Sport : Carine Montrésor (Jumps), la Dijonnaise qui monte

Elle tire de son parcours hors-norme une force pour aider les autres. Enseignante très engagée contre le décrochage scolaire, fondatrice de l’association Jumps pour donner un élan financier aux sportifs de haut-niveau, Carine Montrésor est la Dijonnaise qui monte… et qui bondit. Entretien.

Carine Montrésor, présidente-fondatrice de l’association Jumps et enseignante spécialisée dans le décrochage scolaire.© Iannis Giakoumopoulos / DBM

Enfant de la Ddas et seule fillette noire d’un village de Saône-et-Loire, chevalier de l’ordre national du mérite pour votre travail auprès des décrocheurs scolaires, parmi les 40 Femmes Forbes France 2023 : votre parcours est un « storytelling » qui plait à la presse. Étiquette dont on aimerait se défaire ou destin inspirant à partager ? 

Carine Montrésor : « Mon parcours est marqué par mes origines, mon identité et mes expériences uniques. Il est effectivement un storytelling qui attire l’attention des médias, je ne peux pas le nier ! À ce sujet, j’ai un livre en préparation… Si mon parcours peut modestement inspirer d’autres personnes à surmonter les obstacles et à poursuivre leurs rêves, alors je suis heureuse de le partager. 

Le 15 mai à Dijon, vous organiserez une soirée de gala autour du sport et de l’inclusion, en présence de la ministre chargée des personnes handicapées Fadila Khattabi. Quel est votre rapport à la pratique sportive ? Et quelle vertu associée est la plus importante à vos yeux ? 

Je suis une ancienne sportive de haut niveau en athlétisme. Le sport a toujours fait partie intégrante de ma vie, à travers la compétition ou simplement pour le plaisir et la santé. Mes deux enfants sont sportifs également. C’est un état d’esprit. La vertu que je retiens est probablement la discipline : le sport enseigne la discipline personnelle, la persévérance et la capacité à se fixer des objectifs et à travailler dur pour les atteindre. J’ai toujours gardé le goût de l’effort et du challenge ! 

Pour la première fois dans l’histoire, les JO de Paris font état d’une parité totale chez les athlètes. Hourra, « on est les champions » ?

Absolument, cette parité totale est une étape historique et mérite d’être célébrée. C’est un pas important vers l’égalité des genres dans le sport, et cela envoie un message fort sur la diversité et l’inclusion dans le monde sportif. Je repense à la médaille d’or de Teddy Riner à Tokyo 2020 : sans l’épreuve mixte, il n’aurait pas eu de médaille d’or !

Les Jeux paralympiques éclairent les thèmes du handicap et de l’inclusion. Les bons sentiments sont une chose, les moyens financiers en sont une autre. Fatalité ou simple retard au départ qu’il faut rattraper ?

Indéniablement, les bons sentiments ne suffisent pas à garantir une réelle égalité des chances. Il est crucial d’investir des moyens financiers adéquats pour soutenir les athlètes paralympiques, promouvoir l’accessibilité et l’inclusion dans le sport, et changer les mentalités. Ce n’est ni une fatalité ni un simple retard, mais plutôt un défi à relever collectivement.

L’association Jumps se passe de traduction. Quel combat personnel vous fait « bondir » le plus ? 

L’égalité des chances et la justice sociale. Le fait que certains sportifs de haut niveau manquent d’aides financières à l’aube des JO m’interpelle. Rien ne devrait limiter les opportunités d’une personne en raison de son origine, de son genre, de sa situation économique ou de tout autre facteur discriminatoire. Je me bas tous les jours pour défendre ces valeurs dans mon métier d’enseignante et dans mon rôle de fondatrice-présidente de l’association Jumps (Jeunesse Urbaine Mission Passion Sport), créée en 2017. Aider des sportifs talentueux à performer dans leur sport, être une facilitatrice…

Vous cultivez un rapport fort à l’enseignement. Sans refaire le match quant à ses missions fondamentales, en quoi l’école a « fait » la femme que vous êtes ?

L’école a joué un rôle fondamental dans la construction de ma personne. Elle a été un véritable « escalier » social, car j’ai monté les marches une à une. J’ai un parcours scolaire atypique qui m’a conduit d’un CAP au CAPES. Adulte, j’ai voulu aider les autres. C’est le sens de mon engagement d’enseignante avec 100% de réussite au bac depuis plus de vingt ans, avec un public de jeunes en décrochage scolaire. D’une certaine manière, je redonne ce que l’on m’a donné.

Sur la ligne d’arrivée, qu’aimeriez-vous que l’on retienne de votre engagement ?

Dans le sport, l’éducation ou d’autres domaines, je veux être reconnue comme quelqu’un qui a travaillé pour créer un monde où chacun a des chances égales de réussir. Quand je lis les témoignages d’anciens élèves, je suis fière d’avoir été cette main tendue et de les avoir aidés à s’accomplir. »

👉 Dîner de gala caritatif de l’association Jumps – Mercredi 15 mai au Cellier de Clairvaux à Dijon – Inscription en ligne