Clameur(s) : à Dijon, mets et mots au menu

Clameur(s) livrera sa 6e édition de rencontres littéraires du 15 au 17 juin. Le thème en fait saliver plus d’un : la littérature du goût. Katia Fondecave, l’une des coordinatrices de l’événement, explique l’intérêt d’une telle programmation dans le centre historique dijonnais, sur la base d’un fonds gourmand gargantuesque et d’invités de renom. À table !

Par Maud Mignotte
Pour Dijon-Beaune Mag #70
Photos : D.R, sauf mention contraire

Cinq ans que la Bibliothèque municipale, sous la bienveillance de la Ville, a créé Clameur(s). Le thème de cette année donne envie de fêter l’anniversaire autour d’un bon gâteau. « C’est un clin d’œil appuyé à la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin, confirme la coordinatrice de l’événement Katia Fondecave. Nous avons travaillé autour des mots pour dire les goûts et les saveurs. » Clameur(s) 2018 ressemble donc à un apéritif culturel avant que la grande table de la Cité soit dressée. Pourquoi pas ! Les touristes et les Dijonnais apprécieront sans doute cette autre lecture de notre patrimoine gourmand, sans doute plus fine et plus variée, pour changer des éléments de langage ressortis ça et là. C’est en tout cas le but de ce festival complètement inscrit dans notre paysage culturel. Ses thématiques sont concernantes à bien des égards. « Nous essayons de trouver des sujets en phase avec la vie de tous les jours », avance tout simplement Katia, bras droit de la directrice littéraire Marie-Hélène Fraïssé.

Le thème amoureux de l’an dernier l’aurait sans doute inspiré. Le dessinateur Fred Bernard, régional de l’étape, sera de la partie. C’est autour de ses Chroniques de la vigne et Chroniques de la fruitière qu’il rencontrera les lecteurs, à l’hôtel de Vogüé. Rendez-vous samedi 16 juin à 14h45 !

Thème fédérateur

L’art de bien manger, ou manger mieux, est justement au centre des préoccupations de notre société. « Nous parlerons des modes alternatifs de consommation, du savoir-faire artisanal, des traditions françaises, du plaisir des bonnes choses », énumère avec entrain la bibliothécaire, pour qui « la cuisine, sous toutes ses approches, est fédératrice. Elle traduit nos préférences, nos détestations, et sans doute un peu de notre personnalité ».
La trentaine d’auteurs invités ne seront donc pas à sec sur le sujet. Les différents débats, très prisés, seront à surveiller. « C’est toujours un moment fort du festival, une proximité s’installe entre les spectateurs et les auteurs, la qualité d’écoute est vraiment impressionnante », insiste Katia Fondecave qui sait déjà que les saines paroles de Jean-Luc Petitrenaud, lors d’une conférence inaugurale vendredi 15 juin à 18h45, seront bues par le public.
D’ailleurs, les festivités n’ont pas attendu les guest-stars pour commencer. Depuis début mars, Clameur(s) propose de multiples actions à la bibliothèque municipale en attendant le week-end de l’événement. Ce fil conducteur permet chaque année une hausse de la fréquentation (5000 personnes l’an dernier tout de même). « Notre public a une vraie appétence pour la littérature, sans pour autant être élitiste », apprécie l’intéressée, qui note au passage la présence accrue de familles et de jeunes adultes.

Jean-Luc Petitrenaud inaugurera ces rencontres dijonnaises autour du goût par une conférence prévue vendredi 15 juin à 18h45, et dont l’animation sera confiée à la directrice littéraire Marie-Hélène Fraïssé.

Les enfants aussi

Les enfants sont aussi invités. Frédéric Marais, auteur et illustrateur, animera une activité en rapport avec son album, Le goût des insectes. « Depuis mars, dix écoles ont travaillé sur l’importance des couleurs associées au goût et ont produit des soupes d’insectes à la manière d’Andy Wahrol et de ses boîtes Campbell. » L’exposition éphémère illustrera ce travail pédagogique, censé interpeller sur la nourriture de demain.
Outre les fameuses plaidoiries pour un polar le samedi après-midi place des Cordeliers, la journaliste Véronique Richez-Lerouge évoquera la situation périlleuse des savoir-faire à travers son livre Le Manifeste de bien manger, quand la reporter lyonnaise Catherine Simon célébrera les fameuses « mères » étoilées qui se sont imposées dans un milieu de vieux loups de mer. Le régional de l’étape Fred Bernard, partagera aussi ses anecdotes et souvenirs d’enfance autour de ses BD chroniquant vignes et fruitières, quand Philippe Toinard présentera les excellentes revues culinaires et vineuses 180°C et 12,5°C dont il est rédacteur en chef.
Pour compléter la recette, ajoutez à cela bien d’autres ingrédients, comme cette lecture culinaire intitulée « Ripaille ! » en co-programmation avec la Vapeur. « Un genre nouveau où se mêlent littérature, musique et gastronomie, un véritable moment de spectacle. » Bref, le thème est large et invite à picorer dans la programmation. Bon appétit ! 

Programme complet à retrouver sur www.clameurs.dijon.fr


Les gourmands disent…

À la marge du festival, l’exposition « Les gourmands disent » se déroule à la bibliothèque patrimoniale et d’études de Dijon jusqu’aux Journées du patrimoine, le 16 septembre. Rue de l’École de Droit, une soixantaine d’ouvrages thématiques sont exposés, mettant à l’honneur un incroyable fonds gourmand. Marie Jorrot, qui en a la charge, revient sur sa création : « La bibliothèque nationale a choisi Dijon pour abriter ce fonds créé en 1985, car la nature de la ville s’y prêtait avec la gastronomie et le vin. » Depuis, Dijon conserve précieusement un des plus grands fonds d’Europe comportant des livres, des menus, des œuvres et des sculptures : plus de 35 000 ouvrages sont ainsi regroupés ! Cela vaut le coup d’œil, et sans doute un bon coup de fourchette.

Un repas du jeune Gargantua, gravure de Gustave Doré,1851.