Pierre Nudant (Nudant Automobiles) : « Comment gérer l’abysse de trésorerie ? »

Comme une grande partie de la filière automobile, le concessionnaire multimarques dijonnais (Volvo, Alfa Romeo, Jaguar et Land Rover) est sur la bande d’arrêt d’urgence, avec le plein d’incertitudes. Son dirigeant Pierre Nudant témoigne.

Pierre et sa sœur Valérie Nudant ont repris la concession parentale en 1998. Ils en ont fait un paradis pour grosses cylindrées, en zone d’activités de Chenôve. © Jean-Luc Petit

Origine, poids et taille de votre entreprise. 
Entreprise familiale dijonnaise, 25 millions d’euros de chiffre d’affaires, 42 personnes employées, en croissance jusqu’au 15 mars 2020 sur la distribution et la réparation automobiles : vente de voitures neuves et d’occasion, pièces détachées, atelier mécanique et carrosserie-peinture.

Votre entreprise est-elle fiévreuse, confinée ou dans un état préoccupant ? 
Nous sommes en équipe réduite, pour assurer la mobilité des professions médicales, paramédicales, et utiles ou nécessaires à la nation. Nous sommes forcément inquiets de la suite et des conditions de la future reprise : qui, quand, comment ?

Imaginez-vous des séquelles au-delà de la rémission ? 
Certainement, d’autant que beaucoup de questions restent en suspens : comment va reprendre l’activité et avec quels chiffres de vente ? Comment gérer l’abysse de trésorerie ? Comment nos collaborateurs vont-ils reprendre leur travail et dans quel état d’esprit ?

« Depuis de nombreuses années, la France était passée à côté, personne ne s’attendait à une telle déflagration. »

Avez-vous de suite pris conscience de l’ampleur de la catastrophe sanitaire ? 
Au départ non, même si certaines inquiétudes sont nées tôt. Depuis de nombreuses années, la France était passée à côté, personne ne s’attendait à une telle déflagration.

Quels ont été les premiers remèdes administrés ? 
Mesures de sécurité et gestes barrières dès l’annonce début mars. Puis, le 14 mars, nous avons appelé tous nos collaborateurs pour leur demander de rester confinés. L’entreprise a fermé ses portes et nous avons tenu un comité d’urgence pour organiser la reprise d’un service après-vente spécifique.

Avez-vous le sentiment que l’on se soucie de votre santé, que les dispositifs mis en place sont à la hauteur du défi ? 
Pour la santé de tous nos compatriotes, oui. Mais je ne pense pas que l’État se soucie réellement de notre santé économique pour le moment, même si un certain nombre de mesures a été pris. À la décharge de nos gouvernants, il s’agit d’une grande première pour notre pays depuis plus d’un siècle, nous sommes face à l’inconnu…

Qu’est-ce qui vous inquiète le plus ? 
La survie de l’entreprise si nous ne réussissons pas à relancer l’économie « rapidement ».

À titre personnel, que retirez-vous de cette situation hors norme ? 
Mes enfants, ma famille et mes amis me manquent beaucoup…

Cette période si particulière peut-elle conduire les Français à changer leur rapport à l’automobile ? 
Sans aucun doute, mais j’espère que nous saurons faire face à la récession qui se profile.


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