Ziem, Marey, Monge… ces Beaunois qui ont changé le monde

Jeudi 23 mars était inaugurée la nouvelle exposition du musée des Beaux-Arts de Beaune. Destins croisés, 300 ans de génie beaunois met en avant les locaux qui ont contribué au rayonnement de la capitale des vins de Bourgogne. Au-delà des célébrités mondiales comme le mathématicien Gaspard Monge, le physiologiste Etienne-Jules Marey ou le peintre Félix Ziem, on y rencontre des personnalités locales moins illustres, mais non moins intéressantes, ayant œuvré pour le développement de la ville. Suivez le guide…

Jusqu’au 27 août, le musée des Beaux-Arts de Beaune accueille l’exposition Destins croisés, 300 ans de génie beaunois. Le plus ancien des Beaunois ici représentés, l’abbé Gandelot (1714-1785), reste connu pour son Histoire de Beaune et de ses antiquités. Le plus récent, le philosophe Bruno Latour (1947-2022), est internationalement célébré pour ses travaux en sociologie des sciences et ses réflexions sur la crise écologique. Entre les deux, pas moins de 21 Beaunois d’origine ou d’adoption, principalement issus du XIXe siècle, donnent rendez-vous au visiteur pour faire plus ample connaissance.

Artistes, comédiennes, musiciens, inventeurs, agronomes, hommes politiques ou historiens, tous évoqués à la faveur d’une centaine d’objets et de nombreux documents provenant en bonne partie des collections municipales beaunoises. Une bonne occasion de montrer au public certaines pépites qui dorment parfois dans les réserves.

Portraits, œuvres et objets personnels

Dans la première salle dédiée au monde des arts, on tombe nez à nez avec le portrait au regard vert de Félix Ziem (1821-1911), premier peintre dont les œuvres sont entrées au Louvre de son vivant. Juste à côté, dans de voluptueux anciens cadres dorés, le génie de Ziem s’affiche à travers une série de toiles lumineuses, dont Lagune dans la Méditerranée, une marine offerte à la Ville de Beaune en 1883, en souvenir d’un grand banquet organisé en son honneur par les autorités municipales. Sur un écran, une animation vidéo permet de faire un merveilleux voyage dans l’intimité du peintre, grâce au feuilletage d’un de ses carnets de croquis ramené de Venise, entre encres, aquarelles et notes manuscrites.

C’est d’ailleurs là une des grandes qualités de cette exposition, qui donne corps à toutes ces personnalités à travers des objets personnels : lettres manuscrites, bulletins de naissance, livres anciens, photos de famille… Ainsi, on découvre avec émotion les statuettes ramenées par Gaspard Monge en souvenir de sa campagne d’Égypte, l’incroyable sphygmographe portatif inventé par Jules Marey (un instrument de mesure mécanique inspiré du sismographe permettant d’enregistrer le pouls et d’inscrire le tracé continu des ondées sanguines sur une bande de papier noirci à la fumée), ou encore l’écharpe en soie et hermine de l’université de Montréal portée par Bruno Latour.

D’Aubertin à Ziem

De l’érudit baron de Joursanvault (1748-1792) à l’entreprenant Edmond Fallot (1889-1962), qui relance la moutarderie éponyme entre-deux-guerres, en passant par le génial Louis Chevrolet (1878-1941), modeste réparateur de vélos à l’origine de la grande marque automobile américaine, les destins de ces Beaunois se croisent entre les différentes salles thématiques dédiés aux arts, aux sciences et techniques, à l’art de vivre, à l’histoire et au patrimoine.

Seul dommage, que la gent féminine ne soit pas plus représentée. Époque oblige, parmi les 23 personnalités mises à l’honneur dans l’exposition, seules trois sont du sexe alors qualifié de « faible », de plus dans des disciplines dites « mineures ». Il s’agit des comédiennes Marie Favart (1833-1908) et Marie Royer (1841-1873), et de Blanche Changarnier-Ronco (1900-1975), couturière-inventrice dont on peut voir les patrons de découpe et l’équerre de mesure qui lui valurent des médailles au concours Lépine. Une chose est certaine cependant, Beaune a pu compter sur ses grands hommes autant que sur les grands vins de Bourgogne pour rayonner sur toute la France et au-delà. Cela valait bien une exposition.


« Destins croisés, 300 ans de génie beaunois », jusqu’au 27 août 2023 au musée des Beaux-Arts de Beaune, tous les jours sauf le mardi et le 1er mai – 03.80.24.98.70 – www.beaune.fr