Passionné de voitures d’exception, Benoît Chaudron se rend en 2023 à Prestige Auto Beaune, où il rencontre Damien Alfano et craque pour la Quarkus. Le patron de Construction Réalisations agricoles industrielles (CRAI) décide alors d’investir au côté du constructeur français. Retour sur une histoire d’amour qui en a encore sous la pédale, entre Semur-en-Auxois, Beaune, la Finlande et la mythique course de Pikes Peak.

20 juin 2024, État du Colorado, mythique épreuve de Pikes Peak. Damien Alfano est fébrile. On le serait à moins. Son défi fou du moment : mettre sa créature motorisée à l’assaut de la Course des nuages. La Quarkus a été retenue, c’est déjà énorme. « On a réalisé une voiture de course en quatre mois, en partant pratiquement de zéro », témoigne l’audacieux constructeur, qui a largement aussi parié sur Prestige Auto Beaune pour s’imposer dans le monde exclusif des super cars.
Une aventure semuroise
Certes, il n’est pas envisageable de rivaliser avec la mythique 208 T16 de Sébastien Loeb, détenteur de l’inaccessible record thermique de l’épreuve, en 8 min et 13 secondes. L’objectif est déjà de prouver, avec l’excellent Bruce Jouanny au volant – pilote talentueux, animateur de la déclinaison française de Top Gear –, que la Quarkus a le potentiel pour figurer dans la cour des grands. Un homme suit tout ça de très près. Avec pratiquement autant de tension que Damien Alfano. Il est accompagné de son épouse Nadège et de ses enfants Jean et Juliette, qui ont fait avec bonheur le déplacement depuis la Bourgogne. Cet homme, c’est Benoît Chaudron.
Entreprendre est son carburant. Jeune ingénieur diplômé, déjà, il reprend l’atelier du paternel spécialisé dans la construction agricole. « Mon père travaillait seul à Semur, il gagnait bien sa vie, mais en deux décennies, j’ai élargi nos compétences, développé l’activité, passé de 450 000 euros de chiffre d’affaires à plus de 16 millions », constate celui qui est largement sorti de sa zone géographique, pour s’attaquer à d’autres marchés au sud de Paris et à l’est de la France.
Benoît Chaudron est un fonceur. Il ne s’arrête pas en si bon chemin. Le photovoltaïque lui tend les bras. Alors, après CRAI, spécialisée dans les constructions métalliques, il crée CRAI Énergies. 13 millions s’ajoutent au compteur des ventes. À elles deux, les structures font travailler une soixantaine de personnes.



Un stage en Finlande
L’homme a des qualités qui lui font naturellement croiser la route de Serge Bierry : l’un et l’autre sont attachés à leur petite patrie semuroise, l’un et l’autre sont raides dingues des grosses et belles cylindrées. « Du rallye à la F1 », en ce qui concerne Benoît Chaudron. Prestige Auto Beaune devient une incontournable destination.
C’est là, en 2023, qu’il croise Damien Alfano et Ari Vatanen. Le premier l’embarque à bord de son projet de constructeur, dans lequel il prend quelques « BSA » (bons de souscription d’action) qui se transformeront en 3% de participation. Le second lui fera faire un mémorable stage de conduite en Finlande. La cinquantaine qui réussit, en dehors du phénomène Rolex rendu célèbre par le publiciste Jacques Séguéla, a du bon.
Le modèle économique de Quarkus est, en apparence au moins, d’une simplicité biblique. Pour gagner le pari en amont, il faut réunir plus de 5 millions d’euros de souscription. Au bout de la chaîne – terme impropre en la circonstance car dans les Yvelines il s’agit plus d’un atelier que d’une usine de type industriel –, 26 bolides seront produits et vendus, à environ 200 000 euros pièce.
La marque française sera alors officiellement consacrée parmi les grands noms de la construction automobile. Il y a fort à parier aussi, sur un segment aussi exclusif, que les rares Quarkus en circulation seront de nature spéculative. Et que l’un des heureux propriétaires de ces petits bijoux habite déjà du côté de Semur-en-Auxois…



