Dijon fait valoir ses atouts pour héberger l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin

En concurrence avec Bordeaux et Reims, la Ville de Dijon tient à accueillir l’OIV. François Rebsamen en personne tient son rang de vigne. Climats de Bourgogne, BIVB, Université de Bourgogne, Région : les autres forces vives du territoire étaient réunies pour défendre cette idée, mardi 15 juin, à l’hôtel Bouchu-d’Esterno.

C’est un dossier qui était traité hors des radars et se retrouve sous les feux de l’actualité : l’Organisation internationale de la Vigne et du Vin (OIV), installée à Paris depuis 1924, va déménager pour son centenaire. Dijon a dégainé en premier et se voyait déjà désignée. Patatras, Bordeaux et Reims se proposent à leur tour. En réponse, la capitale ducale montre les muscles et fait valoir ses atouts, en premier lieu l’hôtel Bouchu-d’Esterno.

François Rebsamen n’y va pas pas quatre chemins de vigne et parle volontiers d’« ONU du vin ». Manière de faire les yeux doux à un organisme dont, il faut bien l’avouer, le grand public avait peu entendu parler à ce jour. Cela dit, l’OIV regroupe tout de même 48 États membres, qui représentent près de 85% de la production viticole mondiale. Présidée par une Brésilienne, Regina Vanderlinde (en poste jusqu’en juillet 2021), elle est chargée d’améliorer les conditions d’élaboration et de commercialisation du vin, a un rôle d’influence sur la filière et de lobbying en dehors de celle-ci. Elle participe également à la production de savoir scientifiques sur la vigne et le vin. « C’est une opportunité rare, les organisations internationales sont quasi toutes à Paris, et ne se déconcentrent que très rarement en province. Nous espérons bien initier le mouvement », assume le maire de Dijon. Actuellement logée aux frais de la République 35 rue de Monceau, dans le 8e arrondissement parisien, l’OIV compte profiter de son centenaire pour déménager dans des locaux plus spacieux et pourquoi pas, donc, ailleurs en France.

Réponse le 12 juillet au plus tard

La décision s’élabore au sein d’un trio de ministères : l’Agriculture, bien sûr, mais aussi les Affaires Étrangères et Bercy, avec pour chapeauter tout ce beau monde, le président de la République en personne. Elle sera connue au plus tard le 12 juillet prochain, lors de l’assemblée générale de l’OIV. Mais, en coulisses, il se raconte que la candidature dijonnaise est très bien placée. Une délégation de l’institution a déjà visité l’hôtel Bouchu-d’Esterno, et s’est dite emballée par ce magnifique bâtiment offrant près de 2000 m2 de surface. Nos confrères des Échos estiment même l’affaire déjà pliée. « Si c’est le cas, je n’ai pas été prévenu », répond François Rebsamen qui fait donc comme s’il devait défendre une candidature, opposée à celles de Bordeaux et de Reims. « Dijon est le choix idéal, au sein du vignoble le plus prestigieux au monde, avec la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin, la labellisation Unesco. Et avec des synergies évidentes avec l’Université de Bourgogne et une offre immobilière d’exception, avantageuse financièrement. »

Pour appuyer le dossier, une forme d’union sacrée de dernière minute a été déclarée. Aubert de Villaine, co-gérant du domaine de la Romanée-Conti, estime que la Bourgogne est reconnue « comme modèle pour la viticulture de terroir, qui est l’une des bannières les plus importantes de la viticulture aujourd’hui ». Gilles de Larouzière, le président de l’association des Climats de Bourgogne et de la maison beaunoise Bouchard Père & Fils, se dit « frappé par la dynamique très fédératrice » autour de la candidature dijonnaise. Le président de l’Université de Bourgogne, Vincent Thomas, rappelle que « 150 chercheurs travaillent, au sein de l’UB, sur des problématiques qui intéressent l’OIV », tandis que Jocelyne Pérard, responsable de la chaire Unesco « Culture et traditions du vin » travaille déjà avec l’OIV.

Si Dijon semble tenir son rang, l’affaire peut encore réserver des surprises. Bordeaux et Reims ont candidaté sur le tard, mais font valoir elles aussi leurs qualités naturelles. Au final, la décision reviendra au président de la République, plutôt en bons termes avec l’actuel maire de Dijon. « Emmanuel Macron regarde de près notre candidature, c’est un vrai passionné de vin, avec modération et de qualité », glisse François Rebsamen.