Grand Théâtre de Dijon : dans les coulisses d’un habillage monumental avec AVS

Sur la planète AVS Communication, la signalétique « monumentale » (c’est le cas de le dire) est une marque de fabrique. La preuve avec le Grand Théâtre, fraichement habillé aux couleurs de la nouvelle saison de l’Opéra de Dijon. Explications haut perchées avec Guillaume et Francis.

Le 15 mai dernier, Guillaume Desclerc et Francis Malou installaient des bâches grand format entre les colonnes du Grand Théâtre. © Antoine Martel

L’Opéra de Dijon a construit sa programmation 2023/2024 pour « célébrer la beauté ». Son directeur Dominique Pitoiset y tient beaucoup. Du 8 septembre au 29 juin prochains, chacun sera libre de découvrir le meilleur des œuvres lyriques, de vibrer au son des orchestres et au rythme des chorégraphies, de voyager au pays des contes… La proposition dijonnaise est de haut niveau. Elle porte la signature graphique du talentueux illustrateur italien Lorenzo Mattotti, que l’on retrouve depuis peu en format monumental sur la façade du Grand Théâtre. AVS est passé par là.

Le savoir-faire de l’entreprise dijonnaise n’est plus à démontrer. Elle assure tout de A à Z, de la conception technique à la fabrication jusqu’à la pose. Sa collaboration avec l’Opéra repose sur une relation de confiance historique : il y a dix ans, sur ces mêmes colonnes, elle entrelaçait déjà de larges rubans de tissus imprimés aux couleurs de la saison lyrique. Effet « wahou » garanti.

Sécurité avant tout

Le 15 mai dernier, le pro de la signalétique a donc remis ça avec un cahier des charges inédit : installer 7 panneaux en tissu (6,40 m de haut) entre les colonnes corinthiennes de près de 11 m et espacées d’1,90 m. Facile ? « Pas vraiment… Cela demande déjà un temps important de préparation technique, en termes de fixations, de matières et de supports », nuance Arthur Deballon. Le dirigeant d’AVS a confié cette mission de haute altitude à Guillaume Desclerc et Francis Malou.

Le premier est responsable technique depuis bientôt quatre ans. Son vécu de Compagnon du devoir puis dans la maintenance industrielle lui est particulièrement utile pour encadrer une telle opération. Le second fait partie des six poseurs internes à l’entreprise. Être ici a du sens pour Francis. Son papa était associé à l’aventure AVS.

Le chantier de la place du Théâtre commence déjà par la sécurisation d’une aire de travail. C’est la base quand on travaille sur l’espace public, avec ses badauds plus ou moins curieux et un camion-nacelle dans le paysage. La chute du moindre écrou peut avoir des conséquences. Ensuite, pour que ces panneaux soient fixés directement aux colonnes, il faut… percer des trous (et s’engager à les reboucher). Le mieux est de viser les jointures, car « on parle d’une façade inscrite aux Monuments historiques en 1975, notre métier nous confronte souvent aux autorisations légales avec les architectes des bâtiments de France ». Ces colonnes ont du vécu. La construction du Grand Théâtre s’est étalée de 1810 à 1828, sous les architectes dijonnais Simon Vallot mais surtout Jacques Cellerier, à qui l’on doit les dessins de l’Arc de Triomphe.

Une opération aussi technique cache beaucoup d’opérations invisibles. © Antoine Martel

« L’œil veut sa part »

Les fixations, elles, ne risquent pas de bouger : scellement chimique par injection, le même procédé que pour les pitons d’escalade. Méthodique, Guillaume suit un principe cartésien bien à lui pour s’assurer que tout ira bien : « Pas d’aventures ! » 

Le duo doit ensuite appréhender le portage du vent, se mettre d’accord sur la tension optimale et la lâcheté des sandows (les tendeurs qui fixent la bâche à son support) accrochés aux manilles, mobiliser sa science du laçage… Une affaire de consensus entre la commande de départ – le bon de livraison demeure le guide suprême – et les contraintes du terrain, aussi infimes soient-elles. Guillaume prend toujours du recul sur la réalisation en cours. Au-delà des cotes millimétrées, c’est aussi le rendu qui importe. « L’œil veut sa part », a l’habitude de dire le papa menuisier…

Le résultat dévoile le dessin de Lorenzo Mattotti pour promouvoir la nouvelle saison de l’Opéra de Dijon. © AVS

Opération upcycling ?

« On ne pose pas des petits autocollants », reprend le responsable, prenant à témoin ce double 4×3 réalisé pour le compte d’une agence immobilière, « six mètres de haut avec double jambage et une prise au vent énorme, qui exige le savoir d’un charpentier », ou bien la grande enseigne lumineuse de la Cité de la Gastronomie. D’autant qu’il faut composer avec les délais, encore et toujours eux, et habiller le même jour l’Auditorium aux couleurs de la nouvelle saison. Celui-ci sera d’ailleurs le seul écrin disponible pour l’Opéra de Dijon en 2024, car le Grand Théâtre fermera un an pour une seconde tranche de travaux.

Par sa situation centrale dans la cité et son gabarit, cette réalisation en impose. « Elle fait partie de nos chantiers emblématiques », assure-t-on chez AVS. Mais que deviennent ces bâches quand le rideau tombe ? Le spécialiste de la signalétique et du stand est justement en pleine remise en question RSE. Le recyclage de l’intégralité de ses supports rigides – 15 tonnes par an – est en ligne de mire. Pour les supports souples comme les bâches de l’Opéra, c’est plus compliqué. Et pourquoi pas une opération d’upcycling pour en faire des sacs ou des goodies en tout genre ? Ce serait de la « beauté collector »…