Elisabeth Vincent née Pinot, présidente de… la Saint-Vincent

Il aurait fallu l’inventer: le comité d’organisation de la Saint-Vincent tournante à Vougeot et Gilly-lès-Cîteaux est présidé par Elisabeth Vincent née Pinot! Le hasard fait parfois bien les choses…

Par Philippe Léglise – Photos : Michel Joly
Extrait du dossier à paraître ce mercredi
dans le prochain Bourgogne Magazine

Elisabeth vincent

Elle n’est pas native de Gilly et encore moins de Vougeot. Elle n’est pas viticultrice ni fille de vignerons, même si elle a fait carrière dans une maison de vins de Nuits-Saint-Georges. Première femme à présider un comité d’organisation depuis la création de la nouvelle Saint-Vincent tournante en 1938 par les Chevaliers du Tastevin, elle semblait pourtant prédestinée à l’univers du vin de Bourgogne : épouse Vincent, elle est née… Pinot! Pour autant, ce n’est certainement pas ce qui l’a propulsée à la tête de cette lourde machine.

Bénévole au début de l’organisation, Elisabeth Vincent aurait aimé être trésorière de l’association. C’est pourquoi elle s’est rendue il y a un an à la réunion de mise en route qui devait élire les responsables de la manifestation. Alors que la présidence ressemblait à une patate chaude que personne ne voulait garder, un participant a suggéré: « Et pourquoi pas une femme? » Seule représentante de la gent féminine à la réunion, depuis, elle assume brillamment la difficile organisation d’une fête aussi lourde que concentrée dans le temps.

Car ne vous fiez pas à ce regard qui vous fixe avec une gentille délicatesse, ni à ce sourire enjôleur qui ne quitte guère son visage. Elisabeth 1ère, présidente de la 71ème Saint-Vincent tournante, cache en son sein (Vincent, évidemment) une volonté de fer, associée à l’autre « mamelle » de l’organisation, son mari Michel, qui préside la terrifiante commission Sécurité. Un avantage pour la présidente, puisqu’elle l’a sous la main, mais aussi une source de dissension pour ce couple de retraités en informatique, mariés depuis 42 ans.

Car depuis un an, attentions, repas, soirées, sorties, réflexions… tout ce qui était « juste » Vincent est devenu « Saint-Vincent ». Jusqu’à donner, sinon le tournis, du moins la tournante. « On a tenté de préserver nos vacances d’été, ça n’a pas fonctionné. On a ensuite essayé de sauver nos week-ends, mais ça ne marche guère mieux », admet-elle dans un demi-sourire en concluant: « On peut avoir deux à trois réunions par jour… chacun! »

Si Elisabeth Vincent a fait son apprentissage au fil des tracasseries administratives inhérentes à ce type de manifestation. Elle a rapidement pris la mesure d’un grand nombre de particularités. D’abord du fait que deux communes associées, ça ne se gère pas comme une seule, à moins de rapidement tomber dans le Clochemerle. « Pour chaque commission, là où il y avait un président de Vougeot, on a nommé un vice-président de Gilly-lès-Cîteaux et inversement », aime-t-elle à préciser. Et si la présidente délègue énormément, elle assiste quand même beaucoup aux réunions. Même si elle admet que « parfois, quand il y en a plusieurs à la fois, je me partage. Et souvent je m’y tais. Au début, je donnais mon avis comme bénévole, mais il était compris comme étant celui de la présidente et ça me gênait ».

Dans l’esprit des moines

La présidente s’est aussi vite rendu compte qu’en dehors des postes incontournables de dépenses (sécurité, achats de vins notamment), le budget de la fête se devait être hyper-serré pour tenir dans les prévisions. Elisabeth s’y tient. Chaque semaine, elle préside le comité de pilotage qui comprend les membres du bureau et les présidents des commissions, « dans l’esprit des moines de Cîteaux, pauvreté et travail », dit-elle en riant. Ici, pas de petites économies: « J’ai été impressionnée par la manière dont les décors ont été pensés et réalisés à partir de matériaux de récupération. »

Enfin, seuls deux vignerons participant activement aux préparatifs de la fête (un de Gilly-lès-Cîteaux et un autre de Flagey-Echezeaux, commune qui n’est pas dans l’organisation), il a fallu aller chercher des bénévoles hors de la filière viticole, les convaincre de l’intérêt de la manifestation, les rassembler pour les préparatifs, et plus encore pour le week-end de la fête.

A quelques jours des festivités, à l’heure où monte le stress, Elisabeth Vincent salue avec ferveur le travail de ces centaines de bénévoles qui « depuis un an donnent de leur temps et sacrifient une large part de leurs loisirs et de leur vie de famille. J’admire leur implication libre, volontaire et efficace, sans autre attente en retour que celui de réussir la fête, perpétuer la tradition et promouvoir la qualité de l’accueil bourguignon. »

C’est surtout ça l’esprit d’Elisabeth et de la Saint-Vincent réunis.