Le MuséoParc Alésia repart en conquête

Le MuséoParc Alésia se donne l’ambition de repartir au combat en rouvrant samedi 6 juin. Avec notamment une expo sur le repas gallo-romain, aux arguments salivants que commente le directeur du site, Michel Rouger. 80 000 visiteurs en 2019, combien en 2020 ?

« Le danger que l’on pressent mais que l’on ne voit pas est celui qui trouble le plus. » La citation est d’un certain Jules César. Lui et son compère moustachu gaulois ont donc tapé le carton ces dernières semaines, obligés de se partager en bonne intelligence et dans une solitude désarmante, le magnifique espace du MuséoParc Alésia.

L’histoire ne dira jamais ce qu’ils se sont dit. Michel Rouger, quant à lui, a pris son mal en patience. Le directeur du site n’avait jamais pensé avoir à livrer une bataille perdue d’avance. 3 000 visiteurs au compteur en 2020, alors que nous sommes déjà fin mai. Coronavirus, héros jusque-là méconnu d’un épisode ancien de la saga Astérix, s’est fait un nom. Un nom qu’on aimerait bien voir bouillir au fond d’un chaudron.

Donc, pas de potion magique pour la reprise, mais du gel « hydroalcoolix », des masques et, si tout va bien, une utilisation sous haut contrôle et nettoyage permanent des audioguides. « Nous avons imposé un sens de la circulation pour la visite, les visites guidées seront réduites à 9 sauf si on nous autorise plus finalement, on va garder les « top chrono » du week-end parce que c’est un format libre maitrisable en 15 minutes et les MuséoFabs deviendront des animations. » Michel Rouger adapte la réouverture de son établissement aux lourdes contraintes conjoncturelles.

Le MuséoParc Alésia est construit au pied du village d’Alise-Sainte-Reine. À proximité de fortifications romaines reconstituées, le centre d’interprétation de la bataille est installé dans un bâtiment cylindrique de 52 m de diamètre, entièrement vitré.

Alésia côté cuisine

L’une des grosses déceptions est donc l’annulation en 2020 du week-end de reconstitution en juillet. Les 15 et 16 août, en revanche, rien n’interdit la programmation de Pax Romana, une grande démonstration de sports antiques, ni la séance de cinéma en plein-air. L’un des atouts du MuséoParc, justement, c’est qu’il est dans le vert, au sens littéral du terme. Michel Rouger y voit la possibilité de capitaliser sur les pique-niques. Reste à savoir comment, les druides du comité scientifique n’ayant pas encore donné leur recette à ce jour.

La meilleure et la plus alléchante des raisons de filer jusque dans l’Auxois, cependant, demeure l’exposition temporaire dans les cuisines d’Alésia, qui lève le voile sur la façon dans Gaulois et Romains géraient et appréciaient leur pitance quotidienne et qui se prolongera jusqu’au printemps prochain.

Alésia a reçu 80 000 visiteurs en 2019. En 2020, la période d’avril à juin, qui représente 30 % du potentiel habituel est déjà perdue. Cet été, la redécouverte de la France résonnera comme un acte citoyen. Sans doute cela sauvera-t-il une partie de la saison. L’automne se posera la question sanitaire pour les déplacements scolaires et cet hiver, Michel Rouger nourrit l’espoir, avec la bénédiction de son actionnaire le Département, de pouvoir organiser une arrière-saison. Tout sera fait, quoiqu’il en soit, pour limiter les conséquences inévitables de ce millésime contaminé.


Le menu du chef

Pour se remettre en appétit, on a demandé au directeur du MuséoParc, qui est d’un naturel beau joueur, de décliner, au rythme d’un repas, ses arguments pour aller voir l’exposition « Dans les cuisines d’Alésia ».

Si on vous dit « Mise en bouche » ?
Un graphisme qui va interpeller dès le début. Il est l’œuvre d’une illustratrice scientifique, Héloïse Chochois, qui a su dessiner des Gaulois et des Romains comme on en n’a jamais vus, avec des grands yeux, dans le respect de la rigueur scientifique.

Entrée ?
Déjà, l’entrée de l’exposition, ça n’est pas cher ! (rire) Plus sérieusement, l’entrée, ici, c’est l’archéologie. Un ingrédient magique dont on ne soupçonne pas l’importance et la dimension passionnante, qui permet de mettre au jour des coquilles d’huitres et des graines de fruits et légumes, donc de nous renseigner sur un quotidien très lointain.

Plat de résistance ?
Le cœur de l’exposition, une scénographie spectaculaire, qui permet d’exposer sur une table de banquet tout un tas d’objets issus des collections de notre site, le fameux chaudron en tôle battue trouvé en 1906 dans une maison d’Alésia, les amphores, les jarres, etc.

Fromage ou dessert ?
Un peu des deux avec « Les petits Mythos », une exposition dans l’exposition, spécifiquement conçue pour les enfants, en partenariat avec l’éditeur de BD mâconnais Bamboo. Les décors et l’ambiance me font penser à cet esprit joyeux rempli de Kiri et de Babybel, pardon pour les références, avec une ludothèque transformée en resto pour les petits. On va improviser. Faute de pouvoir ouvrir les placards et passer réellement à table, on réfléchit à une animation qui leur fera aimer le sujet.

Accords mets et vins ?
La Bourgogne, toujours présente, avec SEB qui nous a confié les secrets de sa Cocotte, l’Art du Tonneau qui nous prête une de ses productions emblématiques, les anis de Flavigny, les pains d’épices de Mulot et Petitjean, la moutarde Fallot, les vins élevés en amphores d’Aurélien Febvre et les magnifiques paysages de l’Auxois…

Par Dominique Bruillot
Photo : Guillaume Liochon / SEB