Beaune à travers ses cuvées des Hospices : Nicolas Rolin, le fondateur

La cinquantaine de cuvées du domaine des Hospices de Beaune raconte une histoire de la ville et de cet extraordinaire patrimoine viticole constitué au fil des donations. L’auteur et dégustateur Laurent Gotti, grand spécialiste du sujet, revient sur les plus emblématiques. Épisode 1 avec Nicolas Rolin, le fondateur des Hospices en 1443.

Nicolas Rolin, fondateur des Hospices de Beaune, a donné son nom à une cuvée de Beaune 1er cru. © Archives de Beaune

par Laurent Gotti, avec le concours de Mathias Compagnon, archiviste à Beaune

Vivre jusqu’à 85 ans au XVe siècle suffisait déjà à faire de vous un homme exceptionnel. Mais le destin de Nicolas Rolin, fondateur des Hospices de Beaune, se révèle extraordinaire si l’on prend soin d’examiner plus en détail son parcours. Chancelier du duc de Bourgogne pendant 40 ans (de 1422 à 1462), il était en quelque sorte le premier ministre bourguignon. Rien ne le prédestinait pour autant à des fonctions aussi prestigieuses. Ce contemporain de Jeanne d’Arc a marqué une page d’histoire particulièrement cruciale et agitée de sa région : meurtres, trahisons, complots, enlèvements… Avec pour toile de fond la guerre de Cent Ans opposant Français et Anglais. Les ingrédients qui peuplent notre imagerie du Moyen Âge sont tous rassemblés dans l’existence du chancelier.

Il a 66 ans quand il décide de fonder un hôpital pour les « pauvres malades ». C’est en homme soucieux de son salut qu’il prend cette initiative. Il souhaite se départir de ses « biens temporels » et « laisser ce qui est transitoire, pour jouir des biens éternels », selon les termes qu’il prononce lors de l’acte de fondation en 1443. L’homme n’avait sans doute pas totalement la conscience tranquille, tant ses fonctions l’ont amené à prendre part aux troubles de son époque. Dont précisément la capture et la livraison aux Anglais de Jeanne d’Arc par ses soldats (ndlr, ce que le maire Alain Suguenot ne manque pas de souligner dans une interview récente).

Rien de plus logique qu’une cuvée du domaine des Hospices de Beaune porte le nom de Nicolas Rolin. Une des plus qualitatives en beaune premier cru. Elle est issue de l’assemblage de cinq climats différents : En Genêt, Les Bressandes, Les Grèves, Les Teurons mais surtout les Cents Vignes (la moitié de la superficie totale de la cuvée). Ce climat apparaît dès 1497 dans les archives de l’institution. Nous sommes donc ici au cœur historique du domaine des Hospices. Ces vignes sont implantées en bas de coteau, sur des sols assez profonds au nord de l’appellation. Un vin de longue garde qui fait preuve le plus souvent d’une structure affirmée mais sans rudesse.

> Découvrir tous les vins des Hospices de Beaune ici