Trois jeunes vignerons font revivre l’âme viticole du Château Chardonnay

Chardonnay n’est pas seulement le cépage roi des blancs en Bourgogne. Il tient son nom d’un village de Saône-et-Loire, près de Tournus, où trois jeunes viticulteurs ont créé leur propre domaine dans l’ancien château.

Géré par Jean-Christophe Taboulot Romain Poncet et Jheriko Seveli (de g à d.), le domaine Château Chardonnay a livré son premier millésime en 2020. © Dominique Cadioux

Romain Poncet (38 ans), Jean Christophe Taboulot (36 ans) et Jheriko Seveli (28 ans). Ensemble, ces trois vignerons cultivent 30 hectares de cépages chardonnay, gamay et aligoté dans les secteurs de Chardonnay et Bray. Il y a trois ans encore, toute la vendange était vinifiée par la cave coopérative de Lugny. Considérant alors le château du XVe siècle que sa famille possède à Chardonnay, une ancienne ferme dédiée à la polyculture où son grand-père a développé la culture de la vigne, Romain prend le pari de redonner au lieu ses lettres de noblesse.

L’or vert de la Bourgogne du Sud

Revenons un instant au village de Chardonnay (de Cardonnacum, « l’endroit où poussent les chardons »), 203 habitants, berceau du cépage éponyme situé au sud-ouest de Tournus, sur les douces collines dominant la vallée de la Saône. Ici, les moines ont développé la culture de la vigne dans le courant du Moyen Âge, mettant en valeur un terroir bien spécifique situé entre 240 et 350 mètres d’altitude, qui donne des vins clairs, floraux et minéraux. Le fameux « or vert » de la Bourgogne du Sud. Pour autant, après avoir raté le coche de l’AOC en 1935, Chardonnay devra attendre 2005 pour qu’un décret institue l’appellation Mâcon-Chardonnay.

Dans ce contexte, Romain Poncet et ses deux associés élaborent un dossier solide pour monter un domaine viticole en 2019 et vinifier eux-mêmes le produit de leurs 12 hectares de vignes. Fait rare, les banques les suivent et financent l’entreprise. À part les murs, les dépendances du château sont vides. Ils investissent donc dans des cuves et une machine à vendanger. Les parents de Romain, Annie et Patrick, s’enthousiasment pour cette belle aventure synonyme de reconnaissance pour leur coin de terroir. Une aventure qui débute mal pourtant : après des vendanges satisfaisantes en 2020, le gel détruit 80% de la récolte en 2021. Heureusement, le millésime 2022 s’annonce prometteur.

Cuvées maison et bulles de crémant

À Chardonnay, nos trois compères pratiquent une viticulture la plus raisonnée possible. Pour la vinification, ils utilisent les levures indigènes, ces champignons unicellulaires et microscopiques qui se développent sur la peau du raisin. Rien de plus vivant et naturel ! Dans le caveau se côtoient cuves inox et fûts de chêne déjà vieillis. Les premières abritent la cuvée Origine, dont la particularité est de conserver le goût du fruit ; les barriques quant à elles maternent la Cuvée du Château, plus ronde et plus chaude.

Cette année, les vendanges se sont achevées le 11 septembre. Romain espère en tirer entre 20 et 25 000 bouteilles vendues à des prix très attrayants : 12 à 15 euros selon la cuvée. En parallèle, le domaine mise sur la production de crémant de Bourgogne, dont la demande ne cesse d’augmenter, pour se développer. Avec une devise comme leitmotiv : « Pour le roi des cépages blancs ! »

Texte et photos : Dominique Cadoux