La bataille contre la différence du MuséoParc Alésia

Haut-lieu historique, le MuséoParc Alésia est aussi dédié au respect des âmes et des corps meurtris. Le handicap ne doit pas être un frein à l’accès à la culture. Preuve à l’appui.

En 2018, le MuséoParc Alésia décroche le label Tourisme et Handicap dans les quatre catégories de handicap : moteur, visuel, auditif et mental. Carton plein pour un site qui place l’exemplarité au premier rang de ses préoccupations. Une évidence aussi pour son président, Marc Frot, papa de Maud, une jeune femme lourdement handicapée. « Ma fille a 27 ans et maîtrise tout au plus une trentaine de mots, mais je l’ai vu heureuse et dire que tout ça était beau. »

Pensé pour le handicap

Le chemin de l’adaptation est long. « Il passe par la formation professionnelle, pour préparer le personnel à aborder naturellement le handicap », rappelle Thomas Pascal, directeur délégué du MuséoParc. La formation n’exclut personne. Elle implique, bien au contraire, la création d’un vrai groupe de travail, accompagné par Polymorphe Design, spécialiste de la mise en accessibilité.

Au-delà des infrastructures imposées par le cahier des charges d’un ERP (établissement recevant du public), c’est aussi à l’homme qu’il est demandé de s’adapter. Car tous les visiteurs se valent et doivent être considérés de la même façon. En plus des contraintes minimales (passage de fauteuil, ascenseur, hauteur des marches, plans inclinés), le champ des investissements possibles est en effet sans limite, mais souvent incompatible avec la réalité économique d’une exploitation. Alésia fait malgré tout preuve d’une exigence rare en la matière. « C’est un lieu pensé et créé pour accueillir le handicap », martèle son président.

Sébastien Morvan est bien placé pour en parler. Ce sympathique communicant de Semur-en-Auxois est habitué depuis plusieurs années à se déplacer en fauteuil roulant. Il est le premier à prendre sa situation avec philosophie et humour, baptisant Agence 4 Roues sa société de communication. « L’ergonomie, l’accessibilité, l’espace entre les tables, les passages, tout cela est bien conçu », confirme Sébastien, ravi aussi parce que, pour une fois, « tu n’as pas peur de casser quelque chose, tu ne te sens pas gêner les autres ».

2023 selon Alix

L’ère du numérique, avec son armée de tablettes, y compris en langue des signes françaises (LSF), décloisonne bien des situations. Tout comme l’usage du braille qui rythme la visite. « Nous sommes en présence d’un musée conçu pour être accessible, pas uniquement réservé aux titulaires d’un bac + 25 », se réjouit Marc Frot. Le bleu pour les Gaulois, le rouge pour les Romains : cette scénographie aux codes couleurs lisibles et mémorisables par tous favorise une ouverture au plus grand nombre, sans pour autant se défaire du savoir fondamental. Voilà pourquoi, parmi tant d’autres raisons, la saison 2022 du MuséoParc se clôturera avec un bilan très honorable, près de 85 000 visiteurs.

Sur cette belle lancée, en attendant le recrutement du successeur de son directeur Michel Rouger, parti pour de nouvelles aventures du côté de Cherbourg, Alésia prépare la saison suivante. Rien de précis ne filtre encore à ce sujet. Rien, si ce n’est le thème de la future exposition qui nous conduira en direction du bassin méditerranéen, en compagnie d’un personnage de BD cultissime : Alix l’intrépide ! Les aventures du célèbre personnage de Jacques Martin n’ont donc pas fini de faire causer dans les chaumières gauloises