Rencontre sportive entre les adjoints de Dijon et Beaune

Claire Tomaselli côté Dijon, Thibaut Gloaguen côté Beaune. DBM a réuni les adjoints aux sports des deux premières villes de Côte-d’Or pour faire un point sur leurs actions respectives et leurs combats communs, en ce millésime 2024 exceptionnel. Au final, y’a match !

Thibaut Gloaguen et Claire Tomaselli, adjoints aux sports de Beaune et Dijon. © Antoine Martel

Ils ne se connaissaient pas vraiment. Tout juste ont-ils échangé pendant les épisodes de confinement pour coordonner le retour aux pratiques sportives. DBM avait donc plusieurs bonnes raisons de réunir Claire Tomaselli et Thibaut Gloaguen en cette année d’olympisme mondial et de Tour de France, sans user de comparaisons malvenues entre les deux cités. Pour l’occasion, la Dijonnaise joue à domicile. Fair-play, le Beaunois a fait le déplacement jusqu’au palais des ducs. Elle la basketteuse et lui le triahtlète partagent déjà la même vision de leur condition d’adjoint aux sports. « Un rôle de proximité, à distance de la chose purement politique, avec une place importante pour le bien commun. » Le terrain, encore le terrain !

Dijon et sa Team Sport

L’une comme l’autre ne ferment pas pour autant les yeux sur les enjeux à tiroirs de cet incroyable calendrier. La flamme passera par les deux villes le 12 juillet, quand Dijon aura le droit à du rab avec une arrivée d’étape du Tour de France quelques jours plus tôt, le 4 juillet. Le mondial de pétanque, « un phénomène dont je ne soupçonnais pas vraiment l’ampleur », se tiendra bien plus tard en décembre au Zénith.

Au sein de la municipalité dijonnaise, avec 12 millions d’euros, le sport fait partie du haut du panier en ce qui concerne les budgets de fonctionnement. La ville (hors métropole) héberge plus de 300 associations sportives. Soit 40 000 adhérents pour environ 155 000 habitants. Claire Tomaselli jongle donc entre la réalité d’une « ville incontestablement sportive » et les grands projets qui l’animent, avec notamment la refonte de la base nautique ou la création d’une maison du sport.

La création d’une Team Sport constituée d’une quarantaine d’athlètes, à qui la ville a dédié une enveloppe de 40 000 euros en lien avec l’Office municipal du sport (OMS), fait la fierté de l’élue. «  Nous avons un groupe WhatsApp très actif, chacun partage ses résultats et s’encourage », apprécie Claire Tomaselli, tout en veillant à l’équilibre de l’offre entre le haut niveau et le grand public. D’où le développement de la « pratique libre » pour les familles, « avec accès gratuit à des gymnases municipaux sans avoir à s’inscrire dans un club. »

Beaune, le muscle de l’agglo

La situation dans une ville de 20 000 habitants est un peu différente. Thibaut Gloaguen, en bon breton de Saint-Malo, aurait pu choisir la voile. Il a découvert les vertus de la course à pied et du triathlon. Sa ville d’adoption, découverte il y a une quinzaine d’années par le prisme du vin (tiens donc !), est justement rompue à la pratique, entre le mythique semi-marathon à la marge d’une Vente des vins mondialisée et les exploits de la team Rougeot Beaune Triathlon. Ça court vite et fort entre nos vignes.

Mais le vétérinaire de métier, encore admiratif de l’exploit de l’enfant du pays Léna Grandveau en finale du Mondial de hand, n’oublie pas les sports collectifs. Beaune intra-muros, c’est 58 associations pour un peu moins de 8 000 adhérents, dont 500 rien que pour le foot. Comptons aussi les 800 licences en sport scolaire, en coopération active avec l’Éducation nationale.

Mais le levier se situe plutôt au niveau de la communauté d’agglomération. Le service des sports est mutualisé avec Beaune Côte & Sud, pour un budget de fonctionnement global dépassant les 3 millions d’euros. Avec un plan d’investissement, mutualisé lui aussi, de 32 millions d’euros sur cinq ans. Ce plan comprend notamment la rénovation complète du stade nautique beaunois pour 2026, ainsi que la création de deux salles omnisports à Ladoix-Serrigny et Nolay. Cette vision commune a une raison logique. « 50% de nos sportifs ne viennent pas de Beaune. Notre politique s’inscrit sur un champ plus large, dans le but de désengorger nos équipements dont l’amplitude est déjà fixée de 7h à 23h », résume Thibaut Gloaguen, rêvant en secret d’un grand événement cycliste féminin dans sa ville.

Professionnaliser le bénévolat ?

Le sport est sous le feu des projecteurs en 2024. L’exemplarité sur le terrain de l’environnement est primordiale. « Nos équipements sportifs représentent 12% du patrimoine de la ville et plus de 20 % des émissions de CO2 », analyse Claire Tomaselli, satisfaite de voir que sa municipalité fait figure d’exemple national en matière de gestion centralisée du gardiennage, permettant un contrôle à distance générateur d’importantes économies.

Beaune est aussi en plein dans cette réflexion écoresponsable. Dans un tout autre registre, la capitale des vins de Bourgogne est touchée par une situation loin d’être unique : « 40 % de nos clubs ont changé de présidence suite à la crise sanitaire. » Lassitude ? Crise du bénévolat ? « Nous avons encore la chance d’avoir un fonctionnement collégial et un tissu associatif solide », tempère l’élu.

Sa consœur, elle, fait le constat de tous ces anciens, présidents de clubs ou bénévoles à la buvette, « qui voudraient bien passer le flambeau mais ne trouvent pas grand-monde, surtout quand les clubs sont déjà de petites PME qui mériteraient une implication à plein temps ». Vient alors l’éternelle question des financements, des tailles critiques des clubs et des paliers imposés par les différentes fédérations. Et toute l’ambigüité d’une question : fautil professionnaliser le bénévolat ?

Ce genre de problématique, comme d’autres, peut être partagée sur le plan national. L’Association nationale des élus en charge du sport (Andes), présidée par l’élu brestois Patrick Appéré, met en relation 8 000 communes et groupements de communes, dont Dijon. Cette structure fonctionne comme une sorte d’entraineur en chef. Claire Tomaselli loue « un super outil d’aide à la prise de décision ». On peut y débattre de tout. Doit on subventionner un club pro et si oui, dans quelles proportions ? À quelle fréquence vidanger les piscines municipales ? Comment faire face à la hausse des coûts des matériaux dans le cadre d’une éco-rénovation ? Sur quelle base fixer la température des salles ? Autant de questions pratiques auxquelles il convient d’apporter des réponses collectives. À Dijon, Beaune ou ailleurs, le match des adjoints se gagne ensemble. C’est aussi ça, l’esprit olympique !