Le premier abattoir mobile de France fonctionne en Côte-d’Or

Émilie Jeannin, éleveuse installée dans l’Auxois, concrétise un projet de cinq ans dont l’objectif est d’assurer le bien-être de l’animal jusqu’au bout et une meilleure rémunération de l’éleveur.

À Beurizot, sur l’exploitation auxoise d’Émilie Jeannin, le premier abattoir mobile de France est entré en service. Les premières bêtes ont été tuées début septembre. Depuis, l’installation a déjà visité 6 fermes, et près de 150 autres sont programmées dans les prochains mois, en Bourgogne-Franche-Comté mais aussi dans des départements proches (Ain, Rhône, Allier et Loire). L’idée derrière cet équipement est d’éviter aux animaux le transport vers un abattoir industriel, ainsi que le stress engendré par ces grandes installations. Les vaches sont, en outre, des animaux sociaux, habitués à leur troupeau et supportant mal des ramassages mélangés d’une exploitation à l’autre.

L’abattoir mobile change la donne. « Les animaux restent dans leur environnement habituel jusqu’au bout. Ils ne sont pas ramassés par le maquignon. Pas de chargement, ni de transport en camion, on supprime tout ça. L’éleveur est là tout le temps, pour vérifier que tout se passe bien. Les animaux sont conduits à l’abattoir un par un, tranquillement. Ils rentrent naturellement dans le camion où ils sont étourdis avec un matador. Ça prend quelques secondes », décrit la jeune éleveuse.

Le Bœuf éthique, une marque comme aboutissement

L’abattage à domicile est pour Emilie Jeannin l’aboutissement d’une démarche vertueuse, incluant le respect de l’animal durant sa vie et lors de sa mise à mort, mais aussi la préservation de la biodiversité à travers des élevages à taille humaine. « J’élève des animaux adaptés au terroir, de race charolaise principalement. Mais je ne les sélectionne pas uniquement pour qu’ils produisent beaucoup de viande. Ce que je veux, ce sont des animaux en pleine forme et heureux ; s’ils sont sélectionnés pour être gros, ça pose de nombreux problèmes, notamment au moment du vêlage », explique-t-elle. L’éleveuse ne pratique pas non plus l’engraissage à base de céréales, car les animaux digèrent mal l’amidon. Quant à la prophylaxie, elle est ici basée sur la phytothérapie et l’aromathérapie. 

C’est pour porter ces valeurs qu’elle a fondé, en compagnie d’autres éleveurs de l’Auxois et de la plaine de Saône, la marque Le Bœuf éthique. Celle-ci vend sur son site fraîchement mis en ligne la viande produite par le groupement d’éleveurs. La qualité de la viande est garantie, tandis que son prix de vente, sans intermédiaire, assure une rémunération plus confortable aux éleveurs. La livraison est assurée par Chronofresh et coûte 7,90 €. Elle est gratuite pour les commandes de plus de 70 €. Le concept a déjà séduit plusieurs centaines de clients et la marque poursuit son développement. En point de mire, la possibilité d’ouvrir de nouveaux abattoirs mobiles dans d’autres régions de France. « Nous allons continuer à bien nous roder, mais d’ici quelques mois, nous allons réfléchir à nos possibilités de développement », conclut Émilie Jeannin, qui partage le fil de ses aventures sur une chaîne YouTube dédiée.