédrale, ses couvents, ses ruelles et placettes, son théâtre à l’italienne, elle a tapé dans l’œil des équipes des revues XXI et 6Mois, pionnières du « slow journalism » en France, un journalisme de récits incarnés, d’enquêtes, de reportages, un journalisme qui prend le temps de se rendre sur le terrain et de discuter avec les gens. Après Les Ateliers de Couthures, un premier festival du journalisme vivant organisé à l’été 2016 dans un village de 400 habitants du Lot-et-Garonne, les Rendez-vous de juillet vont animer notre bonne cité d’Autun cet été.

Pendant trois jours, les festivaliers pourront rencontrer une centaine d’intervenants (journalistes, auteurs du réel et de BD-reportages, réalisateurs de documentaires, photojournalistes…) sur scène et en dehors, au gré d’un verre partagé, d’un repas, dans les rues piétonnes d’Autun, au bord du plan d’eau ou dans le cadre sauvage du mont Beuvray (samedi 15 juillet). Parler du monde, créer du lien autour d’histoires vraies, intégrer les festivaliers et la population à un journal vivant, c’est l’enjeu du festival dans cette ville. Un peu à la façon d’un sommaire, chaque lieu sera associé à un thème, avec un traitement spécifique : Russie, l’empire contre-attaque ; L’homme & la science ; Travailler autrement ; Ils font avancer le monde ; Faut-il brûler les journalistes ? La BD raconte le monde ; L’Amérique de Trump… autant de sujets brûlants qui feront l’objet d’histoires et de témoignages plus que d’analyses intellectuelle lénifiantes.

Plus d’infos sur www.lesrendezvousdejuillet.fr
Le programme complet en pdf