Quand le psycho-œnologue Martial Jacquey écrit sa passion du vin, cela donne une cuvée littéraire pleine de saveur, titrant 36 billets d’humeur et une étude universitaire. A lire forcément sans modération.
Par Eric Perruchot – Photo : Marielys Lorthios
Lorsqu’on finit une belle bouteille entre amis, pourquoi ne pas en ouvrir une seconde? C’est un peu ce qu’a fait Martial Jacquey en auto-éditant ses “Billets d’humeur”, chroniques vineuses écrites pour le site www.terroirs-bourguignons.com. Tenues sur dix ans, entre 2003 et 2013, il les ressort de derrière les fagots pour les partager en 134 pages, textes et illustrations.
Il n’est pas question de “Brèves de comptoir” à glisser aussitôt lues entre deux romans, mais de coups de cœur. Convoquant en vrac Bobby Lapointe, les psychanalystes Freud et Lacan, les saintes Écritures ou Noé, l’actualité qu’il se met à grumer perd tout goût de bouchon. “J’y exprime mon humeur du moment en fonction de l’actualité, de ma philosophie de l’existence et de ma passion du vin”, explique Martial Jacquey qui se veut “contre tous les excès, y compris ceux de sobriété.”.
Appétence pour l’humour
On y parle dégustations, au sens propre car ce psychologue de métier anime un club œnologique Le Nez de Saint-Pierre à Dijon et au sens figuré car le lire stimule joyeusement l’appétence pour l’humour, l’impertinence et la réflexion, enfin tout ce qui fait bouche à la connaissance des vins. “La finesse, c’est la force de la Bourgogne”, donne-t-il en adage à ses interlocuteurs friands de comprendre ces petits miracles d’un beaune 1er cru Clos du Roi ou d’un mâcon Pierreclos le Chavigne… Celui qui a “servi ses premiers verres de vin en tant qu’enfant de chœur”, sait à ravir où sont les clefs du Paradis: “C’est tout simple, ce sont celles de la cave”. Tels sont les mystères de l’homme et du vin, selon Martial Jacquey.
Là, le psycho-œnologue parle indéniablement: “Une personnalité équilibrée sera autant fourmi que cigale ». Ici, c’est le fou de vins pour qui « le vin apparaît comme un remède pour le corps et l’esprit.” A moins que cigale et fourmi fassent cause commune contre “certaines lois ne discernant pas le bon grain de raisin de l’ivrai(ss)e.” Ses plus anciennes chroniques portent bien leurs 10 ans d’âge, se fendant en mai 2006 d’une “Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle”, sur le ton de “Dis-moi ce que tu bois, je te dirai ce que tu es.”
In fine, un autoportrait ?
A l’issue de ses miscellanées, Martial Jacquey nous accorde une autre question: “Qu’est-ce qu’un grand bourgogne rouge à votre avis?” Il en a fait son sujet de mémoire de diplôme “Vin et Culture”, sous la direction de Jacky Rigaux, de l’Institut universitaire de la vigne et du vin. L’étude donne un tannin scientifique à l’ouvrage, même si l’étudiant Jacquey le dément.
Deux groupes de dégustateurs ont rédigé ce qu’ils attendaient d’un bourgogne et, enjoignant la parole au geste, ont corroboré leur impression par la dégustation à l’aveugle. Une chronique de l’amitié en quelque sorte. Pas chauvin ou si peu, notre homme confie la préface à un Bordelais grand amateur de bourgogne, l’œnologue Franck Dubourdieu, et l’illustration à une fraternelle équipée de peintres, plasticiens et photographes, dont l’artiste dijonnaise Cécile Bart.
* Billets d’humeur du terroir bourguignon de Martial Jacquey, préfacé par Franck Dubourdieu, 134 pages, 25 euros. Disponible au Nez de Saint-Pierre, 26, rue Amiral Courbet, 21000 Dijon. Tél. : 03.80.53.03.81 et 06.88.88.03.81 – www.nez-de-saint-pierre.com