Étude Ifop : la « génération Y » sait-elle boire et parler vin ?

Une récente étude Ifop (*) dresse une vision d’ensemble intéressante sur la fameuse « génération Y » et son rapport au vin. Réalisée à l’occasion du Vinocamp 2016, elle en dit un peu plus sur l’image, la consommation et la connaissance des jeunes bacchusiens (ou pas) de 18 à 30 ans. Et souligne, en creux, l’importance capitale du partage et de la transmission. 

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Photo : Clément Bonvalot

Le Vinocamp est un événement saisonnier et itinérant qui réunit les professionnels du vin et tous les passionnés pour échanger sur l’impact du digital et des nouvelles technologies sur la filière du vin. Né en 2010, il regroupe une communauté de plus de 2 000 fidèles, participants et contributeurs réguliers. L’édition 2016 s’est déroulée le 14 octobre à Paris et avait pour thème « La génération Y sur les routes du vin ». Une étude Ifop / Vin & Société a été spécialement menée pour lancer l’événement en présence de Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop. En voici l’illustration :

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Partons du plus général : 7 jeunes français sur 10 déclarent boire du vin. Souvent pour accompagner un repas : le breuvage unit les générations pour des moments de partage et de convivialité. Et les jeunes y tiennent : 67% considèrent qu’il est un élément de l’art de vivre à la française auquel ils sont attachés. D’ailleurs 40% des jeunes consommateurs se tournent vers leur famille pour découvrir son univers. Cette sensibilisation inter-générationnelle prouve une chose : le vin est un monde qui ne peut se découvrir qu’à travers l’expérience humaine.

Image et culture du vin : transmission et reproduction

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Si la consommation de vin à l’apéritif est une pratique émergente, elle ne fait pas partie des priorités des tranches d’âge les plus jeunes. Ces dernières restent sur un rapport traditionnel et « classique » d’un produit du terroir à part entière, qui se déguste dans un cadre un peu plus « formel » qu’un simple apéritif : seulement 12% des jeunes Français qui consomment du vin le font à ce moment.

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Les données sont claires : la découverte et l’intérêt du vin viennent progressivement avec l’âge et l’installation dans une vie adulte. 43% des jeunes vivant en couple déclarent ainsi s’intéresser à la culture du vin contre 33% des célibataires et seulement 21% des jeunes vivant chez leurs parents. Cet intérêt croît également en fonction de la présence chez les parents de vin ou de champagne à table. En effet, seuls 11% des jeunes qui n’ont (ou n’avaient) jamais de vin présent dans le foyer familial s’intéressent à la culture du vin contre 50% des jeunes qui en relevaient une présence régulière.

Un univers rendu complexe

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Le fossé ! 7 jeunes Français sur 10 déclarent en boire… et 3 disent s’y connaître et pouvoir en parler. Cette donnée confirme que le vin est rendu complexe par un langage de plus en plus exclusif. L’écrivain Gérard Oberlé parle avec malice de la « flatulence verbale du sommelier ». Pour les 72% ne se sentant pas à même de parler du vin, les raisons évoquées concernent avant tout le fait que ces derniers ne savent pas bien décrire les goûts et les arômes (45%), 27% relèvent la complexité de cet univers et 18% manquent de vocabulaire.

Le décalage entre une « élite » sachant manier le verbe et le reste se fait sentir. C’est bien dommage : le vin est un vecteur de convivialité. Sa connaissance comme sa dégustation doivent se faire de manière simple, sans jargonnage grandiloquent. À ce titre, le Code du Permis de Bourgogne, en kiosque, ouvre une voie au « savoir pour tous ». Ou comment se réapproprier un domaine qui échappe à beaucoup. Aux jeunes en premier lieu.

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(*) Réalisée sur un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 à 30 ans du 20 au 24 juin 2016. Méthode des quotas.