Ferme de JAnne : ces mains ont une forte tête

Ces Jeunes Agriculteurs ont les mains de la terre et une tête de chef d’entreprise, bien en phase avec notre époque. Démonstration sans langue de bois, en amont de la Ferme de JAnne, les 6 et 7 juin à Dijon, qui installera le monde agricole au cœur de la ville.

Par Geoffroy Morhain – Photos : Jean-Luc Petit
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Lucie Poillot

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32 ans, responsable du pôle Elevage sur la Ferme de JAnne, exploitante « polyculture et élevage » à Vandenesse-en-Auxois

Pour cette gamine toujours dans les pattes de son fermier de père, l’agriculture s’est imposée comme une évidence. Elle reprend l’exploitation familiale en 2008, avec une véritable passion pour la race charolaise – vaches et moutons mélangés – en héritage, et des cultures en extension: « Avoir plus de surface m’a permis d’avoir un salarié et de travailler de façon plus rationnelle. De nos jours, avec la mécanisation du travail en stabulation, la vidéosurveillance aussi, l’élevage est devenu un métier moins exigeant physiquement, mais qui nécessite quand même toujours beaucoup de présence, de soin, de patience. » A l’époque où la carte d’identité génétique remet en question l’œil sélectif de l’éleveur, Lucie conserve pourtant la main sur ses bêtes: « Désormais, on choisit un taureau sur catalogue et l’insémination artificielle devient la règle, mais les vêlages demeurent délicats, spécialement chez les vaches charolaises, et il faut être là. » En la matière, rien ne remplace la main experte ajoutée à la présence rassurante de notre éleveuse.

 

François-Xavier Lévêque

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29 ans, responsable du pôle Partenariat et président des JA 21, exploitant céréalier à Bressey-sur-Tille

Travaillant avec ses parents et son frère sur une exploitation orientée productions végétales (colza, blé, orge, moutarde, oignon, en partie irriguées), François-Xavier fait partie de ces « céréaliers » qu’on oppose souvent aux « petits paysans ». Si son exploitation de 450 hectares passe pour une grande sur le département, elle demeure bien loin des standards rencontrés en Australie lors d’un stage de 7 mois. Sur ces « grandes cultures », « les évolutions technologiques, comme la conduite automatisée des intrants ou les tracteurs autoguidés par GPS, nous facilitent la tâche, avec un plus grand confort de travail et la possibilité de travailler la nuit par exemple. » D’ici à dire que, l’hiver, les céréaliers n’ont rien d’autre à faire que partir à la chasse ou au ski… il y a un fossé que seules les mauvaises langues jalouses franchiront!

Etienne Briot

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33 ans, responsable du pôle Bénévoles sur la Ferme de JAnne, exploitant « polyculture et élevage » à Saint-Symphorien-sur-Saône

Fier de son métier, ce jeune père de deux enfants en a assez des clichés qui circulent dans la presse et les bistrots sur le compte des agriculteurs: « Bouffeur de primes, pollueur pas payeur, bourrin de bas étages… J’en passe et des meilleures. La Ferme de JAnne sera l’occasion de nous montrer tels qu’on est, natures, et même de rigoler de ces idées reçues avec le public », dit-il en faisant référence au spectacle créé spécialement par un metteur en scène et un comédien pour la manifestation dijonnaise. « J’assume mes grosses pognes de paysan, mais faire un boulot physique ne veut pas forcément dire être bête à manger du foin! De toute façon, on n’a pas le choix, le travail d’agriculteur demande de plus en plus de connaissances. Rien que pour savoir conduire un tracteur dernier cri, il faut Bac + 10 aujourd’hui !… » Etienne en sait quelque chose, lui qui dort peu et passe une partie de ses nuits sur son ordinateur en quête d’infos, de nouveautés technologiques ou de pistes de diversification…

Vivien Lévêque

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30 ans, responsable du pôle Budget sur la Ferme de JAnne, exploitant « polyculture et élevage » à Magny-lès-Aubigny (Val de Saône)

Associé à son père depuis le début de l’année, Vivien découvre les joies du chef d’exploitation: « La technologie a rendu le travail moins difficile, mais le temps dégagé est plus que compensé par une gestion économique de plus en plus complexe: la période faste de la Pac est derrière nous, il faut se lancer dans des emprunts à long terme sans aucune visibilité sur les prix de nos productions… » Heureusement, sur le terrain, ses activités d’élevage et de culture lui imposent des calendriers assez complémentaires, qui lui permettent de ne pas mettre les deux mains dans un même gant. Au final, notre exploitant s’en tire plutôt bien, même si « ramené à l’heure de travail, notre travail n’est pas bien payé. Mais quand on aime, on ne compte pas! »