Savigny-lès-Beaune, un village aux racines vigneronnes

À 5 km du centre de Beaune, niché entre premiers crus et Hautes-Côtes, c’est l’un des plus beaux villages de la côte viticole. Derrière son patrimoine et son cachet authentique, Savigny-lès-Beaune a su rester un véritable pôle de vie malgré sa proximité avec la capitale des vins de Bourgogne. Recouverte de forêt bien plus que de vignes, cette commune verte et active fait le bonheur de ses habitants autant que de ses visiteurs.

De gauche à droite : Stephen Maurice, Pierre Jhean et Malory Secula de la Cousinerie de Bourgogne ; Jérôme Jafflin et Octavio Bruno de la Foulée des vendanges ; Christophe Ledru, chef du 428, le restaurant de l’hôtel L’Ouvrée ; Marie et Christophe Pont du château de Savigny ; Arnaud Dubreuil, président du Syndicat viticole de Savigny-lès-Beaune ; Sylvain Jacob, maire de la commune. © Michel Joly / Bourgogne Magazine

Venant de l’A6, le visiteur aura le loisir de découvrir, en concentré et sans quitter la route, les différents visages de Savigny-lès-Beaune. À peine sorti du péage Beaune Nord, c’est la zone industrielle qui accueille l’automobiliste en territoire savignien, certes peu pittoresque pour le touriste, mais tellement signifiante pour une commune active ayant toujours voulu échapper à un destin de village-dortoir.

Savigny de bas en haut

Du travail ici, il y en a, et pas n’importe lequel. Parmi la quarantaine d’entreprises présentes dans la ZI, nombreuses sont celles qui travaillent avec le monde viticole, en lien avec l’ADN de Savigny. On y trouve notamment les sites de production de la maison Latour et du domaine Chanson, mais aussi les Verreries de Bourgogne, spécialiste de la bouteillerie et du verre à boire, ou encore l’imprimerie Jacquelin Frères, experte en étiquettes de vin. Juste à côté, Vectœur est un laboratoire d’analyse high-tech dédié à la préservation de la pureté, celle des vins à l’origine, traquant inlassablement la qualité de l’air, de l’eau et des matériaux en contact avec le vin (liège, bois, résine époxy…) afin d’éliminer les perturbations olfactives (la fameuse odeur de bouchon entre autres) et organoleptiques susceptibles d’interagir tout au long du procédé de vinification. Pointu !

Carte d’identité 
Membre de la Communauté d’agglomération Beaune Côte et Sud, Savigny-lès-Beaune se situe dans la partie nord de la Côte de Beaune à environ 4,5 km au nord-ouest de Beaune. Le village est installé au débouché de la combe de Bouilland, dominé par la montagne de Corton au nord et le mont Battois au sud. La commune est traversée par le Rhoin (appelé la Dore au-delà de Bouilland), sous-affluent de la Saône de 22,4 km qui se jette dans la Lauve à Ruffey-lès-Beaune. Elle comprend aussi les hameaux de Barboron, Chaume, Borey, Le Bas des Fontaines, Fontaine-Froide et Chenôve. L’autoroute A6, inaugurée en 1970 par Georges Pompidou sur l’aire de repos de Savigny-lès-Beaune, passe aux limites sud de commune.
• Superficie : 35,98 km2, dont environ 20 km2 de forêts 
• Altitude : min. 229 m, max. 577 m
• Population : environ 1 300 hab.
• Vignoble : environ 310 ha en rouge (dont 128 ha en premier cru) et 46 ha en blanc (dont 11 ha en premier cru)

Le village de Savigny, blotti entre vignes et forêt. On distingue trois éléments emblématiques du patrimoine local : les tours coniques du château (à droite), la façade bicolore du domaine Henri de Villamont (au centre) et le clocher roman en tuf de l’église Saint-Cassien. © Michel Joly / Bourgogne Magazine

Passé ce poumon économique, la D2 progresse à travers vignes en direction du village installé au débouché de la combe de Bouilland où la rivière du Rhoin, grossi par le ruisseau de la combe de Clavoillon, s’assagit à peine. La route se transforme alors en une rue étroite bordée de maisons vigneronnes cachées derrière leur porche. Bienvenue dans le vieux Savigny, son ambiance médiévale, son patrimoine architectural, ses effluves de chais… Nous y reviendrons. 

En attendant, la route départementale file en direction de Bouilland en suivant la vallée du Rhoin, entre jardins côté rivière et vignes côté montagne. Après le camping, le vignoble laisse progressivement place à la forêt et aux falaises, alors que la route grimpe vers les Hautes-Côtes à travers une nature de plus en plus sauvage. Encore un autre visage de Savigny, à mille lieux de l’autoroute et pourtant à moins de 10 km du péage.

Racines vigneronnes

Grande commune en superficie (environ 36 km2), plus vaste que sa prestigieuse voisine beaunoise, Savigny tire ses racines des vignes qui occupent une grande partie de ses basses pentes. Son histoire est intimement liée à la qualité de ses vins, qui ont suscité toutes les convoitises : au XIIIe siècle, l’évêque d’Autun y possédait déjà une parcelle, mais les ducs de Bourgogne, les sires de Vergy, l’abbaye de Cîteaux, les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, les carmélites et le chapitre de la collégiale de Beaune furent aussi propriétaires sur ce finage. De ce glorieux passé viticole, le village conserve un patrimoine historique et vernaculaire des plus intéressants. Au gré de ses ruelles, on croisera des joyaux de demeures bourgeoises aux allures d’hôtels particuliers, d’imposants domaines viticoles et de modestes maisons vigneronnes dans un dédales de porches sur cour et de venelles étroites. Mais aussi une église ancienne dédiée à Saint-Cassien recélant une superbe fresque murale du XVe siècle, trois lavoirs, un ancien four communal et de nombreuses cabottes traditionnelles cachées dans les vignes. Sans oublier le château, véritable locomotive touristique de la commune qui trône au cœur du village depuis 1340, dont la porte d’entrée (rue du Général Leclerc) porte la plus célèbre des inscriptions gravées du bourg (voir photo et encadré ci-dessous) : « Les vins de Savigny sont vins nourrissants, théologiques et morbifuges (ndlr, qui éloignent la maladie) ». Comprenez qu’ici, le vin alimente autant le corps que l’esprit !

© Michel Joly / Bourgogne Magazine

Sentences savigniennes
Disséminées à travers le village, une quinzaine d’inscriptions dites « à sentence », sortes de pensées philosophiques gravées entre le XIIe et le XIXe siècle, sont visibles sur les murs de la commune. Morceaux choisis :
• Dans la cour de La Cuverie de Cîteaux (maison d’hôtes, rue Paul Maldant) : « Si j’ai bonne souvenance, il y a cinq raisons de boire : l’arrivée d’un hôte, la soif présente, la future, sans oublier la qualité du vin, et toutes celles qu’il te plaira d’imaginer. » Comme toutes celles inscrites sur les dépendances du château, cette sentence a été commandée par Laurent de Migieu (1723-1788), marquis de Savigny, qui souhaitait sans doute ainsi laisser sa trace dans la pierre de façon durable. 
• Sur la façade du petit château (place Fournier) : « Six aunes de serge sont aussi longues que six aunes de velours. » Le serge était une étoffe de laine croisée moins luxueuse que le velours, et l’aune une unité de mesure équivalant à 4 pieds, soit un peu plus de 1,20 m. Peut importe l’étoffe pourvu qu’on soit couvert ! 
• 8 rue du Chanoine Donin (face au parc du château) : « Malgré les imposteurs, traitres et jaloux, l’homme patient viendra à bout de tout. » Signée par un certain C. Vesoux-Moine, qui avait eu maille à partir avec ses voisins, cette inscription de 1807 apparait comme une sorte de revanche philosophique à l’égard de ses détracteurs.
• 9 rue du Général Leclerc  (façade de maison) : « Heureux celui qui, loin des affaires, à l’instar des premiers mortels, cultive avec ses bœufs la terre de ses pères, exempt de tout souci. » Rédigée en latin, cette citation du poète Horace met en exergue les vertus d’une vie simple. Son comman-ditaire n’avait pas forcément conscience de la dureté du métier de paysan à son époque.

📚 Retrouvez le dossier complet sur Savigny-lès-Beaune dans Bourgogne Magazine n° 77, en vente en kiosque, par abonnement ou sur bourgognemagazine.com