Le président de la CPME Côte-d’Or est sur tous les dossiers chauds des petites et moyennes entreprises, en particulier le pacte territorial de la commande publique. Geoffroy Secula milite pour un terrain économique fertile… avec quelques fleurs si possible !
Ce numéro de DBM traite de la résilience économique. En avez-vous une définition ?
Geoffroy Secula (président de la CPME Côte-d’Or) : « La capacité des chefs d’entreprises à s’adapter aux changements, à innover, à rebondir dans des circonstances difficiles : pénurie de matières, allongement des délais d’approvisionnement, hausse des prix, nouvelles réglementations… Pour franchir les obstacles, c’est plus facile de se préparer quand on connait leur hauteur. C’est un des rôles de notre organisation patronale.
Le surmenage guette le dirigeant. L’arrêt maladie ou le burn-out lui sont pourtant proscrits. Votre rôle public de la CPME Côte-d’Or n’empiète-t-il donc jamais sur la gestion plus intime d’E3R ?
Pour présider une structure comme la CPME, je pense qu’il faut en avoir envie, il faut une entreprise en bonne santé et être bien dans sa peau sur le plan personnel. Avec ces trois ingrédients, ce « surmenage » peut même être un moteur !
Après la Côte-d’Or, vous avez été élu à la tête de la CPME Bourgogne-Franche-Comté jusqu’en 2026… La CPME est-elle une drogue ?
Je n’ai pas de plan de carrière au sein de l’organisation et comme j’aime à le dire, la CPME est un de mes loisirs. C’est un engagement passionnant qui apporte beaucoup d’épanouissement lorsqu’on parvient à être efficace pour nos adhérents.
Ce poste régional a-t-il éclairé différemment votre vision de l’écosystème départemental ?
De par le périmètre d’intervention de mon entreprise, je connaissais les spécificités départementales. Par contre, les réunions nationales me permettent d’avoir une vision des autres régions de France et de mieux connaître nos forces et nos faiblesses.
Votre action au sein de la CPME Côte-d’Or défend les équilibres territoriaux. Le small business act est-il à ce titre une planche de salut ?
Le small business act est un engagement des collectivités à faire travailler des entreprises du territoire, dans le respect des règles des marchés publics. La commande publique génère de l’activité pour de nombreuses entreprises et les PME en ont d’autant plus besoin dans une conjoncture difficile.
Vous avez œuvré personnellement au pacte territorial de la commande publique…
Ce pacte a été signé le 16 février dernier avec Dijon Métropole en présence de l’ensemble des acteurs de l’économie. C’est effectivement la CPME qui est à l’initiative de ce nouveau pacte et qui a fortement contribué à l’améliorer. Je remercie les chefs d’entreprises qui se sont impliqués dans ces travaux pour la CPME : Yannick Paris, Jean-Pascal Coutou, Eric Boudier et Francis Pennequin.
Que peut-il bien changer, ce pacte, dans la vie d’un dirigeant ?
L’apprentissage sera pris en compte dans les critères de notation des appels d’offres, la mise en place d’un contact unique par la métropole et d’une commission de suivi pour élaborer des critères métiers et mesurer l’efficacité du dispositif font partie intégrante de ce pacte. Une plaquette de communication à destination des entreprises a également été éditée et des réunions de sensibilisation des entreprises de la métropole à répondre aux consultations des marchés publics sont prévues.
À Dijon comme ailleurs, le tribunal de commerce déplore encore une mauvaise perception de son rôle. Est-ce un tabou chez les chefs d’entreprise ?
C’est un sujet que nous avons pris à bras-le-corps. Nous sensibilisons régulièrement nos adhérents sur le rôle du tribunal de commerce et sur le fait que la CPME Côte-d’Or propose systématiquement, lors des élections pour la juridiction, des chefs d’entreprises qui ont les compétences pour devenir juge au tribunal.
Le sujet n’est donc pas tabou. Certains dirigeants savent se tourner vers le tribunal dès le début de leurs difficultés.
Que font les autres ?
Ils préfèreront solliciter le groupement de Prévention Agréé 21, association dont la CPME est membre fondateur. Le principe : deux chefs d’entreprises bénévoles vont à la rencontre de ces entrepreneurs afin de les écouter, analyser la situation et les guider. La CPME a également formalisé un accord avec le Sasti, association qui propose un accompagnement psychologique d’un indépendant qui en aurait le besoin, et aussi avec 60 000 Rebonds qui peut accompagner les dirigeants après une liquidation.
Ce portrait photo a été réalisé à Paris, que vous côtoyez de plus en plus. Pour le tourisme ou pour le boulot ?
Je suis à Paris environ un jour par mois pour le boulot et pour la CPME. J’y vais beaucoup plus rarement pour le tourisme ! Je suis donc surtout en Bourgogne-Franche-Comté pour mener mes activités professionnelles et défendre les intérêts des TPE et PME de nos territoires… mais il y a aussi des fleurs à Paris.
En spécialiste de la gestion de déchets, quels freins économiques souhaiteriez-vous jeter à la poubelle ?
Baissons réellement la fiscalité pour nos entreprises et simplifions pour de bon ! Un des rôles de notre organisation est de faciliter la vie des entrepreneurs en débloquant les dossiers avec les représentants de l’administration, les élus ou les autres institutionnels. Mais il faudrait que le process puisse être efficace sans notre intervention…
Le printemps réserve toujours quelques fleurs. Quels motifs vous font espérer ?
Les transitions énergétique, écologique et numérique sont porteuses d’espérance et surtout de volume d’activité dans tous les secteurs économiques. Ces transitions sont de véritables opportunités pour les TPE/PME qui peuvent se différencier par leur agilité. Côté CPME, nous espérons beaucoup de la mise en place par le gouvernement du « test PME », qui doit permettre de vérifier qu’une nouvelle législation est adaptée à nos tailles d’entreprises. N’oublions jamais que ce sont les entreprises qui font la vie de notre pays. Je crois que c’est ce qui génère le plaisir d’entreprendre. »