Le salon Dij’Antik dépoussière les antiquités

Bien dans son jus, il a survécu. Mieux, le salon des antiquaires de Dijon, 46 ans et toutes ses dents, revient en force au parc des expositions du 19 au 27 mai. En lui donnant un sérieux coup de plumeau, son cofondateur Patrick Damidot entend réhabiliter toute une profession. L’idée a du sens, car nous ne sommes pas n’importe où…

Ils défendent le noble métier d’antiquaire et sont les cocréateurs de Dij’Antik nouvelle formule : Patrick Damidot, Jérôme Henry et Denis Favier. © Christophe Remondière

Il aurait pu être remisé au grenier comme une vieille commode héritée d’une grande tante. Le salon des antiquaires de Dijon, pourtant reconnu en France et plus loin encore, avait du mal à faire le plein. À tel point que son organisateur historique Congrexpo a failli le délaisser complètement. Il a finalement choisi, en accord avec les professionnels, de passer de flambeau en bonne intelligence : il y a deux ans, Patrick Damidot, avec l’indéfectible soutien de ses associés Jérôme Henry et Denis Favier, a repris la main. 

Homme providentiel

Dans le circuit depuis ses 24 ans, l’antiquaire dijonnais installé rue des Forges (depuis trois générations !) était un peu l’homme providentiel. « Nous avons créé l’association Dij’Antik pour soutenir notre profession qui connaît quelques difficultés, pose pudiquement l’intéressé. Dijon a une histoire forte avec l’antiquité – ne serait-ce qu’à travers son quartier des Antiquaires – et la Ville est demandeuse de ce genre de manifestations. » 

Les professionnels aussi, conscients des clichés entourant parfois leur activité. Mais ce genre d’événement, c’est promis, n’est plus l’apanage des vieux monsieurs dans de vieux habits amateurs de vieilles choses. Dans ce contexte où « une nouvelle vague commence à émerger« , Dij’Antik est aussi un bon moyen de réhabiliter l’image d’un « métier finalement très en phase avec la modernité » et de valoriser un patrimoine souvent exceptionnel (lire plus bas). Patrick Damidot entend ainsi « renouer avec des personnes qui achètent au coup de cœur », alors que d’aucuns jugent notre société de plus en plus calculatrice. Déambuler dans les quelque 2000 m² du salon, c’est laisser place à l’instinct, au goût des belles choses, et pourquoi pas à nos madeleines de Proust. Car si les salons d’antiquaires visent des niches, « ils conviennent aussi aux promenades éducatives », insiste le cofondateur, par ailleurs très sensible à son ancrage local et à renouveler le visitorat.

Esprit brocante

Les organisateurs ont d’ailleurs pris soin de « faire la promotion de toute une profession dans la grande région » à travers notamment la Chambre des métiers et de l’artisanat. Cela vaut aussi pour les saveurs, puisque le restaurateur Eric Briones sera de la partie.
Avec une quarantaine d’exposants, l’événement attire en moyenne 5000 visiteurs. Ce millésime 2018 ne devrait pas y échapper, tant la proposition tient la route et s’efforce de garder un agréable esprit brocante (haut de gamme, il est vrai).

Dij’Antik ne s’interdit pas d’aller voir ailleurs et proposera des objets d’art africain ou océanien pour compléter une collection déjà très riche en mobilier, luminaires avant-gardistes, tableaux, sculptures, tapisserie, faïences et tutti quanti. Le bijoutier-horloger lyonnais Riondet (ni plus ni moins que le partenaire unique de la collection des joyaux de la Couronne de France) présentera par exemple ses plus beaux ornements, tandis qu’un collectionneur allemand de cannes anciennes (!) exposera des modèles datant du XXIIème siècle et des années 1970. Chacun devrait donc y trouver son compte. Dépoussiéré, Dij’Antik en prend le paris et en appelle aux curieux de tous horizons. Car tels sont les chineurs sachant chiner.


Parc des Expositions de Dijon
19 au 27 mai (11h00-19h00), entrée Poincaré, rue Léon Mauris.
www.salondesantiquairesdijon.com
Tarif : 5 euros