Beaune à travers ses cuvées des Hospices : Guigone de Salins, l’épouse et la « dame de la tour »

La cinquantaine de cuvées du domaine des Hospices de Beaune raconte une histoire de la ville et de cet extraordinaire patrimoine viticole constitué au fil des donations. L’auteur et dégustateur Laurent Gotti, grand spécialiste du sujet, revient sur les plus emblématiques. Épisode 2 avec Guigone de Salins, cofondatrice des Hospices en 1443 avec son époux Nicolas Rolin.

Guigone de Salins laisse son empreinte sur le blason des Hospices avec une tour représentant l’emblème de sa famille. © Archives de Beaune

par Laurent Gotti,
avec Mathias Compagnon, archiviste à Beaune

Figure tutélaire des générations de sœurs hospitalières qui se sont succédé à l’Hôtel-Dieu jusqu’à la fermeture de son activité médicale en 1971, Guigone de Salins est l’incarnation féminine de l’institution beaunoise. Elle fait même jeu égal avec son mari Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, dans la mémoire collective. Sur le blason des Hospices (voir photo ci-dessus) cette empreinte se confirme : une tour à trois créneaux y tient une place de choix. C’est celle de la famille Salins, originaire du Piémont et dont une branche s’est enracinée en Franche-Comté (« Comté de Bourgogne » à l’époque).

On retrouve la figure de Guigone de Salins dans un grand nombre de livrets de célébrations, petits dessins, cartes, etc. dans les archives laissées par les sœurs des Hospices de Beaune. « Elle fut sur l’oreiller la conseillère spirituelle du chancelier. Très pieuse, elle se souciait du salut de l’âme de son mari et l’incitait activement à faire des œuvres charitables« , affirment les auteurs Marie-Thérèse Berthier et John-Thomas Sweeney.

Lorsqu’elle se marie, en 1423, Guigone n’avait pas encore 20 ans. De son côté, Nicolas était déjà dans sa 48e année. La jeune et noble comtoise est sa troisième femme (les deux précédentes étant décédées). Après la mort de son mari en 1462, Guigone passera beaucoup de temps à s’assurer de la bonne marche de l’œuvre. Elle disposait d’un bureau à l’étage de la grande galerie et logeait près de Notre-Dame de Beaune. Elle meurt à 82 ans, longévité exceptionnelle pour l’époque, en étant restée fidèle à la ville et à son Hôtel-Dieu.

Rien de plus naturel qu’une cuvée de beaune premier cru lui rende hommage tous les ans. Au domaine des Hospices de Beaune, ce vin est issu de trois climats : Les Bressandes, Les Seurey et Champs Pimont. C’est avant tout celui des Bressandes qui domine l’ensemble. Ce terroir est situé en plein coteau sur un sol léger et filtrant. La pente y est raide (c’est celui que l’aperçoit tout de suite à gauche de l’autoroute A6 en montant vers Paris) ! Les vignes donnent un vin d’une grande finesse. À chaque millésime, la cuvée figure parmi les vins les plus élégants de la gamme des Hospices de Beaune.

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