Amiante dans le sol : le projet « Quai Moutarde » à Dijon suspendu

L’ancienne emprise Amora, quai Nicolas Rolin, devait faire l’objet d’un programme de 300 logements. Un carottage du sol en a décidé autrement. Le projet est stoppé pour une durée indéterminée. Aucun danger pour la population : l’air ne recèle aucune particule d’amiante, assure la mairie qui engage tout de même des travaux pour stabiliser le site.

François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon Métropole, a annoncé la découverte de résidus d’amiante dans le sol devant accueillir le projet immobilier « Quai Moutarde ». © Arnaud Morel

Coup d’arrêt pour le projet immobilier « Quai Moutarde », dont le lauréat, l’atelier d’architecture parisien Brenac+Gonzalez & Associés avait été désigné cet été. Le site de 22 000 m2 situé quai Nicolas Rolin, sur l’emprise de l’ancienne usine Amora, se révèle contaminé au niveau du sol par de l’amiante. « Les promoteurs ont réalisé cet été une centaine de carottages sur le site, dont une partie non négligeable s’est révélée contenir de l’amiante, jusqu’à des profondeurs de 3 mètres », a indiqué François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon Métropole.

L’amiante est très cancérogène quand elle est respirée, c’est donc logiquement que l’air du site a été analysé. « Il n’y a pas une fibre d’amiante dans l’air de la zone concernée. Il est bien enfoui, les Dijonnais peuvent être rassurés », a affirmé le maire. Il a cependant immédiatement demandé à la Société Publique Locale « Aménagement de l’Agglomération Dijonnaise » (SPLAAD), propriétaire du site, de stabiliser le terrain « dans les plus brefs délais ». Dans les prochaines semaines, un film géotextile sera posé sur les 22 000 m2, recouvert d’au moins 20 cm de terre végétale. Des travaux conséquents qui mobiliseront entre 200 000 et 300 000 euros.

L’amiante provenant du béton ?

Mais d’où vient cet amiante ? L’usine Amora a été démolie en 2010, après un diagnostic amiante. C’est une entreprise localisée aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône) qui s’est chargée de la démolition. Elle a depuis été liquidée. Environ 1 700 m3 de terre polluée ont été décaissés et enfouis dans le site dédié de Drambon. Le vide a ensuite été remblayé à l’aide de béton concassé, issus de la démolition de l’usine. « Le site a été inspecté par la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) le 29 avril 2010, et à la fin de la démolition, le 21 novembre 2011, nous avons reçu un courrier de l’Inspection des installations classées donnant validation pour usage sans réserve du terrain », détaille François Rebsamen.

La Ville et la SPLAAD s’estiment lésées et entendent « chercher les responsabilités » en sollicitant notamment le cabinet Huglo Lepage, spécialisé en droit de l’environnement. Il en ira certainement de même pour l’atelier d’architecture Brenac+Gonzalez & Associés qui a été désigné pour aménager ce Quai Moutarde au terme d’un dialogue compétitif d’un an et les promoteurs, Cogedim, Kaufman & Broad et Pitch Promotion. Le projet d’aménagement intégrait la construction de plusieurs bâtiments d’une dizaine d’étages, comptant environ 300 logements, dans un environnement paysager bordé par le canal de Bourgogne et l’Ouche. Ce projet est arrêté pour une durée indéterminée qui risque de se compter en années, voire être définitive.