Acheter des pièces du domaine des Hospices de Beaune sous la halle, le troisième dimanche de novembre, est un art subtil de professionnel du vin. C’est aussi un élan du cœur, au nom de six siècles d’histoire et d’une suprême cause hospitalière. Certains acteurs en ont fait un sacerdoce. Avant la 165e édition ce dimanche 16 novembre, DBM en a sélectionné une dizaine, soit autant d’histoires à saisir au fil cette intime « descente aux enchères ». Jean-François Vandroux, le cogérant d’Anima Vinum identifiable par son escargot totem, est tombé en amour des vins des Hospices. Il en bave d’admiration !

Jean-François Vandroux et Pierre Grimaldi se sont rencontrés sur les bancs du lycée agricole de Dijon, en 1983. Une quinzaine d’années plus tard est né Anima Vinum, un négoce basé à Meursault, fidèle à une idée simple : proposer uniquement des vins de vignerons-récoltants.
Émile l’escargot est le totem de cette philosophie artisanale. Il incarne l’éloge du temps long et de l’élevage patient, mais aussi le rapport au terroir. « L’escargot a le goût de l’endroit où il vit », aime rappeler Jean-François, lui-même enfant de Levernois, ayant été piqué par le virus grâce au vigneron de Savigny-lès-Beaune Roger Bouchotte.
Pierre et Jean-François sont entrés dans la danse des Hospices en 2005, à l’arrivée de Christie’s (opérateur jusqu’en 2020), en se basant naturellement sur un système de co-achats et un élevage confié à des vignerons partenaires, parmi lesquels Francis Lechauve et Agnès Paquet à Meloisey. Anima Vinum a bien travaillé, au point de devenir le deuxième ou troisième acheteur de la Vente selon les années, – « le premier artisanal », précise-t-il dans un sourire.
C’est dans ce cadre qu’a eu lieu une rencontre décisive : celle d’Alaor Pereira Lino, businessman brésilien ayant fait fortune dans la chimie au service de l’industrie cosmétique. Un homme d’instinct et de passion. « Début novembre 2013, Roland Masse (ndlr, ancien régisseur du domaine) nous avait accueilli en dégustation dans la cuverie des Hospices. De retour au Brésil, Alaor suivait la vente en ligne – ce que nous ignorions – et nous a appelé pour acheter sur un coup de tête une pièce de Mazis-Chambertin », s’étonne encore le négociant à propos de son partenaire devenu associé, acheteur de la pièce de charité en 2018, 2019 puis 2024.
L’entrepreneur est ainsi devenu le premier ambassadeur de la Bourgogne et des Hospices à São Paulo, embarquant ses enfants dans l’aventure, avec une boutique et un espace dédié aux vins des Hospices. Tant et si bien que « le Brésil représente aujourd’hui près de 20 % de l’activité d’Anima Vinum ». Samba !
Sous la halle le dimanche, quand il faut se donner du courage, l’équipe franco-brésilienne a installé une sympathique tradition, dans le plus pur style bourguignon. « On ouvre une bouteille des Hospices, on mange un morceau de persillé… » Pas d’escargots, cela va de soi. Émile ne supporterait pas…



