Burgundy, Burgund, Borgogna ? L’interprofession des vins de Bourgogne veut éviter la schizophrénie

Le sujet sur la traduction du nom « Bourgogne » à l’étranger pour évoquer ses vins ne date pas d’aujourd’hui. Le BIVB remet une bonne fois pour toutes l’église au milieu du cépage, pour conserver une identité forte. Après tout,« on ne traduit pas un nom de famille » !

Les années où il n’y a pas de pandémie mondiale, une bouteille de bourgogne sur deux voyage dans près de 170 pays du monde. Cela demande un peu de coordination dans la façon de présenter nos flacons, car tous ces endroits du globe ne maîtrisent pas la subtilité de notre système d’appellations. « Le consommateur se repère grâce à l’origine, le nom de notre vignoble. Il est donc indispensable d’afficher un seul nom puissant, synonyme d’excellence et de respect des origines », tranche le BIVB. Depuis 2012, l’interprofession ne traduit donc jamais le nom Bourgogne, quel que soit le pays. Tout l’enjeu est « d’aider les consommateurs à s’y retrouver, en mettant enfin en cohérence les étiquettes de nos vins et le nom du vignoble où ils sont nés. »

Pourtant, nous sommes le seul vignoble français dont le nom est traduit : « Burgundy » chez les anglophones, « Burgund » chez les germanophones, « Borgogna » en Italie, etc. Une habitude qui remonterait à la construction même de la région, depuis toujours carrefour d’échanges européens. Ainsi s’installe le paradoxe : « Les 200 millions de bourgognes commercialisés chaque année portent le nom Bourgogne sur leur étiquette : via leur appellation (Bourgogne, Crémant de Bourgogne, Bourgogne Aligoté…) ou la mention Vin (ou Grand Vin) de Bourgogne. Pourtant, c’est bien dans un rayon intitulé Burgundy, Burgund, Borgogna… que les consommateurs vont acheter ces vins. De quoi rendre schizophrène ! »

« Si nos appellations sont nos prénoms, alors Bourgogne est notre nom de famille. On ne traduit pas un nom de famille ! »

François Labet, le président du BIVB au côté du tout récent président du négoce Frédéric Drouhin, a le sens de la comparaison : « Je dirais que, si nos appellations sont nos prénoms, alors Bourgogne est notre nom de famille. Celui qui nous réunit tous, avec nos valeurs communes et toute la diversité de nos vins. On ne traduit pas un nom de famille ! »

Les choses évoluent. La Bourgogne revient en français dans le texte, mais il faudra encore un peu de temps pour assimiler ce retour aux origines. « Alors que Burgundy est le nom le plus connu pour ce vignoble français dans les pays anglophones, je garde à l’esprit que tous les autres vignobles français conservent leur nom d’origine, où qu’ils soient référencés dans le monde. Aussi, je comprends parfaitement pourquoi la Bourgogne ne veut plus être une exception et choisit de mettre fin à l’usage de son nom en anglais », explique par exemple Patrick Schmitt, rédacteur en chef de The Drinks Business, interrogé par le BIVB. Voilà qui est dit. No more to be said, comme on dit de l’autre côté de la Manche.