Un tour en Haute-Marne : Langres et Diderot, inséparables

Langres n’en finit plus de rendre hommage à l’enfant du pays Diderot. Ses Rencontres Philosophiques (1er-10 octobre) auront pour thème la justice, à travers une programmation variée et accessible à tous. Raison de plus pour venir respirer l’air de Haute-Marne.

Il est là, partout, dans chaque recoin de la ville. Denis Diderot (1713-1784) est lié pour toujours à Langres. Le philosophe, écrivain et encyclopédiste des Lumières y a sa statue grand format réalisée par Bartholdi. Elle veille sur les 7 700 âmes de cette petite cité d’art et d’histoire, qui retrouve chaque année avec gourmandise ses Rencontres Philosophiques, initiées en 2011 sous Luc Chatel. L’ancien ministre de l’Éducation tenait beaucoup à installer un rendez-vous de cette nature dans son fief politique et sentimental. La Ville et l’association Forum Diderot-Langres en sont les co-organisateurs historiques, chaque année début octobre (Diderot est né le 5 du mois). Des thèmes forts (la religion, la nature, l’art, le temps, le langage…) ont ainsi été abordés avec le souci de ne pas seulement émouvoir les séminaristes sérieux.

« Rendre la philosophie populaire »

Spectacles, expos, visites, films et conférences sont donnés un peu partout sur le territoire langrois. Le ministère de l’Éducation applaudit des deux mains, au point d’intégrer continuellement l’événement dans son Plan national de formation (PNF) en direction des enseignants et inspecteurs de philosophie. L’an passé, malgré le contexte, on n’a jamais vu autant de représentants de l’enseignement. 

Du 1er au 10 octobre 2021, la justice est convoquée au centre des échanges. Intéressant. D’autant qu’il s’agit d’un millésime de transition, une nouvelle structure ad hoc portant le nom de l’événement ayant été créée – les bénévoles du Forum demeurent fidèles au poste – sous la présidence de Richard Chaudron, militant associatif de longue date. Cette édition aux statuts renouvelés aura donc plus que jamais le souci de « rendre la philosophie populaire », les organisateurs citant volontiers l’enfant du pays : « Si nous voulons que les philosophes marchent en avant, approchons le peuple du point où en sont les philosophes. » (De l’interprétation de la nature, 1753).

Pour petits et grands

Le programme de cette édition est passionnant à bien des égards. Pêle-mêle : des expos sur la représentation de la justice dans l’art (centre culturel Arteméum) ou sur l’icône Louise Michel (Bibliothèque Marcel-Arland) ; des échanges nourris par le juge Renaud Van Ruymbeke, figure de la lutte anticorruption ayant instruit les plus grandes affaires financières récentes (théâtre municipal) ; une table ronde sur l’équité territoriale, sujet hautement sensible de ce côté de la Marne, depuis la magnifique abbaye d’Auberive ; des ateliers pour les pitchounes prenant à témoin Robin des Bois (« Doit-on se faire justice soi-même ? », vraie question) animés par Brigitte Labbé (Centre social / M2K) ; un aperçu d’une BD éditée par l’excellent Philosophie magazine ; une visite de la ville par David Covelli (directeur du service Patrimoine), qui remontera aux XVIIe et XVIIIe siècles, à l’époque où Langres était tout simplement une capitale judiciaire faisant travailler environ 10 % de sa population, formant de fait une élite sociale (conseillers, avocats, juges, notaires) devenue rapidement élite politique…

Cette proposition a toutes les qualités pour décomplexer n’importe qui sur le sujet. Elle donne au passage un éclairage patrimonial inédit à ce bout de Haute-Marne, qui n’est après tout qu’à une heure de Dijon. Par ses gênes gourmands et historiques, on le sait, la cité de Diderot est la plus bourguignonne des villes du Grand Est. Les lecteurs de DBM y trouveront donc toutes les raisons de respirer l’air d’un pays encore plus cousin que voisin. À une époque où l’on vante les mérites du tourisme de proximité, ce ne sera que justice.


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