Nathalie Kœnders, capitaine de capitale

L’ancienne sportive de haut niveau a assuré l’interim de François Rebsamen, revenu aux affaires fin août, dans un double rôle de coach et capitaine de l’équipe municipale dijonnaise. Nathalie Kœnders a assumé sa place dans le destin d’une « capitale régionale qui rayonne ». Tourisme, économie et enseignement supérieur sont toujours sur la feuille de match.

Par Dominique Bruillot
Pour Dijon-Beaune Mag #71
Photo : Christophe Remondière

Il y a vingt ans tout juste, elle décrochait le titre national de canoë-kayak catégorie K1 5 000 m. En 2018, pour raisons de santé, François Rebsamen lui donna sa bienveillance en même temps que la mission d’appliquer sa politique dans une ville qu’il dirige depuis 16 ans. Ce passage de témoin jusqu’à fin août, date de son retour officiel, fut fort de sens. Vingt ans après avoir été au sommet de sa vie sportive, elle avait rejoint le sommet de sa vie politique, par la force des choses.

Nouvelles articulations

Nathalie Kœnders, alors bien installée dans son nouveau fauteuil ducal, résume son road book avec une simplicité éclairante : « Dijon est une capitale régionale qui rayonne, le fait d’être devenue aussi une métropole est une chance pour la Ville, pour le Département, pour la Région. »
La nouvelle donne territoriale génère en effet de nouvelles articulations. « La loi définit quelles sont les compétences des institutions ; nous partageons ainsi avec la Région celle de l’économie, ce qui ouvre de grandes perspectives », poursuit celle qui, en écho à une vision politique qu’elle se doit de partager à différents niveaux, rappelle volontiers qu’elle est aussi vice-présidente de la Métropole en charge des relations avec le Département. Les grands axes fixés par François Rebsamen ont donc été maintenus. En premier lieu, un tourisme « digne d’une envergure internationale, avec 2 millions de personnes qui viennent voir Dijon chaque année ».

Modèle alimentaire 2030

Alors que la grande agglomération surfe sur la vague de sa métropolisation pour séduire sur un plan économique, la Ville, elle, capitalise sur son secteur sauvegardé et sa beauté intérieure. À la croisée des chemins bénis par l’Unesco de ses vieilles pierres, de l’effet Climats et des ouvertures programmées de l’ambitieux Musée des Beaux-Arts puis de la Cité internationale de la Gastronomie et des Vins, Dijon tisse sa toile à tous les étages de ses hôtels particuliers. « L’objectif est de travailler en concertation avec l’ensemble des acteurs du territoire, et à ce titre, le tourisme peut être aussi bien culturel que d’affaires, et l’enseignement supérieur peut jouer un grand rôle », résume Nathalie Kœnders. Sur ce dernier point, l’élue semble enthousiaste : « Nous travaillons ainsi sur l’école d’architecture et l’extension de l’Esirem (ndlr, l’École Supérieure d’Ingénieurs en Matériaux). » D’autant que ce type d’ambitions s’inscrit dans la droite ligne de ce qu’apporteront par ailleurs le gros dossier de la métropole connectée et la bataille engagée sur le terrain du programme Tiga (Territoires d’innovation grande ambition) lancé par l’État. Lauréate depuis janvier 2018 de l’appel à manifestation d’intérêt, Dijon Métropole se positionne dans ce cadre pour devenir LE territoire modèle du système alimentaire durable de 2030. Rien de plus, rien de moins.

Bientôt dans nos assiettes

Le challenge, dont on saura s’il sera validé (ou pas) dans sa globalité en fin d‘année, concerne diversement le projet d’une légumerie, la création d’un label « Dijon-agro-écologie », l’émancipation (déjà engagée) d’un vignoble renaissant (100 hectares dans deux ans), etc. Il s’appuie sur le pôle d’innovation Vitagora, le technopôle Agronov et l’écosystème d’innovation FoodTech. Autant d’acronymes liés au monde de l’agroalimentaire, qui pourraient bien un jour prochain faire partie de notre assiette quotidienne. Nathalie Kœnders ne veut pas pour autant faire de cette nouvelle donne territoriale le prétexte à se livrer à une course à l’échalote plus communicante que concrète. « Nous devons au préalable nous montrer fédérateurs, dans le respect des identités de chacun. L’important c’est déjà d’y croire », entonne la capitaine à l’approche du troisième tiers temps du mandat en cours. Le tout, sans se défaire d’un langage de coach tout naturel chez elle : « On procédera étape par étape, avec lucidité et pragmatisme ! »