Musée des Beaux-Arts de Dijon : the place to be

Notre journaliste Arnaud Morel faisait partie des « happy few » qui ont pu découvrir en avant-première le musée des Beaux-Arts métamorphosé et l’exposition exceptionnelle de Yan Pei-Ming qui va marquer sa réouverture. Impressions.

Yan Pei-Ming le jour de la visite presse © Arnaud Morel

Textes et photos : Arnaud Morel 

Alors qu’une armée de petites mains s’affaire pour les derniers coups de peinture, les ultimes tours de vis et le nettoyage final, un aréopage de la presse nationale et régionale visitait cet après-midi le musée des Beaux-Arts de Dijon, qui rouvre entièrement ce vendredi 17 mai à 19 heures, après 10 ans de rénovation. Le peintre franco-chinois Yan Pei-Ming sera la grande vedette de l’événement, avec une exposition magistrale consacrée à son œuvre.

Tout sera prêt dans les temps

C’est toujours l’effervescence dans les salles et les couloirs du musée dijonnais. Une multitude de petits signes témoignent que l’activité fébrile de l’endroit perdurera jusqu’à la dernière minute. Pourtant, l’ambiance a changé, le stress des dernières semaines laissant place à un visible soulagement. « Tout sera prêt dans les temps », assure avec un sourire juste un peu crispé Sandrine Balan, la conservatrice en chef des collections du musée. François Rebsamen, le chef d’orchestre, ne se montrera que quelques instants, avant de repartir vers ses propres préparatifs.

Les salles sont presque toutes « finalisées à 99,99 % », poursuit la conservatrice tandis qu’elle joue les portiers de services pour la cohorte de journalistes. Dans la tour de Bar, une agent d’entretien nettoie le sol en tomettes, restauré fidèlement. « C’est une immense fierté de travailler ici. Et puis je vais vous dire, avant que vous n’arriviez, j’avais toutes les œuvres pour moi presque seule », glisse-t-elle avec une désarmante simplicité. L’harmonie qui se dégage des salles rénovées est indéniable. Le gris clair, le bleu pétrole profond, ou la couleur sang de bœuf viennent magnifier de manière idéale les toiles. La lumière pénètre partout, sans éblouir ni générer une trop grande brillance sur les toiles.

Les drames superbes de Ming  

Yan Pei-Ming prend les choses en main, secondé par le commissaire de son exposition intitulée « L’homme qui pleure », Franck Gautherot. Le tandem guide la presse vers les sept salles d’exposition provisoire consacrée au peintre. De nombreuses pièces ont été réalisées pour l’occasion, comme ce portrait de Xavier Douroux, le défunt cofondateur (avec Gautherot) du Consortium, ou cette série de portraits de la mère décédée de Ming. Trois huiles géantes ornent la salle des tombeaux des ducs, tandis que cinq aquarelles, peut-être plus saisissantes encore, prennent place dans l’exposition temporaire. Si le thème est grave – les drames personnels et les drames du monde – l’exposition demeure sidérante, en ce qu’elle révèle de la richesse du talent du peintre.  Une série de cinq toiles carrées attire notre attention : Donald Trump y côtoie Mohammed ben Salmane Al Saoud (le prince héritier d’Arabie Saoudite), Vladimir Poutine, Bachar el-Assad et Kim Jong-un. « Je commence une série intitulée Jeux de pouvoir, où je représenterais les hommes de pouvoir, les dictateurs, mais aussi les pouvoirs scientifiques ou économiques. C’est une série que je ferai toute ma vie, elle ne fait que commencer », explique le peintre. À une journaliste qui s’étonne qu’un portraitiste de renommée mondiale habite à Dijon, Ming glisse avec amusement : « Je suis un peintre régional d’ampleur mondialeEn fait, c’est grâce au Consortium que j’ai pu développer mon art à Dijon, sans eux ça aurait été impossible. » Logique, dès lors, que le portrait de Xavier Douroux – en garçon sage – clôture cette formidable exposition.