Ringard le folklore? Demandez à Maëlle, Amélie et Stéphane ce qu’ils en pensent. Ils représentent la nouvelle génération qui va sans doute sauver nos identités de l’oubli. Les Fêtes de la vigne ont 70 ans cette année. Leur renouvellement spectaculaire symbolise ce phénomène de revival. Dijon-Beaune Mag a rencontré le “trad new generation”.
Par Michel Giraud
Photo: Michel Joly
Pour Dijon-Beaune Mag
“Non le folklore n’est pas ringard, oui il intéresse les jeunes!” Maëlle, Amélie et Stéphane ont à peine plus de 70 ans à eux trois. D’une seule voix, ces membres militants de deux des plus actifs groupes folkloriques dijonnais (le Cercle celtique Bellen Brug et La Bourguignonne) affirment leur attachement aux traditions et aux valeurs véhiculées par le folklore. Ce n’est donc pas un hasard si, au même moment, on annonce le renouveau des Fêtes de la vigne. Le phénomène revival autour des traditions est plus large qu’il n’y paraît.
“Au sein de Trad Culture, qui a repris en main l’événement, nous avons créé une commission Trad Jeunes“, revendique Stéphane, 11 ans de danse et d’engagement à La Bourguignonne. Une commission qui ambitionne de “dynamiser le festival et son image, montrer aux gens que les Fêtes de la vigne dans l’air du temps”. Et prend le pari “d’inscrire son action tout au long de l’année dans des opérations de promotion du folklore”.
On l’aura compris, la nouvelle génération des “folkeux” n’est pas là pour faire de la figuration. Elle veut casser cette réputation pas très flatteuse que traîne injustement son environnement. “Vieillissant, poussiéreux, barbant… On entend de tout, peste Amélie, 25 ans, alors on va montrer que les jeunes sont présents, qu’ils ont envie de s’emparer des traditions, de les transmettre, que la techno n’a pas le monopole de leur écoute!”
Maëlle, du haut de ses 22 ans de folklore breton, appuie la démonstration: “Nous devons être en mesure d’apporter quelque chose de moderne dans le folklore, pour le promouvoir, sans le renier. Le folklore n’est pas mort, c’est tout le contraire!” La preuve, Maëlle se souvient d’avoir abordé la danse bretonne dès l’âge de 3 ans. Avec l’exemple indéniable de ce particularisme qui habite les “fins de terre” françaises: “La musique celtique a su évoluer d’une manière différente des autres, portée par la forte identité bretonne, elle s’est modernisée, elle est extrêmement actuelle en même temps qu’elle peut être traditionnelle, dans le sens du respect de ses origines.”
Engagez-vous !
De fait, quand on mène un combat, il faut des troupes. Trad Jeunes recrute et sonde le vivier local, très vivant lui aussi. “Hasardez-vous le week-end dans les bals trad’ à Dijon, dans les ateliers, et vous verrez qu’il y a beaucoup de monde, et que la moyenne d’âge est très basse”, assure Amélie.
De là à s’engager, c’est une autre affaire: “Il y a aussi des jeunes dans les groupes folkloriques. Sans doute pas assez, mais ce constat vaut aussi pour les autres générations. De manière générale, les groupes ont du mal à recruter à tout âge. Intégrer un groupe folklorique, ça veut dire s’astreindre à des répétitions hebdomadaires, être disponible pour des spectacles. A leur décharge, les jeunes sont souvent étudiants et amenés à changer de ville, ce qui ne favorise pas leur engagement, comme dans tout le milieu associatif. Ce n’est pas propre à la jeunesse mais concerne la population de manière générale.”
Que dire alors du costume que certains mettent facilement au rayon des antiquités? D’autant plus dans une société régie par le paraître? “Le costume est un frein, il n’est pas facile à porter devant les copains, on ne va pas le nier, sourit Stéphane, mais il faut aussi prendre conscience que nous devons à notre tour transmettre ce que nous ont légué nos parents, nos grands-parents, pour que perdure l’identité bourguignonne.”
Amélie, Maëlle et Stéphane ont donc décidé d’agir. Ils se sont emparés des réseaux sociaux, distribuant des tracts à tout va, avec la volonté d’être les porteurs d’une image nouvelle, surtout dynamique. “Nous allons accueillir à Dijon, près de 20 nations, des citoyens du monde, des jeunes, des moins jeunes, qu’il faudra accompagner, encadrer, argumente Stéphane. Ce sera un formidable rendez-vous d’échange entre les cultures du monde, fort en symboles, une fête, un moment d’évasion, un grand voyage, gratuit, à la maison. Rien que pour cela, la jeunesse dijonnaise a une belle occasion de s’ouvrir plus encore. C’est ça aussi le folklore.”