Groupe Guiton : le pari du « faire ce que l’on dit »

À Quetigny, le groupe dijonnais Guiton s’apprête à emménager dans « Bloom  », un siège social qui se veut à la fois laboratoire, vitrine et manifeste d’un modèle de construction plus rapide, plus propre et plus local. Derrière cette ambition, un duo de dirigeants complémentaires, Cyrille Guiton et Cyrille Godey, qui cultivent une même foi dans l’action concrète.

Cyrille Guiton (à gauche), fondateur du groupe éponyme, et son associé Cyrille Godey. ©Arnaud Morel/DBM

Le chantier est presque terminé. Sur la parcelle de 6 000 m2 baptisée Europa Fields, à Quetigny, près de Dijon, s’élève un bâtiment de bois, de métal et de verre. C’est « Bloom », le futur siège du groupe Guiton, contractant général dijonnais fondé en 2012. 1 100 m2, 3,5 millions d’euros d’investissement, quatorze mois de travaux et une promesse : démontrer qu’un acteur régional du BTP peut conjuguer performance économique et exemplarité environnementale. « Bloom, c’est notre laboratoire, l’image de ce que l’on sait faire et de ce que l’on veut faire », résume Cyrille Guiton, ingénieur de formation et fondateur du groupe.

Derrière la façade élégante dessinée par le cabinet Archiducs, tout ou presque relève d’un choix stratégique. Le bâtiment a été pensé pour tester grandeur nature les savoir-faire internes du groupe : structure bois en lamellé-collé fabriquée par MOB 21 à Arc-sur-Tille, infiltration intégrale des eaux pluviales, 520 m² de panneaux photovoltaïques, et surtout une isolation réalisée à partir de textiles recyclés fourni par l’entreprise lyonnaise Buitex. « C’est dans le textile que se situe l’urgence : on jette des montagnes de vêtements, et seul un quart est recyclé. À notre échelle, on veut prouver les qualités de cet isolant issu du recyclage textile, non seulement vertueux mais également très performant au niveau de l’isolation thermique », explique Cyrille Guiton. 

Autre innovation déployée sur ce programme, la construction hors site. Les éléments du bâti et de l’aménagement sont assemblés en usine, avant de rejoindre le chantier. À la clef, un gain de temps et une sécurité des personnels nettement améliorée. « Ce mode construction « hors site » nous fait gagner un mois et demi de délai sur l’ensemble du chantier », estime le fondateur.

Le bâtiment, conforme à la future réglementation RE 2025, vise l’autonomie énergétique : la production électrique dépassera la consommation d’environ 20%. « Nous allons même tester la mutualisation locale avec la SEM Énergie de Dijon », précise-t-il. L’édifice n’est donc pas qu’un siège, mais un démonstrateur technique et un manifeste de méthode : construire vite, proprement et sans promesse creuse. « Notre mot d’ordre, c’est faire ce que l’on dit. Bloom en est la preuve physique », estime le dirigeant.

Les bâtiments EuropaFields, comme celui de Bloom, consomment 570 TEQ CO2 en moins qu’une construction en béton classique, soit l’équivalent de 643 vols Paris-New York. ©Arnaud Morel/DBM

Derrière la réussite, un duo

En 2022, Cyrille Godey, également ingénieur et fort de quinze ans d’expérience dans le contractant général, rejoint l’aventure. « Je n’ai pas créé ma boîte, mais presque, le jour où j’ai rencontré Cyrille », sourit-il. L’écoute client est au centre de sa démarche. « Notre métier, c’est de concevoir des outils de travail. On ne vend pas du béton, on vend de l’ergonomie, de la qualité d’usage », détaille-t-il.

Leur modèle repose sur une organisation claire : une holding, Guiton Compagnie, et quatre filiales couvrant l’ensemble de la chaîne — maîtrise d’œuvre (Visa), ingénierie environnementale (Croqüs), gros œuvre (BIE), et montage d’opérations (Osta). « L’activité de contractant général constitue 90% de notre chiffre d’affaires, ce qui en fait notre coeur de métier. On offre un contrat unique, de la conception au financement », détaille Cyrille Guiton. Ce positionnement, inspiré du modèle anglo-saxon, garantit à leurs clients délais, prix et qualité, là où le BTP souffre encore de sa réputation de dépassements chroniques.

Avec 45 salariés, un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros en 2025 (20 millions en 2024), le Groupe Guiton poursuit une croissance patiente, sans plan de conquête préétabli. « On avance par vagues, pas par stratégie figée », admet Cyrille Guiton. Leur approche reste pragmatique : miser sur les rencontres, les opportunités, les talents capables d’ouvrir un territoire. « On accompagne les gens, pas l’inverse. Si la vague pousse, on la surfe », glisse le fondateur en souriant. Les deux hommes partagent un même ancrage local — soutien au semi-marathon de Beaune, aux Écrans de l’Aventure de Dijon — et une même vision du rôle d’entreprise citoyenne. « Être acteur d’un territoire, c’est participer à sa vie économique, mais aussi culturelle et associative », revendiquent-ils. 

L’avenir, ils le regardent à la fois avec méthode et curiosité. Bloom, leur bâtiment démonstrateur, intègre déjà des capteurs de présence, une station météo et une gestion technique numérique.