En à peine trois ans, Prestige Auto Beaune s’est imposé à la vitesse d’une Bugatti lancée à plein régime. Couple moteur de l’événement, Laurence et Serge Bierry ont tracé une belle route depuis qu’ils ont quitté Semur-en-Auxois pour rejoindre la capitale des vins de Bourgogne. La 4e édition, du 16 au 18 mai prochain, est tout bonnement féerique.

« Nous avions la puissance d’un quatre-cylindres, aujourd’hui nous rivalisons avec les V16 de Bugatti. » Serge Bierry a le mot juste. « Couple moteur » est d’ailleurs le petit nom que DBM avait donné à ces deux jeunes retraités hyperactifs, originaires de Semur-en-Auxois, dès la première édition de Prestige Auto Beaune, il y a seulement trois ans. Déjà, Serge et Laurence n’étaient pas du genre à se contenter d’avoir vécu une carrière professionnelle de cadres supérieurs. Cela se lisait dans leurs yeux. Ils avaient choisi Beaune pour leur nouvelle vie et donner naissance à un projet assez fou, tout à l’image de ces amoureux des belles mécaniques et de l’élégance. Prestige Auto Beaune est un bébé né sur le tard, mais un bébé bien né.
« Des choses pas vues à Paris »
Entre la première et la quatrième édition, la surface d’exposition a doublé. 10 000 m2, soit une fois et demie celle d’un stade de foot. Au premier rang des émotions, quelques hypercars et supercars dont, cette année, Bugatti venu raconter son histoire récente via l’iconique Veyron et l’hyper sportive Bolide, dédiée au circuit. En vue aussi, la très énerg(ét)ique Aspark SP600, l’hypercar électrique la plus rapide du monde présentée par la Manufattura Automobili Torino. Italdesign, un autre grand studio turinois, fait une apparition futuriste en déplaçant quelques modèles aussi exclusifs que fantastiques : la Zerouno Duerta et, pour la toute première fois en France, la Quintessenza. Plus fort encore que la Fashion Week, il y a désormais le Prestige Auto Week-End.

Quand on évoque les voitures incroyables avec des lignes à tomber par terre, comme toujours, vrombit un air d’Italie sous le capot. « Au tout début, j’ai fait les yeux doux aux gens de Bugatti, on nous avait alors demandé de faire nos preuves avant de revenir vers nous », s’amuse Serge. La légende a tenu parole. Elle aura pour voisine notre fleuron national, Alpine, constructeur à l’honneur qui débarque avec son prototype A390 Bêta et une F1 du team officiel. Le match France-Italie est lancé.
Le PAB, ce n’est pas seulement un salon. C’est un événement multiple « qui attire des marques mythiques et des constructeurs marginaux qu’on ne verra pas à Paris mais à Beaune ». Ses organisateurs ont fait leur « marché » dans les grands lieux de l’exposition automobile comme Zurich et Monaco. C’est sur le Rocher, justement, qu’ils croisent le nouveau propriétaire de Bertone. Jean-Franck Ricci, peu avare d’échanges dès qu’il croise des passionnés, cite le Prestige Auto Beaune comme une référence, sans savoir qu’il s’adresse aux créateurs de l’événement. Ni une, ni deux, le pli est fait. En 2025, le designer fera le déplacement avec la GB110 qui, dixit nos confrères de l’Auto Journal, « prétend surpasser la McLaren Senna ». Plus, toujours plus, encore plus !

« On doit nous trouver sympas »
Au nom du progressisme, quelques esprits grincheux malmènent ce petit monde de l’auto et du luxe, qui aime le beau et l’exceptionnel. Pour autant, les adeptes ne lâchent pas prise. 30 000 visiteurs sont venus en 2024. Et les premiers indices de réservation ne laissent pas entrevoir de baisse de régime en 2025. Le PAB est devenu le point de convergence entre l’excellence industrielle ou artisanale, qui en a fait sa destination, et le grand public qui veut sa part de rêve.
Cela dit, l’inaccessibilité n’a rien d’amoral, elle n’est que magie. « Une voiture peut avoir du charisme », sourit Laurence Bierry, force tranquille du couple moteur sur laquelle repose l’événement.
Prestige Auto Beaune, c’est aussi tout un écosystème composé de motos hors norme (ah, la Brough Superior !), de montres incroyables, de vintage à la marge et de prouesses artistiques époustouflantes. Un écosystème qui met le rêve à portée de bourse. Soit une vingtaine d’euros seulement l’entrée, pour un adulte qui peut faire le voyage en 2 CV et croiser David Hallyday, personnalité à l’honneur, le fidèle Ari Vatanen ou encore l’influenceur monégasque GMK, assurément bien dans son élément. PAB c’est people, exaltant et « too much ».
« On n’interdit à personne de rêver »
Serge Bierry, cofondateur de Prestige Events BFC
Il y a le « in » qui cartonne et le « off » qui fascine. Des soirées prestigieuses dans de jolis endroits comme l’Hôtel Le Cep prolongent le sentiment exclusif des partenaires et les salons feutrés permettent aux ténors de l’économie, addicts des grosses cylindrées et des belles marques, de convier leurs meilleurs clients en mode VIP.
Les établissements de Beaune font le plein. « On nous reconnaît, on nous invite et on nous réinvite partout, ce qui signifie peut-être qu’on nous trouve sympas », savourent les Bierry, pas peu fiers, pour des néo-Beaunois « de tutoyer de plus en plus de monde ici, y compris les autorités » ! Chacun, il est vrai, a conscience qu’une organisation de cet acabit laisse peu de place à l’approximation. La machine est belle en effet. Elle doit se montrer à la hauteur des innovations qu’elle magnifie.
Le moteur principal du couple est avant toute chose de rester en totale adéquation avec « un monde plein d’enfants gâtés qui veulent se faire plaisir ». En la matière, les créateurs du Prestige Auto Beaune donnent l’exemple. « On n’interdit à personne de rêver, rappelle Serge Bierry, moi-même, j’ai attendu l’âge de 65 ans pour avoir ma première supercar. » Et vroum, vive la retraite super et hyper active !