70 ans du Concours des Grands vins de France à Mâcon : une édition olympique !

Créé en 1954, le concours des grands vins de France de Mâcon demeure une référence dans la France viticole. Le salon des vins qui l’accompagne est lui aussi devenu incontournable. Le comité organisateur dirigé par Bernard Rey prépare une nouvelle édition (du 19 au 21 avril) fidèle aux valeurs de l’événement, avec la volonté de séduire un public encore plus jeune et plus international.

Le concours des grands vins de France de Mâcon et ses quelque 2000 dégustateurs (certains épinglent fièrement leurs breloques chaque année !) est une institution à Mâcon. © Jérôme Chabanne

Par David Bessenay

Ne vous fiez pas à son âge. Le concours des grands vins de France de Mâcon, 69 millésimes au compteur, est en forme olympique. Cette longévité en dit beaucoup sur l’engagement de plusieurs générations d’organisateurs passionnés, mus par le désir de valoriser les terroirs de France.

Mâcon, la valeur sûre

Si l’on ne battra pas le record d’échantillons (voir encadré), la faute à la faiblesse des volumes de certains millésimes et aux quelques incertitudes économiques qui planent sur la viticulture et l’économie en général, le concours de Mâcon fait toujours figure de référence dans le Landerneau viticole. Et s’il est de bon ton de dénigrer les médailles dans certains milieux, il n’en demeure pas moins que les concours comme celui-ci renvoient aux fondamentaux de la viticulture, et pour ainsi dire, aux origines de son succès : rigueur, qualité, promotion.

Malgré son âge avancé et ses valeurs chevillées au corps, le comité garde intacte sa volonté d’aller de l’avant, d’innover, d’être plus pointilleux encore jusqu’à servir une eau minérale neutre aux dégustateurs ! Ce professionnalisme est reconnu tant par les professionnels que les consommateurs. « Avoir une médaille à Mâcon reste un gage de retombées commerciales pour les structures viticoles », assure Charles Lamboley, président délégué du comité. Et malgré la proximité de Pâques, « il n’y a pas de médailles en chocolat ici ».

L’an passé, ils étaient un peu plus de 7 000 candidats au macaron. « Nous espérons plus cette année », glisse-t-il, un œil sur les inscriptions : des vins d’AOC mais aussi des IGP (Indication géographique protégée), sur les quatre derniers millésimes.  Car Mâcon n’est pas que le concours de la Bourgogne : en 2023, 24 % des échantillons venaient du Bordelais, 12 % de la vallée du Rhône, presque autant du Languedoc et « seulement » 8 % de Bourgogne. 

© Jérôme Chabanne

Vers l’international

Le concours s’est même ouvert pour la première fois aux vins de liqueur (type pineau des Charentes ou macvin), une volonté des organisateurs de couvrir toute la diversité viticole française. Française mais peut-être pas que… Le concours prépare en effet pour 2025 son ouverture à des vignobles européens, notamment les pays limitrophes, pour renforcer son rayonnement au-delà des frontières de l’Hexagone. 

En attendant la consécration internationale, ils seront environ 2 000 dégustateurs à mettre leur nez dans les échantillons cette année, de 15 à 20 nationalités différentes. Parmi eux, 60 % sont issus de la filière (producteurs, œnologues, sommeliers, restaurateurs), les autres sont des amateurs avertis à qui sont proposées des formations. « Car exprimer sur le papier les émotions que l’on ressent un dégustant un vin, ce n’est pas simple », assure Charles Lamboley. Le comité organisateur est ainsi ouvert aux nouveaux profils de dégustateurs, plus jeunes et plus féminins aussi.

Moulin-à-Vent, invité d’honneur

Placé sous le parrainage de Jean-Francis Pécresse, directeur de la rédaction des Echos, l’édition 2024 mettra à l’honneur un prestigieux voisin du Beaujolais : le cru Moulin-à-Vent. L’appellation célèbre cette année ses 100 ans. C’est en effet un jugement du tribunal de Mâcon du 17 avril 1924 qui a délimité l’aire du Moulin-à-Vent, aussi appelé « thorins » à l’époque. « À Mâcon, Moulin-à-Vent est dans son jardin », fait remarquer Charles Lamboley. Le cru, engagé dans une stratégie de montée en gamme, a fait une demande de reconnaissance de ses meilleurs terroirs en premiers crus auprès de l’Inao.

Deux dégustations commentées du cru sont proposées sur réservation : la première aura lieu le vendredi à 18 heures et consistera à faire découvrir 8 lieux-dits sur un même millésime (2018) pour montrer toute la diversité des sols et la seconde, le dimanche à 10h30 sera consacrée aux aux vieux millésimes en grand formats. 

En parallèle au concours, le Parc Expo Spot accueillera la 20e édition du salon des vins, avec plus de 120 appellations représentées sur 80 stands, une quinzaine de stands gastronomiques, des animations, des masterclass avec plusieurs experts à l’animation… Mâcon est donc en forme olympique, qu’on se le dise !

Le concours en chiffres

👉 1954 : année de création du concours par Maurice Labruyère, propriétaire viticole et entrepreneur, avec 68 échantillons.
👉 1 200 échantillons en 1970, 4 000 échantillons en 1975, 10 520 en 1989 (entrée au Guiness Book).
👉 520 m2 : c’est la surface de la cave du concours qui dispose de conditions hygrométriques et de température adaptées. Chaque échantillon est classé par région, couleur, millésime et est ensuite anonymisé.
👉 30 % des vins présentés, au maximum, repartent avec une médaille (or, argent ou bronze).
👉 2 000 dégustateurs de 15 à 20 nationalités différentes, dont 25 % sont des femmes.
👉 1 100 personnes formées à la dégustation depuis 2016 en France et en Suisse.