Coupes rases dans le Morvan : le Parc naturel régional déçu, mais pas abattu

Le Parc naturel régional du Morvan cherchait à faire réviser le cadre légal des coupes rases, pour limiter cette pratique qui touche particulièrement ses forêts. Une requête refusée par le conseil d’État. Le PNR regrette une « lecture stricte de la réglementation actuelle » mais entend poursuivre sa mission environnementale.

Protecteur de trésors naturels comme ici avec le mont Touleur, le Parc naturel régional (PNR) du Morvan souhaite renforcer le cadre légal de la pratique des coupes rases, soit l’abattage de tous les arbres d’une parcelle dans le cadre d’un usage forestier. © Michel Joly / Bourgogne Magazine

Le 7 février dernier, le conseil d’État rejetait la requête du Parc naturel régional (PNR) du Morvan, consistant à revoir le cadre légal des coupes rases en forêts pour des motifs environnementaux et paysagers. Le PNR avait essuyé un premier refus du gouvernement et avait engagé cette procédure supérieure, en s’appuyant sur une directive européenne qui exige d’évaluer l’incidence des déboisements. Or cette directive ne s’applique que pour des opérations qui changeraient l’usage forestier des sols concernés. Bilan des courses : statu quo.

Par la voie d’un communiqué de presse, le PNR et son président Sylvain Mathieu ont une nouvelle fois motivé cette action, en cohérence avec leur charte. « Cette démarche, qui n’avait pas pour objectif d’interdire totalement cette pratique, avait simplement pour ambition de soumettre à une phase préalable d’évaluation environnementale toute coupe rase supérieure à 0,5 hectare (ndlr, contre 4 hectares actuellement). Les récents travaux de notre conseil scientifique dans ce domaine ont démontré clairement les risques de ces pratiques sur le paysage, l’eau, le sol et la biodiversité. »

Et de regretter la « lecture stricte de la réglementation actuelle » de la part du conseil d’État. D’après le Parc naturel régional du Morvan, « cette évaluation environnementale préalable, qui n’empêche en aucun cas la sylviculture et la production de bois, permettrait d’apporter toutes les garanties de gestion vertueuse attendues légitimement par la société. Elle pourrait aussi contribuer à rassurer le public aujourd’hui inquiet, sur l’utilisation du bois tant comme matériau de construction que comme énergie renouvelable. Par ailleurs, dans un contexte de bouleversements écologiques, l’application d’un tel dispositif était de nature à améliorer et renforcer la résilience de nos écosystèmes forestiers. »

Et de préciser : « Nous poursuivrons nos actions en partenariat avec les acteurs forestiers pour améliorer la prise en compte des enjeux environnementaux, dans l’attente d’une loi qui nous l’espérons intégrera en son sein des dispositions favorables à nos objectifs. » Déçu, le PNR, mais pas abattu.