Et si Mercurey avait l’étoffe des grands crus ?

La Saint-Vincent tournante 2017 est l’occasion ou jamais de goûter aux climats de Mercurey. Certains seront à déguster avec un grand intérêt : sollicité pour le nouveau numéro de Bourgogne Magazine, notre expert Jacky Rigaux, terroirs et histoire à l’appui, est même convaincu que huit d’entre eux se rapprochent des grands crus.

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Par Jacky Rigaux
Pour Bourgogne Magazine n°52

Photos : Michel Joly

La Côte chalonnaise est incontestablement un des vignobles de Bourgogne où la notion de « climat » s’est très tôt épanouie et où elle a imposé l’incomparable diversité d’expression des vins qui en naissent. Quand la Côte-d’Or mettait en avant les notions de cru, grands crus et premiers crus au XXe siècle, avant de se recentrer sur ses climats, la Côte chalonnaise est toujours restée très attachée aux siens. Déguster les vins de ces climats ciselés par les traditions, c’est savourer l’originale et exquise complexité de leur robe, de leurs arômes, de leur exceptionnel toucher de bouche. C’est aussi goûter et apprécier leur histoire, celle des débuts d’un vignoble qui s’imposa comme un des plus prestigieux de l’Empire romain, quand Autun rivalisait avec Rome, mais aussi celle des moines vignerons bénédictins, de Cluny en particulier, ou celle des ducs de Bourgogne qui avaient château au Clos de Germolles…

Apprécier les bourgognes, c’est aussi s’intéresser aux innombrables facettes de leurs caractéristiques géographiques. Ici, en Côte chalonnaise, la nature reste magnifiquement présente, avec la conservation jalouse d’une grande biodiversité. Sur les coteaux, la vigne s’y développe avec bonheur, sans prendre toute la place pour autant, offrant un des plus beaux paysages viticoles au monde. Le vignoble de Mercurey en particulier, le plus vaste et le plus emblématique de cette Côte, peut être comparé à celui de la Montagne de Corton où les conditions géo-pédologiques se déclinent en deux partitions : l’une, majoritaire en surface, pour accueillir le pinot, l’autre très favorable au chardonnay. Mercurey peut ainsi rêver de voir un jour reconnaître un grand cru rouge et un grand cru blanc en son sein.

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Nous avons en tête (et en bouche) huit climats s’en rapprochant plus ou moins :  

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L’avis de notre expert Jacky Rigaux.

Les Champs Martin, de la race des grands crus

Il jouit d’un ensoleillement exceptionnel et de conditions argilo-calcaires dignes d’un grand cru. Les maturités précoces offrent au pinot noir une grande consistance associée à une belle souplesse, une texture qui gagne en complexité avec l’âge, et une longueur impressionnante. La base du climat se développe sur des terres blanches aux affleurements marneux qui conviennent parfaitement au chardonnay, donnant des blancs de grande consistance, avec une vivacité alerte et une élégante minéralité.

Le Clos des Montaigus, tendre et fruité

Adossé au château du même nom, il est plutôt argileux, avec cependant beaucoup de colluvions calcaires. Bien campé sur un plateau dans la continuité des Vellées, il donne sa préférence au pinot : vins à la robe soutenue, bien structurés, harmonieux, sur les fruits rouges dans leur jeunesse. En haut du coteau, on trouve des terres favorables au chardonnay, pour des vins tendres et fruités.

Le Clos du Roy, résolument rouge

Ancienne propriété des ducs de Bourgogne, c’est un climat installé à une altitude idéale, entre 235 et 250 mètres, sur un coteau qui a retenu les meilleurs limons. Le pinot traduit l’excellence du lieu : un rouge à la robe brillante, aux lumineux reflets violines quand il est jeune et à la consistance royale.

La Mission, résolument blanche

Tourné au sud et au sud-est, ce climat installé sur la croupe d’une très belle colline jouit du soleil dès le lever du jour. Bien protégé des vents froids du nord, sur un sol de marnes blanches très caillouteux qui restitue la chaleur du jour durant la nuit, ce lieu béni par Dame Nature enfante un vin à la vivacité discrète mais énergique. Ce vin, qui demande à vieillir pour livrer toute sa complexité, a tout d’un grand.

Le Clos l’Evêque, un modèle d’équilibre

Un climat historique de Mercurey qui se love sur un magnifique coteau, avec plus de calcaire en son sommet et plus d’argile à ses pieds, ce qui génère un grand vin de garde, d’une puissance assumée finement sculptée, qui le rend fort élégant quand le temps dompte sa fougueuse jeunesse.

Les Naugues, minéral avec grâce

Ancré à mi-coteau, avec une exposition plein sud, bien protégé des vents, c’est un climat solaire, un des plus précoces de l’appellation. Le sol est marneux, assez profond, avec l’apparition de fissures l’hiver, qui favorisent une bonne infiltration de l’eau, favorisant son utilisation optimale en fin de maturation. Plus secret, ce climat gagne assurément à être connu.

Les Combains, un grand classique

Son nom vient du mot gaulois cumba (« creux, vallée ») : il est proche d’une trouée dans la côte calcaire creusée par la fonte des glaces il y a 20 000 ans. Ce terroir constitué de calcaires oolithiques associés à de belles marnes et argiles, constitue une matrice exceptionnelle qui produit des vins d’une rare complexité.

Les Ruelles, une gourmandise

Orienté sud-est, ce climat solaire, installé sur un sol limoneux peu profond, très calcaire, donne naissance à un vin délicat, gourmand, finement bouqueté, fruité et floral, relevé par de délicates touches épicées.