Château de Pommard: sous le charme de “Simone”

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Avec Jacky Rigaux, puis le couple Claude et Lydia Bourguignon, on est sûr d’avoir un avis d’expert à propos du domaine viticole du château de Pommard. On apprend ainsi que “Nadine” et “Simone” ont du terroir à revendre.

Par Dominique Bruillot – Photo : Clément Bonvalot

Face aux 20 hectares d’un seul tenant gérés par Emmanuel Sala, se pose la problématique de l’assemblage. C’est pourquoi le château de Pommard a fait appel à Claude et Lydia Bourguignon, reconnus dans le monde entier pour leur travail en profondeur sur les terroirs. Doit-on pour autant penser que ce genre de domaine atypique, comme ceux du Clos de Tart ou du Clos de la Maréchale, se résume à une approche à la bordelaise? “Oui, si on s’en réfère au manifeste, c’est d’un seul tenant, et on assemble des parcelles, rectifie Jacky Rigaux, mais dans le Bordelais, chaque cépage s’adapte à un faciès de sol particulier: le cabernet franc est bien dans les sables, le cabernet sauvignon est bien dans les argiles et le merlot est bien dans le calcaire.”

Le chantre de la dégustation géosensorielle rappelle qu’”en Bourgogne, on a une relative unité de terroirs, avec des sols argilo-calcaires. Les subtilités se font dans le sous-sol où il y a des différences importantes en termes de qualité d’argile et qualité de calcaire. Le pinot va jouer avec ces différences subtiles, et le vigneron va assembler ces parcelles.”

Dans le cas qui nous occupe, les parcelles du clos du Château de Pommard ont des petits noms sympathiques. Si Simone, est l’exception, Nadine est la rassembleuse. “Ça vaut le coup, parfois, de faire une cuvée spécifique de Simone, car cette parcelle contient des argiles exceptionnelles, comparable à celles du Richebourg par exemple, poursuit Jacky Rigaux. Certaines années, les fruits de Simone vont amener un plus à l’assemblage final et je pense que cela correspondra à la qualité des millésimes.” En résumé, à millésime exceptionnel, Simone exceptionnelle.

8 parcelles, 5 terroirs et 3 cuvées

appellation pommard

Notre consultant vins reconnaît s’être lancé dans l’aventure avec Maurice Giraud depuis que le travail de Claude et Lydia Bourguignon a permis de comprendre la subtilité de ce terroir. Ce couple de scientifiques, réunis sous le signe des prélèvements, ramène vite le constat à des considérations simples mais très encourageantes : “Au Clos de Tart, on a dénombré quatre sols différents sur 7 hectares ; cinq sur les 9 hectares du Clos de la Maréchale ; six sur les 20 hectares du château de Pommard.”

En profondeur, les prélèvements vont en général jusqu’à la roche, entre 50 et 70 cm. Ainsi, la parcelle Nadine serait un sol “presque trop riche, qui n’est pas à l’échelle, puisqu’à 80 cm de profondeur, on n’a pas trouvé la roche”. Pour que plongent les racines, il faut aussi que le calcaire soit fissuré. En la matière, la Bourgogne est bénie des dieux : “La Dordogne, pour ne citer qu’elle, poursuit Claude Bourguignon, a les mêmes étages géologiques que la Bourgogne sauf que, faute de fracture, elle ne fait pas des vins aussi fins et élégants. Cette fracture doit beaucoup à l’abaissement de la plaine de la Saône.”

Mais dites donc, Monsieur et Madame Bourguignon, vous qui portez si bien votre nom (qui est aussi celui de l’actrice Anémone, sœur de Claude), vous creusez encore des trous à table le soir? “Oui, comme le dit Maurice Giraud, on est ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an, depuis plus de 30 ans”, rétorque avec humour Lydia. Et ça, mesdames et messieurs, ça nous en bouche un coin.