Chalon dans la Rue : la rue qu’est à eux

Pour remplacer le festival, l’équipe de Chalon dans la Rue invente des Rendez-vous d’automne, d’abord intimistes, puis plus ouverts si le vent tourne. L’occasion de renouer le lien, un peu distendu ces dernières années, avec les Chalonnais ?

Les crieurs de Chalon dans la Rue
En lieu et place de Chalon dans la Rue, l’opération « Et si on se donnait des nouvelles » a permis aux Chalonnais de s’exprimer sur carte postale. Fin juillet, des équipes de crieurs de rue parcouraient la ville pour lire ces missives témoignant largement de l’attachement des habitants à leur festival. © Jean-Luc Petit

« Passée la stupeur, quand nous avons compris qu’il n’y aurait pas de Chalon dans la Rue cette année, nous avons eu envie d’inventer une nouvelle histoire, celle du Grand Duché de Chalon, un pays imaginaire qui se réveille doucement, à travers une série de rendez-vous qui vont aller crescendo jusqu’en octobre prochain. Fin août, nous proposerons une série de spectacles de petite forme, intimistes, puis fin septembre et fin octobre, nous les ouvrirons plus largement jusqu’à réinvestir la rue, qui se sera réveillée. » À écouter Pierre Duforeau, le directeur artistique du festival, la rentrée s’annonce animée, mais nucléaire, ramenée à un rapport plus étroit entre les Chalonnais et leur festival.

La manifestation, l’une des plus importantes de France en matière d’art de rue, n’animera pas la ville comme à l’ordinaire, quand Chalon devient, pour quelques jours, l’épicentre des festivals d’été, drainant en ville des dizaines de milliers de spectateurs parfois venus de loin. 2020 sera une année plus strictement chalonnaise, avec moins de visibilité à l’extérieur mais, peut-être, une proximité renforcée entre les habitants de la cité et leur festival.

« NOUS VOUS AVONS ÉCOUTÉS »

le 22 juillet dernier, pour marquer ce qui aurait dû être le lancement de Chalon dans la Rue, un funambule traverse la Saône en hommage au festival. © Jean-Luc Petit
le 22 juillet dernier, pour marquer ce qui aurait dû être le lancement de Chalon dans la Rue, un funambule traverse la Saône en hommage au festival. © Jean-Luc Petit

Sans dire qu’il y a urgence à le retisser, ce lien s’est un peu distendu ces deux dernières années, avec une fréquentation décevante pour l’édition 2019. 2018 avait déjà commencé à jeter le trouble. Sous l’impulsion de son tandem de direction – Pierre Duforeau et Bruno Alvergat – l’événement s’est modifié, laissant un peu moins de place aux spectacles festifs pour ouvrir à des propositions plus « intellectuelles », donc nécessairement moins accessibles. Chalon dans la Rue s’est-il écarté de son propos ? Pierre Duforeau s’en défend : « Nous avons un peu changé la formule, ce qui, avec le mauvais temps de l’an passé, a pu perturber les spectateurs, et nous donner une image plus intello, même si cet adjectif ne s’appliquait qu’à une infime partie de notre programmation. L’annulation de l’édition 2020 est à cet égard particulièrement frustrante, car c’était pour nous l’année de la réinstallation, avec un message aux Chalonnais : nous vous avons écoutés. » Pour, quand même, donner corps à cette idée de rapprochement entre le festival et sa ville de naissance, l’équipe a imaginé « Et si on se donnait des nouvelles », une opération de diffusion de cartes postales aux locaux, qui sont invités à les retourner accompagnées d’un petit mot. Fin juillet, des équipes de crieurs de rue parcouraient la ville pour lire ces missives témoignant largement de l’attachement des habitants à leur festival, dont l’absence se fait cruellement sentir. Ce « manque » ne concerne d’ailleurs pas que les Chalonnais, mais tout le monde des arts de rue. « Chalon dans la Rue est le principal “marché” pour les spectacles de rue. Des compagnies de toute la France viennent y montrer leurs créations, et y rencontrer des programmateurs. Pour assumer notre rôle moteur, nous allons augmenter significativement le nombre de résidences – autour de quinze cette année. Nous ne sommes pas simplement un festival, mais aussi un Centre national des arts de la rue et de l’espace public, qui se doit d’aider une profession sinistrée », estime enfin Pierre Duforeau, conscient de la responsabilité de Chalon en la matière.

 

 

L’Aube de Chalon dans la Rue, les 29 et 30 août !

Les voici, les premiers spectacles de Chalon dans la Rue édition 2020. C’est l’aube, les 29 et 30 août prochain, une Aube pleine de promesses et d’interrogations. Le public s’inscrit, gratuitement, sur un créneau horaire de son choix, entre 10 heures et 18 heures. Le lieu du premier rendez-vous est alors dévoilé, où l’on se rend, à l’heure dite, masque anti-covid sur le visage. L’équipe du festival prend ensuite les choses en main, et ce sont deux ou trois spectacles qui vont s’enchainer. Des formes courtes, de 15 à 35 minutes, extrêmement variées, puisant dans le cirque, la danse, les marionnettes, les performances artistiques et musicales. 10 spectacles, 10 lieux et 6 parcours sont proposés. La promesse d’une vraie surprise pour rythmer cette fin d’été.

L’Abattoir, siège du Centre national des arts de la rue et de l’espace public. ©Jean-Luc Petit